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Ukraine Avec la guerre, « nous n’avons pas d’intrants pour le moment »

Directeur financier d’une exploitation de grandes cultures et de fruits dans l’est de l’Ukraine, Serhii Ostapets subit de plein fouet les fermetures de débouchés et les difficultés d’approvisionnement engendrées par la guerre. Il témoigne.

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À 70 km à l’ouest de Donetsk, dans la région homonyme située au sud-est de l’Ukraine, la société Sady Donbassa LLC cultive blé, tournesol et orge sur 500 hectares et exploite 285 hectares de vergers, dont 250 de pommiers. Du fait de la guerre, ses récoltes pourraient être sévèrement réduites, raconte à La France Agricole son directeur financier, Serhii Ostapets, également confronté à la fermeture de ses marchés traditionnels.

 

L’exploitation agricole Sady Donbassa LLC est située au sud-est de l’Ukraine. © Google Maps

700 tonnes de pommes sur les bras

L’exploitation avait déjà fait les frais de la guerre de 2014 : la prise de contrôle de la région par les séparatistes avait bloqué ses ventes de fruits dans la région, et occasionné la destruction de son entrepôt de stockage de pommes près de l’aéroport de la ville. La société avait alors dû adapter sa stratégie de commercialisation. Depuis, les fruits sont exportés vers la République tchèque, la Biélorussie et certains pays du Moyen-Orient.

 

Mais cette nouvelle guerre a à nouveau bloqué ses circuits de vente : « Le marché bélarusse est inaccessible, les ports sont fermés », explique Serhii Ostapets. Et le marché national ne peut absorber de tels volumes, la demande ayant fortement diminué du fait des migrations. Ce sont donc 700 tonnes de pommes qui dorment dans les espaces de stockage réfrigéré de l’entreprise. « Et comment payer [les intrants] et les salaires des employés, si on ne peut pas vendre pour faire rentrer l’argent ? », s’interroge-t-il.

 

« Je connais des producteurs qui ont 6 000 tonnes en stock, ajoute-t-il. J’ai l’idée de vendre cette production aux Européens pour l’aide humanitaire. Ils aideraient ainsi les producteurs sans débouchés, et les réfugiés. »

Manque d’intrants et de main-d’œuvre

Dans les vergers, le travail continue, pour la taille notamment. « Les employés travaillent, et entendent le bruit de la guerre, décrit le directeur financier. Mais beaucoup de personnes sont forcées à quitter les lieux. […] Nous avons très peur de manquer de main-d’œuvre au moment des récoltes. »

 

Et pour récolter, encore faudrait-il pouvoir produire. « Pour le moment, nous n’avons ni produits phytosanitaires, ni engrais ni semences. Il y a des problèmes sur le gazole aussi. Et les fournisseurs requièrent maintenant un paiement comptant », s’inquiète-t-il, alors que la vente de ses récoltes lui permettant de dégager de la trésorerie est actuellement impossible. Les craintes d’une très mauvaise récolte, « tant pour les fruits que pour les céréales ou le tournesol », sont donc bien palpables.

 

À lire aussi : Ukraine, face à la guerre, un agriculteur lutte pour maintenir sa production (23/03/2022)

 

 

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