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Les bergers soumis à des conditions de travail « d’une rare violence »

Une bergère sur le plateau de Millevaches. (Photo d'illustration)

Le syndicat de salariés CGT a publié pas moins de soixante exemples de conditions de travail « catastrophiques » des gardiens de troupeau réclamant d’urgence leurs améliorations.

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« Fausses fiches horaires » à signer obligatoirement, journées de 16 heures « sans interruption », contrats de travail « remis tard et qui ne correspondent pas à ce qui a été annoncé », logements « sans eau potable », absence de véhicule, multiples accidents, intimidations, humiliation par des éleveurs…

Voici une liste « non exhaustive » des conditions « d’une rare violence » imposées aux gardiens de troupeau que dénonce dans un communiqué le syndicat FNAF-CGT (fédération nationale agroalimentaire et forestière) le 24 octobre 2025.

Pas d’accord spécifique

Les gardiens de troupeaux, s’indignent, par le biais du syndicat de salariés, de l’absence d’accord spécifique pour ces salariés particuliers « dont les conditions de travail, d’emplois et d’accueil sont catastrophiques ». Ils dénoncent comme problèmes majeurs : la reconnaissance salariale ou plutôt son absence, quand « l’immense majorité des gardiens de troupeau sont payés au SMIC alors même qu’on est en autonomie » et « la question du temps de travail très très très loin d’être respectée », dénonce Lisa, gardienne de troupeau et membre du syndicat dans la région, interrogée par La France Agricole. Au total, la FNAF-CGT énumère près de soixante exemples de problématiques rencontrées par les gardiens de troupeaux.

Convention collective non appliquée

Bien qu’ils dépendent de la convention collective pour les salariés agricoles et les Cuma, « pour nous [gardiens de troupeau], elle n’est pas appliquée », déplore Lisa.

Le syndicat de travailleurs a rappelé qu’un accord national pour améliorer les conditions de travail des bergers était en bonne voie… Jusqu’à ce mois-ci : « Annulation pure et simple des négociations. » S’indigne le syndicat. La cause avancée par la FNAF-CGT ? Un tract diffusé aux assises du pastoralisme qui faisait état des problématiques rencontrées par les bergers dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui n’aurait pas plu à la FNSEA.

De son côté, le syndicat patronal assure qu’il n’arrête pas « toutes les négociations », explique Jérôme Volle, vice-président du syndicat en charge de l’emploi, mais seulement celle sur la question de la rémunération et du temps de travail. « Il faut formuler des demandes appropriées à la situation économique des exploitations », ajoute le viticulteur. Pour lui, un autre problème réside dans l’extension de la dénomination « gardiens de troupeau » aux salariés travaillant proches ou sur l’exploitation. Ce point de discorde entre la FNSEA et la FNAF-CGT serait à l’origine de la suspension des négociations par la FNSEA. Les futures négociations devraient être chapeautées par le ministère de l’Agriculture.

« Zone de non-droit »

La CGT formule trois revendications urgentes : abroger toutes les dispositions du Code rural qui dérogent au Code du travail, renforcer les contrôles des inspections du travail pour faire respecter les droits sociaux des salariés, avoir des accords en production agricole qui améliorent les droits des ouvriers agricoles. Pour la FNSEA, la FNAF-CGT « demandait plus que [des dispositions du] code du travail ».

« Nous avions établi un cahier revendicatif sur les gardiens de troupeau en faisant état de nos conditions de travail. Dans les faits, nous nous sommes rendu compte que le Code du travail y répondait déjà », assure de son côté Lisa « Mais on est face à une zone de non droit de l’agriculture », estime la gardienne de troupeau.

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