« Se former aux relations humaines ne doit pas être une option »
Réunis en congrès annuel, les membres de Gaec et Sociétés ont appelé à davantage former en ressources humaines les agriculteurs qui sont en société pour pacifier les relations de travail.
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Besoin de vacances, meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, baisse des astreintes… Dans les prochaines années, « l’agriculture passera forcément par une agriculture collective », soutient Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA à l’occasion du congrès annuel de l’organisme Gaec et Sociétés à Sedan (Ardennes), le 28 juin 2024. Et pourtant, qui n’a pas entendu des histoires de voisinage dans lesquelles la mise en commun des outils ne s’est pas bien passée ? Un constat émerge : pour les jeunes qui vont s’installer, « la société fait peur », assure le vice-président du syndicalisme majoritaire.
Formation obligatoire à l’installation
Le département des Ardennes est moteur dans cette prise de conscience du besoin d’accompagnement aux relations humaines. Depuis 2009, la chambre d’agriculture des Ardennes travaille avec des accompagnateurs humains pour sensibiliser aux relations humaines dans les exploitations.
« Le plus compliqué, c’est d’inciter les gens à y aller, que ce soit le jeune ou le futur associé », observait Romain Soudant, vice-président de Jeunes Agriculteurs Ardennes. Contrairement à des formations techniques, il reste difficile pour certains agriculteurs de voir l’intérêt d’une formation aux ressources humaines.
« Ne pas attendre avant de consulter »
Et pourtant, si la formation n’empêche pas les désaccords dans les sociétés agricoles, elle permet de désamorcer plus tôt des désaccords irréconciliables. « Les agriculteurs qui ont suivi la formation ne vont pas attendre pour nous consulter si ça se passe mal », glisse Gilbert Godet, accompagnateur aux relations humaines, témoin de situations parfois très conflictuelles.
« Quand on entre dans un Gaec, faire une formation aux ressources humaines ne doit pas être une option », assure Luc Smessaert, pour qui « investir dans l’humain » doit désormais être une priorité avec ses salariés et ses associés. Par exemple, « il faut absolument savoir prendre une heure le lundi pour planifier sa semaine ».
Les formations aux ressources humaines peuvent être financées par Vivea, ajoute Brigitte Troucelier, secrétaire générale de Gaec et Sociétés. Pour elle, elles ont leur intérêt aussi dans le cadre de la transmission d’une exploitation quand des projets de rupture sont portés par le repreneur par rapport à l’historique de l’exploitation. « Il faut apprendre au cédant à se détacher d’une exploitation agricole qui est aussi un patrimoine et au jeune à ne pas se laisser faire pour qu’il maintienne son projet. »
Manque de moyens
Reste que l’accompagnement humain mis en place dans certaines chambres d’agriculture fait face à de nombreux obstacles : manque de coordination, de formations, faibles moyens financiers « Quand les jeunes s’installent, si on leur parle de formation sur les relations humaines c’est la structure qui doit payer. Mais comment fait-on lorsque la structure a besoin économiquement du jeune pour se maintenir à flot ? » interroge une accompagnatrice humaine face à l’assemblée. Politiquement il y a quelque chose à faire ! »
Message reçu pour Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA : « L’humain sera au cœur des élections des chambres d’agriculture » le 31 janvier prochain. Lui qui reconnaît que, ces dernières années, le syndicat a « peut-être été un peu en retrait sur ces sujets ».
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