Login

« La pollution de l’eau aggrave la pénurie d’eau »

En analysant la disponibilité en eau propre, une étude montre que le nombre de sous-bassins confronté à une pénurie d'eau double, en conséquence de la pollution de l'eau.

Le nombre de bassins fluviaux souffrant de pénurie d’eau dans le monde pourrait tripler d’ici à 2050, suggère une étude qui a évalué la disponibilité de l’eau en tenant compte de sa pollution.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« La pollution de l’eau aggrave la pénurie d’eau dans plus de 2 000 sous-bassins dans le monde. » Ce sont les conclusions de plusieurs scientifiques dans une étude publiée dans la revue Nature Communications le 6 février 2024. Par conséquent, « 3 milliards de personnes de plus pourraient potentiellement être confrontées à une pénurie d’eau en 2050 ».

Constatant que les évaluations classiques sur le manque d’eau sont basées principalement sur des notions quantitatives de la disponibilité en eau, des chercheurs des Pays-Bas et de l’Allemagne ont réalisé une nouvelle évaluation. Celle-ci se concentre sur l’eau propre, prenant en compte à la fois la quantité et la qualité de l’eau, en se basant sur la pollution à l’azote (1).

Une étude jugée « essentielle pour une meilleure compréhension des futures zones sensibles de pénurie d’eau dans le monde, et contribuer à la formulation de politiques de gestion de l’eau efficaces ».

3 milliards de personnes supplémentaires pourraient souffrir de pénurie d’eau propre en 2050

« Nous constatons que la pénurie d’eau actuelle et future devient un problème beaucoup plus grave à l’échelle mondiale lorsque nous appliquons notre évaluation de la pénurie d’eau propre », révèle l’étude.

Lorsque sont pris en compte quantité et qualité de l’eau, le nombre de sous-bassins confronté à une grave pénurie d’eau double en 2010, passant de 984 sous-bassins à 2 517, soit un quart des sous-bassins mondiaux.

En 2050, ce chiffre « pourrait tripler », s’inquiètent les chercheurs. Dans le scénario le plus pessimiste, 3 061 sous-bassins pourraient être en situation de grave manque d’eau. Une donnée qui représente 40 millions de kilomètres carrés supplémentaires de bassins impactés et 3 milliards de personnes de plus.

La pollution azotée, cause majeur de la pénurie d’eau propre

La diminution de la qualité de l’eau est causée par l’augmentation et l’émergence de nouveaux polluants, dont l’azote. « Notre évaluation de la rareté de l’eau montre que la pollution des rivières par l’azote est une cause importante de la rareté de l’eau en 2010 et qu’elle continuera probablement d’en être la cause en 2050 », expliquent les chercheurs.

En cause, l’intensification de l’agriculture qui a conduit à des apports excessifs en azote dans les écosystèmes aquatiques, limitant « l’utilisation de l’eau en toute sécurité », et ainsi la disponibilité en eau propre.

Selon l’étude menée, de nombreux sous-bassins en Chine du Sud, en Europe centrale, en Amérique du Nord et en Afrique deviennent des zones sensibles de disponibilité en eau propre, en raison de leurs niveaux élevés de pollution par l’azote. Par exemple, les apports d’azote dans les cours d’eau en Inde et en Chine sont dus à la faible efficacité de l’utilisation de l’azote dans ces pays, tandis qu’en Europe et en Amérique du Nord, ils sont dus à la forte production agricole.

« Bien que l’efficacité de l’utilisation de l’azote se soit améliorée, la forte production alimentaire en Chine, en Inde, en Europe et en Amérique du Nord, due à la demande alimentaire, entraîne toujours des excédents élevés d’azote dans l’agriculture », précise l’étude.

Tenir compte de la qualité de l’eau dans les futures politiques

Devant ces conclusions, l’étude souligne « l’urgence de prendre en compte la qualité de l’eau dans les futures politiques de gestion de l’eau », afin de lutter contre la pollution et réduire l’impact des potentielles pénuries.

Des pénuries qui, dans le futur, toucheraient principalement la Chine, l’Inde, l’Europe, l’Amérique du Nord, et dans le scénario le plus pessimiste l’Afrique centrale, estime l’évaluation réalisée. Cependant, les causes des pénuries d’eau diffèrent d’une région à l’autre, ce qui constitue plusieurs défis à relever à la fois.

Outre la pénurie due à la pollution, la notion de quantité d’eau reste importante, et le changement climatique entraîne des changements de disponibilité en eau qui « restent un problème important », concluent les auteurs de l’étude.

(1) L’étude réalisée définit la « pénurie d’eau propre » comme la disponibilité d’eau de surface de qualité acceptable. L’évaluation porte sur plus de 10 000 sous-bassins dans le monde entier, sur la base de deux indicateurs : leurs débits fluviaux (quantité d’eau) et leurs niveaux de pollution par l’azote (qualité de l’eau).

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement