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Le blé russe tire les prix vers le bas sur le marché mondial

Les exportations de blé français ont bénéficié d’une certaine embellie à cet été parce que les Russes faisaient beaucoup de rétention.

Le retour de gros volumes de blé russe à l’exportation pèse sur les prix des céréales, sans pour autant favoriser de réelle reprise de la demande après de belles récoltes dans l’hémisphère Nord.

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De la Bourse de Chicago à Euronext, le prix du blé a continué de baisser ces derniers jours. Il s’affichait mercredi autour de 189 euros la tonne sur l’échéance de décembre la plus échangée d’Euronext. « Le prix du blé tendre est au plus bas depuis mars 2024. Il se replie », notamment sous la pression de l’arrivée sur le marché « de gros volumes de blé russe », note Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

Les exportations russes reprennent

« On avait bénéficié [en France] d’une certaine embellie à l’exportation cet été parce que les Russes faisaient beaucoup de rétention », attendant avant de vendre d’avoir une estimation fiable de leur récolte, explique Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage. Les nouvelles des plaines russes sont bonnes, plusieurs courtiers estimant la moisson à plus de 86 millions de tonnes cette année, avec un potentiel d’exportation d’environ 45 millions de tonnes.

« Les Russes reviennent sur le marché, font baisser les prix et nous coupent l’herbe sous le pied, raflant les contrats, notamment avec l’Égypte, la Turquie ou la Tunisie, constate Damien Vercambre. Le blé russe est aujourd’hui autour de 222 à 225 dollars la tonne, au plus bas depuis juillet, mais pourrait descendre jusqu’à 215 dollars, selon certains observateurs », ce qui permettrait de compenser la hausse en cours de la taxe à l’exportation en Russie.

Les grands importateurs ne sont pas aux achats

Pour Gautier Le Molgat, « ce qui plombe surtout les cours européens, c’est l’absence des grands importateurs ». Et notamment de la Chine, qui a acheté un bateau de blé australien en août et de l’orge français, mais est depuis absente sur le marché des céréales. Les exportations européennes restent en outre handicapées par la force de l’euro, rappelle le PDG d’Argus Media France, notant que la chute du gouvernement en France n’a « pas eu d’impact sur la parité euro-dollar ».

Sur le marché américain aussi, « les volumes d’échanges sont très légers », note Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Adviser. Aux États-Unis, les courtiers constatent aussi un ralentissement de la demande de blé. Les opérateurs attendent surtout le rapport mensuel dit « Wasde » du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur les stocks et la production, qui sera publié vendredi.

Récolte record de maïs toujours en vue

Ce rapport devrait confirmer une production américaine record de maïs (plus de 400 millions de tonnes), même si le volume global est légèrement revu en baisse. « Nous n’avons pas vraiment d’exportations dignes de ce nom en matière de soja, mais les choses se passent bien pour le maïs. La question est de savoir si cela va durer », pour Dewey Strickler.

Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial, il ne fait aucun doute que l’USDA « a gonflé les chiffres de la demande » en maïs fourrager aux États-Unis, alors que « la frontière avec le Mexique est fermée aux bovins provenant du nord du pays ».

Confusion sur une taxe ukrainienne

Du côté du soja, l’absence d’accord commercial entre Washington et Pékin, premier acheteur mondial de la graine oléagineuse, continue de peser sur les cours : le soja a clôturé en baisse mardi soir à 10,11 dollars le boisseau (environ 27 kg) à la Bourse de Chicago. « En général, on commence à voir des transactions se faire des États-Unis vers la Chine à la fin de septembre ou au début d'octobre », rappelle Dewey Strickler, mais « à l’heure actuelle, la Chine continue d’acheter du soja au Brésil ».

« Il est probable qu’ils [les acheteurs chinois] envisagent d’acheter du soja américain uniquement en cas de problèmes climatiques ou de pénurie de production en Amérique du Sud », estime-t-il.

En revanche, le colza, lui aussi utilisé pour la fabrication de biocarburants, a connu un léger rebond technique et s’échangeait mercredi à plus de 466 euros la tonne sur Euronext. Bien que fragilisé par la bonne récolte européenne et celle, prometteuse, de canola (colza OGM) au Canada, le cours profite de la confusion qui entoure la mise en place d’une taxe à l’exportation de 10 % en Ukraine. « On ne sait pas à partir de quand les volumes exportés seront taxés, ce qui incite les opérateurs à la prudence », explique Gautier Le Molgat.

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