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« Il manque 30 €/t au blé français », selon Argus Media

La situation est morose pour les producteurs de blé, avec des prix qui ne couvrent pas les coûts de production partout dans le monde.

Les cours actuels sont insuffisants pour couvrir les coûts de production. Ce constat est partagé par l’ensemble des pays producteurs de blé, qui évoluent tous sur le même marché mondial alourdi par les fondamentaux. Dans ce contexte, de nombreux agriculteurs attendent pour vendre leurs grains.

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Avec un coût de production chiffré à 200 €/t départ ferme en 2025, « nous estimons qu’il manque 30 €/t au prix actuel du blé tendre français pour couvrir les charges des agriculteurs », a présenté le 28 août 2025 Alexandre Willekens, analyste chez Argus Media, lors de la conférence de rentrée de l’organisation.

« Ces 30 €/t ont plus ou moins été perdus depuis janvier 2025 », a-t-il observé. Cela est d’abord dû au renforcement de l’euro par rapport au dollar, avec une parité passée de 1,04 à environ 1,16, soutenue par la politique commerciale de Donald Trump. Ramené en dollar, le prix du blé rendu Rouen n’a perdu « que » 15 $/t depuis janvier. En euro, la chute atteint quelque 40 €/t, comme l’a illustré le spécialiste.

« L’effet ciseaux est mondial »

Seconde explication à la déprime des cours, les disponibilités mondiales (production et stocks de début de campagne) « plutôt confortables » (lire l'encadré). Il n’y a ainsi « pas un seul endroit du monde, en blé comme en maïs, où les agriculteurs ne se plaignent pas de la rentabilité, excepté dans les pays où les prix sont garantis par l’État, a rapporté Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media. L’effet ciseaux est mondial, avec plus ou moins d’intensité. »

« C’est globalement ce qui va diriger les prix tout au long de la campagne, à savoir une bataille entre des fondamentaux assez lourds, et une rétention forte de la part des producteurs qui limite les disponibilités sur le court terme », a résumé Maxence Devillers. Reste également à voir dans quelle mesure la faiblesse des cours pourrait stimuler la demande.

Ces perspectives n’encouragent pas au développement des surfaces de blé tendre. Argus Media la projette en France inférieure à 4,8 millions d’hectares pour la récolte de 2026. Elle rebondirait sur un an du fait de l’automne pluvieux aux semis de 2024, mais confirmerait « la dynamique baissière de la sole tricolore depuis 2020 », a présenté Alexandre Willekens. « Selon nous, le colza et le tournesol, par exemple, sont plus rémunérateurs. C’est pourquoi nous n’imaginons pas un rebond de la sole de blé tendre phénoménal », a-t-il ajouté.

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