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Rebond des prix des blés, orges, maïs et colzas

Les prix des céréales rebondissent, alors que les estimations de productions se précisent dans l'hémisphère Nord.

Les prix des céréales rebondissent sur les marchés des grains, après être revenus sur leurs plus bas niveaux du printemps dernier.

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À l’heure où les dernières estimations de production se précisent dans l’hémisphère Nord, la dynamique des échanges sera à suivre de près au cours des prochains mois, malgré des volumes à exporter plus faibles en partance de l’Europe. Enfin, les lourdes productions de maïs et de soja attendues aux États-Unis, facteur de pression ces dernières semaines, restent à confirmer.

Le marché du blé retrouve des couleurs

Après une baisse de 28 €/t depuis le début du mois d’août, le marché du blé retrouve quelques couleurs cette semaine. Il reprend 7 €/t pour revenir juste au-dessus du seuil psychologique des 200 €/t, à 205 €/t en base juillet rendu Rouen.

Dans sa conférence de presse annuelle, Argus Media a confirmé la production française de 25,17 millions de tonnes en 2024, en baisse de 28 % par rapport à l’an passé, et au plus bas depuis 1983. Les volumes disponibles s’annoncent limités sur la nouvelle campagne et les exportations vers les pays tiers, hors Union européenne, sont estimées à seulement 4,1 millions de tonnes, loin des 10 millions de tonnes de l’an passé.

Ces faibles disponibilités à l’exportation ne devraient pas forcer l’origine hexagonale à prendre des parts de marché au début de la campagne. Pour l’heure, les flux se mettent progressivement en place du côté de la mer Noire, et notamment en Ukraine, où 3,8 millions de tonnes ont été exportées à cette date, soit 25 % de l’objectif de la campagne. Avec seulement 11 millions de tonnes de disponible exportable jusqu’à la fin de campagne, l’Ukraine pourrait sortir des radars en deuxième partie de campagne, laissant davantage de place aux origines russes et américaines.

Ailleurs dans le monde, les récoltes débutent au Canada, avec 13 % des surfaces de blé de printemps moissonnées dans l’État du Saskatchewan. L’organisme StatCan a publié son estimation de la production canadienne à 34,4 millions de tonnes, en hausse par rapport aux 32,9 millions de tonnes de l’an passé, mais en baisse par rapport aux attentes de 35,1 millions de tonnes.

Il sera ensuite intéressant de se tourner vers l’hémisphère Sud, notamment l’Australie et l’Argentine. Les conditions climatiques sont jusqu’à maintenant favorables en Australie et le récent retour des pluies rassure en Argentine. Pour l’heure, 44 % des surfaces argentines sont jugées en bonnes ou excellentes conditions, selon la Bourse de Buenos Aires, en hausse par rapport aux 31 % du début du mois d’août.

Rebond de l’orge fourragère après des plus bas en près de quatre ans

En tombant sous les 170 €/t rendu Rouen au tout début de la semaine, l’orge fourragère française était à son plus bas niveau de campagne. Il fallait remonter à septembre 2020 pour observer un niveau de prix similaire. Ce regain de compétitivité a stimulé un retour de l’intérêt acheteur, entraînant un rebond sur l’ensemble du complexe céréalier.

C’est ainsi que l’orge d’hiver en rendu Rouen a regagné près de 20 €/t sur la semaine, désormais à hauteur de 187 €/t. Cette hausse a aussi été soutenue par celle de la prime fourragère, passant de –30 à –25 €/t. Il faut dire que quelques cargaisons ont été vendues à la Chine. Toutefois, d’autres ventes à l’exportation seront nécessaires au cours des prochains mois, malgré la baisse des disponibilités exportables.

Et ce d’autant plus à l’heure où la demande chinoise pose question. En effet, l’État chinois souhaiterait limiter les achats d’orge et de sorgho au cours des prochains mois. À noter toutefois qu’hier, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) annonçait la vente exceptionnelle de 118 000 tonnes de sorgho américain.

Dans le même temps, les mauvaises récoltes ouest-européennes refont parler d’elles. D’un côté, la Commission européenne a réduit son estimation de production d’orge au sein de l’Union européenne (27 pays) à 51,3 millions de tonnes, contre 52,7 millions de tonnes le mois dernier. De l’autre, le ministère de l’Agriculture allemand estime la production d’orges fourragères de son pays à 8,8 millions de tonnes, en baisse de 8,2 % sur un an, et la production d’orges brassicoles à 1,97 million de tonnes, en hausse de 39,3 % sur un an en raison de la hausse des surfaces.

Au Canada, 31 % des surfaces sont désormais moissonnées dans le Saskatchewan. StatCan évalue la récolte à 7,47 millions de tonnes, en baisse par rapport aux 8,91 millions de tonnes de l’an passé. Si les premières coupes ont été décevantes, une révision à la hausse est envisageable après ces résultats issus d’une enquête de terrain réalisée pendant la vague de chaud de juillet. Dans ce contexte et alors que la récolte nord-européenne avance elle aussi, l’orge de printemps Fob Creil se replie sous les 240 €/t Fob Creil, une baisse de près de 20 €/t sur le mois.

Première estimation de production de canola au Canada

Aux abords de son support des 450 €/t depuis le début du mois d’août, la graine de colza Fob Moselle finit par rebondir après une longue période d’incertitudes. Pour commencer, les disponibilités de graines sont limitées en Europe pour la campagne à venir et le recours à des importations massives de plus de 6 millions de tonnes semble inévitable.

Or, malgré ce contexte, les importations en Europe sont limitées et inférieures à celles des précédentes campagnes depuis le début du mois de juillet. Pourtant, l’Ukraine enregistre bel et bien de son côté une bonne dynamique export de graines de colza sur cette période laissant supposer d’autres débouchés que l’Europe. Ainsi, l’importance des échanges avec le Canada, déjà attendus au cours de la campagne à venir à plus d’1 million de tonnes, pourrait se renforcer.

Concernant l’offre canadienne justement, StatCan a publié sa première estimation de production pour la campagne à venir. Celle-ci ressort en canola dans les attentes à 19,5 millions de tonnes et légèrement supérieure aux 19,2 millions de tonnes de 2023. Ce constat cache néanmoins une légère déception au regard du potentiel initial élevé qui s’est dégradé au cours de l’été en raison des vagues de chaleur et de la sécheresse. La récolte débute seulement dans les États du Centre et les retours de terrain seront à surveiller au cours des prochaines semaines.

Dans ce contexte, la graine de colza Fob Moselle gagne au cours de la semaine 17 €/t pour atteindre 467 €/t. Son écart de prix par rapport à la graine de canola de 60 $/t semble encore insuffisant pour permettre l’arrivée de nouveaux flux en provenance du Canada.

Stabilisation des tourteaux sur les niveaux de support

Les prix des tourteaux de soja reviennent tester la zone de support des 400 €/t depuis le début du mois d’août, en légère hausse hebdomadaire de 7 €/t à 407 €/t sur le spot délivré Montoir. Les récoltes de soja approchent aux États-Unis et la production record est désormais une certitude.

Les conditions climatiques favorables tout au long du cycle cultural permettent d’estimer un rendement moyen à 3,58 t/ha, bien au-dessus du précédent record de 3,48 t/ha en 2021. À cela s’ajoutent des surfaces en hausse de l’ordre de 3 % par rapport à l’an passé. La fin du cycle et le début des récoltes seront à suivre. La production américaine de soja pourrait s’approcher de 125 millions de tonnes, selon l’USDA, contre 112,5 millions de tonnes en moyenne sur cinq ans.

Pour autant, cette production est en grande partie intégrée par le marché et la demande se dynamise. L’activité de trituration reste importante depuis plusieurs mois et les exportations s’accélèrent sur la nouvelle campagne. Les flux devront se mettre en place. À ce sujet, les ventes à l’exportation s’affichaient au-dessus de 2,5 millions de tonnes la semaine dernière, avec notamment des ventes régulières annoncées à destination de la Chine.

Après avoir pris du retard ces derniers mois, le dynamisme des exportations sera à suivre dans les prochaines semaines et l’origine américaine reprend le pas sur le soja brésilien. À plus long terme, il sera intéressant de se tourner du côté du Brésil, grand exportateur mondial, où les semis commenceront d’ici à un mois. Les réserves hydriques restent faibles et le retour des pluies n’est pas attendu dans les prochaines semaines.

Enfin en Europe, la Fediol, association des triturateurs européens, a publié l’activité industrielle du mois de juillet. Les niveaux de trituration de colza et de tournesol restent très dynamiques en Europe, permettant de bonnes disponibilités de tourteaux. La parité entre l’euro et le dollar, qui se maintient proche de 1,11, est également favorable aux importateurs du Vieux continent.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : Progression des récoltes au Canada ; évolution des conditions de culture en Australie et rapport Abares le 2 septembre ; évolution de la demande mondiale, en particulier des importations chinoises ; rythme de trituration en Europe et aux États-Unis ; début des semis de soja au Brésil en septembre ; assouplissement de la parité euro/dollar après un plus haut depuis 13 mois ; tensions géopolitiques au Moyen-Orient.

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