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Les exportations de blé français rattrapent leur retard

FranceAgriMer a rehaussé de 150 000 tonnes ses prévisions d'exportations de blé tendre français vers les pays tiers sur la campagne de 2023-2024.

Elles devraient se rapprocher, en fin de campagne, des niveaux de l’année passée. Sur 2024-2025, la concurrence russe devrait s’atténuer.

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En blé tendre sur 2023-2024, « le cumul des exportations françaises depuis le début de la campagne (juillet) jusqu'au mois d'avril inclus commence à s’aligner sur celui de la campagne précédente », selon des données arrêtées au 3 juin, présentait le 12 juin 2024 Maria Gras, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer, lors de la conférence de presse mensuelle de l’organisation.

Pour rappel, la campagne de commercialisation de 2022-2023 s’était montrée atypique, avec une majorité des volumes français de blé tendre exportés dès la première moitié de campagne. 2023-2024 revient donc sur une répartition des ventes tricolores plus semblable aux dernières années, durant lesquelles le pays exportait surtout sur la deuxième partie de campagne, une fois les disponibilités en mer Noire épuisées, comme l’avait expliqué FranceAgriMer au début de 2024.

Cette dynamique permet à l’établissement public de rehausser de 150 000 tonnes ses prévisions d’exportations vers les pays tiers sur 2023-2024 par rapport à ses estimations du mois précédent. Ce qui les porte à 10,2 millions de tonnes (Mt), contre 10,15 Mt en 2022-2023 et 8,78 Mt en 2021-2022. Elle les abaisse en revanche vers l’Union européenne, de 70 000 tonnes. Les ventes y atteindraient ainsi 6,18 Mt, contre 6,39 Mt en 2022-2023 et 8,01 Mt en 2021-2022. Un repli à mettre en perspective avec le flux de grains ukrainiens vers le marché unique qui s’est nettement développé depuis le début du conflit.

Russie affaiblie

Alors qu’elle concurrence fortement les autres exportateurs dont la France sur 2023-2024, la Russie devrait voir son disponible exportable réduit en 2024-2025. Les conditions climatiques printanières (sécheresse, températures élevées et gel) ont conduit certaines organisations, dont l’USDA (ministère de l’Agriculture américain), à abaisser leurs prévisions de production. On parle de 80,7 Mt à 88 Mt, contre des estimations d’UkrAgroConsult de 94 Mt en avril. « Ce qui signifie que vraisemblablement, la prévision de 45 Mt d’exportations qui accompagnait ces 94 Mt aura peu de chances d’être atteinte. On peut donc penser que la Russie sera moins présente à l’exportation sur la prochaine campagne », analysait Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.

« Il reste toutefois très difficile, à ce stade, d’imaginer où se jouera précisément la concurrence en première partie de campagne, notamment du fait de la fermeture de certains marchés au blé russe », ajoutait l’expert. L’UE a acté la mise en place de droits de douane dissuasifs à partir du 1er juillet, et la Turquie, premier acheteur de blé russe, vient d’instaurer un embargo à l’importation de blé pour protéger son marché intérieur à la suite d'une récolte abondante, jusqu’à octobre. « D’ici là, même s’ils sont moindres, les volumes russes devront se reporter ailleurs. »

Stocks chinois

Au niveau mondial, selon les dernières estimations du CIC (Conseil international des céréales), le commerce du blé tendre devrait « significativement » se contracter, de 4,7 % sur un an, en 2024-2025. « Ceci est en lien avec une moindre demande de la Chine, qui réalise une récolte importante, et de l’UE », précisait Marc Zribi. Le stock de fin de campagne est néanmoins abaissé de 2,5 %. « Il reste relativement confortable, mais il est à nuancer car les stocks chinois représentent la moitié de ce total. Ceux des huit grands exportateurs de blé atteindraient en revanche leur plus bas niveau en douze ans », soulignait-il.

Dans ce contexte sur le mois écoulé, la moyenne des prix a largement progressé par rapport au mois précédent, entre 5 et 8 % selon les origines, avec près de 6 % pour la France. « Sur Euronext, après plusieurs semaines de hausse et un plus haut niveau le 27 mai à 269 €/t, niveau non atteint depuis mars 2023, les cours sont repartis à la baisse à la fin de la semaine dernière et lundi 10 juin, avant de monter hier, mardi 11 », résumait Clémence Lenoir, chargée d’études économiques des grandes cultures à FranceAgriMer.

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