Login

Les prix repartent à la baisse, blé en tête

L'abondance de l'offre russe sur les marchés contracte les cours du blé français.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La demande mondiale, toujours morose, prend une nouvelle fois le dessus sur les fondamentaux du marché. Les cours du blé baissent sous l’abondance de l’offre russe tandis que le maïs et le colza sont sous la pression des disponibilités en Amérique du Nord.

Les prix du blé perdent leur gain de la semaine précédente

Cette semaine, le blé tendre rendu Rouen a cédé du terrain (–7 €/t) pour s’établir à 228 €/t. Le blé rendu La Pallice a suivi la même tendance. Les gains de la semaine précédente ont ainsi été effacés. D’après les dernières données de la Commission européenne, les exportations françaises de blé vers les pays tiers sont toujours aussi faibles. Elles s’affichent à seulement 1,8 million de tonnes depuis le 1er juillet, contre 5 millions l’an dernier sur la même période. La concurrence de la Russie a été forte jusqu’à présent, même si ses exportations ont ralenti depuis le début du mois d’octobre, les agriculteurs russes semblant faire un peu de rétention. En conséquence, le blé Fob russe (à 12,5 % de protéines) a pris 5 $/t sur la semaine, pour s’afficher à 227,5 $/t. Il reste moins cher que le blé Fob Rouen (à 11,5 % de protéines) qui s’affiche à 249 $/t, le tout dans un contexte de demande mondiale atone. Les prix russes ont également pu trouver un peu de soutien grâce à un accord signé avec la Chine. Ce dernier fixe un objectif de 70 millions de tonnes d’exportations de matières premières agricoles russes vers la Chine sur douze ans. À titre de comparaison, la Russie n’exporte quasiment pas de blé vers la Chine actuellement.

L’origine française se fait également concurrencer par ses voisins polonais et roumains. Les prix sont également sous la pression des disponibilités en Ukraine. Le corridor maritime mis en place unilatéralement par l’Ukraine voit son activité croître au fil des semaines. À ce stade, les volumes restent limités mais pourraient finir par faire la différence. Enfin, le marché a vu dans le retour des pluies en Argentine et en Australie une amélioration possible des perspectives de récolte dans ces pays. Néanmoins, ces pluies arrivent bien tardivement. Concernant la prochaine récolte, les semis de blé étaient avancés à 54 % au 23 octobre en France. C’est une progression proche de la moyenne mais qui pourrait se voir ralentie par les pluies actuelles. En Ukraine et dans le sud-ouest de la Russie, les pluies sont revenues après une période très sèche. Alors qu’en Russie les semis de blé d’hiver sont presque terminés, en Ukraine ils n’étaient avancés qu’à 70 % en cette fin de mois. Malgré le retour récent des pluies, le temps très sec du mois d’octobre ne devrait pas avoir permis aux agriculteurs ukrainiens de remplir toutes leurs intentions de semis.

Baisse des prix du maïs outre-Atlantique

Les prix du maïs français ont évolué en ordre dispersé sur la semaine. Après avoir fluctué pendant plusieurs semaines sous les 200 €/t, le maïs Fob Rhin augmente de 15 €/t, à 208 €/t (base : juillet). Pendant ce temps, son homologue Fob Bordeaux baisse de 2,5 €/t pour s’afficher à 199 €/t (également en base juillet). En date du 23 octobre, les récoltes de maïs grain en France atteignent 85 % de la surface selon FranceAgriMer, contre 74 % en moyenne quinquennale. Après un début de cycle marqué par une croissance mitigée et une surface en baisse, les pluies estivales ont permis une nette amélioration du potentiel de production des maïs français. Selon Stratégie Grains, la production est par ailleurs estimée à 12,4 millions de tonnes (10,5 millions de tonnes en 2022). Cette origine reste par la même occasion une des moins chères du marché sur une base Fob Bordeaux à 213 $/t.

Outre-Atlantique, les prix accusent une baisse de 10 $/t sur la semaine pour les origines américaine et brésilienne. Par ailleurs, la bonne progression des récoltes aux États-Unis, avec 59 % de la surface récoltée au 22 octobre, ainsi que le retour des pluies au Brésil et en Argentine, ont contribué à tirer les prix vers le bas. En effet, les précipitations au Brésil et en Argentine sont les bienvenues après une période de sécheresse. Elles sont d’autant appréciées en Argentine qu’elles touchent les principales zones de production de maïs en cours d’emblavement. En Ukraine, les exportations via le nouveau corridor maritime prennent de l’ampleur, même si le niveau des exportations ukrainiennes est en retrait par rapport à l’année dernière, selon le ministère ukrainien de l’Agriculture. D’autre part, la sécurité de ce corridor maritime est compromise en raison des risques liés aux mines et autres avions militaires qui ont provoqué par ailleurs une suspension des exportations, selon certaines entreprises. Toutefois, ces informations ont été démenties par le ministre des Infrastructures ukrainien Oleksandr Kubrakov.

Baisse des cours du colza

Cette semaine, les cours du colza sur Euronext ont reculé d’environ 10 €/t sur les échéances de février et de mai 2024, s’établissant à respectivement 431 €/t et 441 €/t. Les disponibilités en colza restent importantes grâce à la récolte record engrangée en Ukraine et des productions dans l’Union européenne et au Canada qui se sont finalement avérées plus importantes que prévu. Cette semaine, la Commission européenne a revu à la hausse la production de colza européenne à 19,8 millions de tonnes. Au Canada, les récoltes sont à présent terminées. Les derniers rapports de culture pour les prairies canadiennes indiquent des rendements supérieurs aux rapports précédents. Ces données ont contribué à la baisse des cours du canola au Canada, et du colza en Europe.

Par ailleurs, les cours du canola ont également baissé dans le sillage des prix du soja. Pendant que la récolte aux États-Unis progresse bien, les récentes précipitations en Argentine et au Brésil ont légèrement amélioré les conditions de semis. Finalement, les cours du pétrole ont également pesé sur ceux du colza. En effet, contrairement aux attentes du marché, les stocks de brut aux États-Unis ont progressé cette semaine. De plus, alors que les craintes concernant l’intensification de la guerre entre Israël et le Hamas s’apaisent, des inquiétudes sur la croissance mondiale ressurgissent.

Les prix se maintiennent à un haut niveau pour le tourteau de soja

En France, le cours du tourteau de soja a peu évolué et s’affiche à 525 €/t, soit son plus haut niveau depuis le mois d’avril. Au début de la semaine, le cours a progressé, dans le sillage de la graine. En effet, la signature ce lundi de nouveaux accords, entre la Chine et les États-Unis, pour l’achat de plusieurs milliards de dollars de produits agricoles américains, principalement du soja, a contribué à soutenir les cours du complexe oléagineux. Par ailleurs, l’offre en tourteaux de soja reste limitée. Dans l’Union européenne, la trituration de soja sur la campagne de 2022-2023 a atteint son plus bas niveau sur ces cinq dernières années, réduisant les disponibilités. À l’échelle internationale, les incertitudes économiques et politiques qui planent en Argentine, à la veille des élections présidentielles du 19 novembre, incitent les agriculteurs à restreindre leurs ventes de soja. Cela ralentit l’activité industrielle dans le pays et en conséquence réduit l’offre en tourteaux de soja.

Cette hausse des prix a toutefois été gommée à la fin de la semaine, par les perspectives pluvieuses en Amérique latine. Après des semaines de sécheresse, l’Argentine a bénéficié de pluies généreuses durant le week-end. Des précipitations sont aussi attendues sur les prochaines semaines, dans les principaux bassins de production, en Argentine et au Brésil. Cela devrait recharger l’humidité des sols et favoriser l’implantation des semis. De plus, l’avancée rapide des récoltes aux États-Unis a aussi contribué à faire pression sur les cours du soja, et par ricochet sur celui du tourteau. Au 22 octobre 2023, 76 % des champs ont été récoltés, contre une moyenne quinquennale de 67 %.

À suivre : semis de blé, orge et colza en Europe et mer Noire, début des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), semis de soja et de maïs en Amérique du Sud, exportations de l’Ukraine et de la Russie, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement