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Nouveau repli des cours du blé, du maïs et du colza

Cette semaine, l'offre russe et une demande mondiale en berne ont tiré les prix du blé à la baisse.

Les cours ont enregistré une nouvelle baisse sur les marchés physiques cette semaine. Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Les prix du blé ont marqué une nouvelle baisse cette semaine, tirés vers le bas par une offre russe importante et une demande mondiale en berne. Les prix du colza reculent également, dans le sillage du soja américain, du canola canadien et des huiles végétales.

Les blés russes font pression sur les prix

Les prix des blés français ont encore baissé cette semaine. Les blés rendus Rouen et La Pallice ont perdu 19,5 €/t, à 225 €/t (base juillet). La semaine a été marquée par un achat de 360 000 tonnes de blé par l’Égypte, en majorité d’origine russe pour un prix de 264 $/t (242 €/t). En Fob, les blés russes (à 11,5 % de protéines) sont actuellement à 237,5 $/t, contre 251 $/t pour le blé Fob Rouen.

La forte compétitivité des blés russes s’est traduite par des exportations importantes sur le mois de juillet. Elles devraient s’élever à plus de 3,5 millions de tonnes, contre 2,2 millions de tonnes en juillet 2022. En outre, la récolte de blé russe continue, avec de très bons rendements rapportés dans les régions frontalières de l’Ukraine. Si la récolte russe ne devait pas atteindre le niveau exceptionnel de 2022, elle pourrait tout de même frôler les 86 millions de tonnes. La récolte et les exportations de blé russe occultent donc pour le moment plusieurs éléments haussiers.

Ainsi, les tensions sont toujours vives en mer Noire, avec encore des bombardements russes rapportés sur les ports ukrainiens du Danube. Ces ports sont normalement une alternative au corridor maritime non renouvelé. Les exportations ukrainiennes s’en trouvent perturbées avec des coûts de transport et d’assurance qui grimpent, faisant pression sur les prix de vente des agriculteurs ukrainiens. Ces derniers avaient déjà du mal à couvrir leurs coûts de production et la situation ne devrait pas s’améliorer, notamment dans la perspective des semis à l’automne prochain.

Dans le nord de l’Europe (Royaume-Uni et Scandinavie), la récolte de blé tendre peine à avancer en raison des pluies. Les craintes sont réelles quant aux risques de dégradation des rendements et de la qualité. Aussi, les conditions de croissance se dégradent encore pour les blés de printemps au Canada. Sur le marché à terme, le blé à l'échéance de septembre 2023 reprenait 4,25 €/t à la mi-séance ce vendredi 4 août. Les prix continuent de montrer une forte volatilité, tiraillés, d’une part ,entre une offre russe importante et une demande mondiale à la peine et, d’autre part, une tension géopolitique ainsi que des perspectives de récoltes amoindries ailleurs dans le monde.

Les prix du maïs chutent dans le sillage du marché brésilien

En une semaine, le maïs Fob Rhin a perdu 12 €/t, pour atteindre 227 €/t (base : juillet) tandis que le maïs Fob Bordeaux a perdu 9 €/t, à 232 €/t. Plusieurs éléments baissiers sont venus influencer le marché du maïs. D’une part, sans être exceptionnels, les potentiels de rendement s’annoncent plutôt bons en France. D’autre part, le prix des maïs brésiliens a fortement baissé (à 204 $/t Fob). La récolte progresse bien chez le géant sud-américain et s’annonce à un niveau record. Les exportations brésiliennes devraient être très fortes dans les semaines à venir. Aussi, les prix du maïs ont baissé, de concert avec ceux du blé.

Pourtant, plusieurs éléments haussiers sont à prendre en considération. Aux États-Unis, les conditions de croissance des maïs restent difficiles comme le reflètent les notations de l’USDA (ministère de l’Agriculture américain), qui indiquent seulement 55 % des surfaces comme étant dans un bon à excellent état (contre 61 % l’an dernier, année déjà difficile). En Europe, si les conditions de croissance sont bonnes en France, ce n’est pas le cas dans bon nombre de pays tels que la Bulgarie et la Roumanie, alors que la surface est en chute libre en Hongrie.

Enfin, les perturbations autour des exportations ukrainiennes sont particulièrement sensibles pour le marché du maïs. En effet, l’Ukraine a pu exporter en moyenne 2,8 millions de tonnes de maïs par mois lorsque le corridor maritime fonctionnait. Ce chiffre devrait diminuer en raison des tensions actuelles dans les ports ukrainiens. Or, l’Asie, et surtout l’Europe, vont avoir besoin d’importer des maïs ukrainiens. Il reste donc à voir comment les routes alternatives d’exportation vont se réactiver comme cela avait été le cas au printemps 2022, avant la mise en place du corridor maritime.

Nouvelle baisse des prix du colza

Les cours du colza ont marqué une nouvelle baisse d’une semaine sur l’autre. La graine française a reculé de 10 €/t, à 453 €/t rendu Rouen et à 460 €/t en Fob Moselle. Sur Euronext, le prix du colza cède également 10 €/t, à 460 €/t sur le contrat de novembre. Le marché du colza a subi notamment la pression de la tendance baissière des cours des graines oléagineuses concurrentes (canola et soja), ainsi que des huiles de palme et de tournesol.

Du côté du canola, les cours ont baissé fortement (-40 $/t en moyenne), malgré les mauvaises perspectives de la récolte canadienne. En raison de ses prix élevés, le canola canadien était en effet devenu peu attractif sur le marché mondial, ce qui entraîne un ralentissement de sa demande à l’exportation. Pour les huiles de palme et de tournesol, la baisse des cours est à mettre sur le compte de la faible demande chez les principaux importateurs. En Inde et en Chine, des stocks élevés de ces deux huiles ont été construits en anticipation d’une perturbation des flux d’huile de tournesol, au départ de la mer Noire. Cela laisse envisager un ralentissement des achats sur le mois d’août et tire les cours vers le bas.

Notons que la baisse des prix a été limitée par la remise en question des volumes de la production de colza à venir en Europe (excès de pluie) et au Canada (déficit hydrique). Les prix du colza ont même regagné du terrain à la fin de la semaine, dopés par le rebond du prix du pétrole, conséquence de la décision de l’Arabie Saoudite de prolonger d’un mois la réduction de sa production de pétrole d’un million de barils par jour. En outre, les prix ont progressé jeudi en réponse aux nouvelles attaques contre les infrastructures portuaires du Danube, remettant davantage en question les capacités d’exportation de l’Ukraine.

Mouvement baissier du tourteau de soja avec les pluies attendues dans le Midwest

Les prix mondiaux du tourteau de soja ont reculé cette semaine, dans le sillage de ceux de la fève. Sur le CBoT (Bourse de Chicago), le contrat sur décembre qui est le plus actif, a perdu 19 $/t. Le cours à Montoir de Bretagne a également suivi ce mouvement baissier, reculant de 19 €/t sur le rapproché.

Ce repli est à mettre en lien avec l’annonce de pluies abondantes dans le Midwest sur les deux premières semaines d’août. Ces précipitations, si elles se confirment, permettront de soulager le stress hydrique subi par les plantes de soja ces dernières semaines. En effet, les conditions de culture se sont de nouveau détériorées récemment. Au 30 juillet, seulement 52 % des champs étaient en état « bon à excellent », contre 54 % la semaine précédente et 60 % un an plus tôt.

Les sojas entrent désormais dans leur phase critique de floraison et de remplissage de gousses. L’arrivée de pluies et de températures plus fraîches dans les prochains jours pourrait permettre aux cultures de rattraper leur potentiel de rendement. Les évolutions des précipitations et des températures restent des facteurs de taille à surveiller. La baisse des prix a toutefois été atténuée par des ventes américaines à l’exportation dynamiques, notamment vers la Chine.

À suivre : récoltes en cours, météo en Amérique du Nord, en Europe et en mer Noire (céréales, tournesol, colza, soja), exportations de l’Ukraine et de la Russie, production d’huile de palme en Asie du Sud-Est, conjoncture économique mondiale (croissance, inflation), prix du pétrole, parité euro/dollar.

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