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Grippe aviaire La mise à l’abri des volailles toujours dans le collimateur

Le Modef et la Confédération paysanne fustigent les données scientifiques à l'origine de la mise à l'écart des volailles.

Face à l’épizootie de grippe aviaire, la Confédération paysanne et le Modef s’allient pour dénoncer la "malhonnêteté" des données scientifiques dans les décisions de mises à l’abri des volailles prises par le gouvernement face à la grippe aviaire.

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Dans un communiqué de presse conjoint du 9 décembre 2022, la Confédération paysanne et le Modef s’attaquent aux mesures de mises à l’abri des volailles pour limiter la propagation de l’influenza aviaire. Interrogés par La France Agricole, les syndicats fustigent le fondement scientifique des enquêtes épidémiologiques commandées par le gouvernement pour arrêter ses pistes d’évolution.

Des données "au minimum malhonnêtes"

Un audit biosécurité "totalement inadapté à l’élevage paysan", des chiffres "au minimum malhonnêtes", la Confédération paysanne et le Modef l’affirment : "L’Administration n’a pas donné aux scientifiques de l’Anses les moyens de disposer de données suffisantes pour tirer les conclusions de l’instauration de la mise à l’abri".

À titre d’exemple, Julien Mora, porte-parole national influenza aviaire du Modef, rapporte que le ministère de l’Agriculture recense "48 % d’élevages ayant un accès  en plein air touchés par le virus de la grippe aviaire. Or, le syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf) évoque plutôt 6 % d’élevages ayant eu accès au parcours lors de l'épisode 2021-2022. Sur les 48 %, il y a des élevages qui avaient simplement accès à un jardin d'hiver et qui n'est donc pas un parcours protégé."

Et Denis Perreau, secrétaire national en charge de l’élevage à la Confédération paysanne, de confirmer : "Il y a de gros doutes sur les données scientifiques de l'Anses. Pour le moment, il n’y a aucune donnée sur les élevages plein air car ils sont considérés comme anecdotiques. Alors sur quoi s'appuie-t-on pour prendre des décisions ?"

L’État agit « par facilité »

Selon les deux syndicats dans leur communiqué, les écarts ou les absences de données scientifiques s'expliquent par le fait que le gouvernement procède "par facilité". "L’État condamne les modèles d’élevage en plein air qui devraient être la norme, plutôt que d’agir sur les véritables causes et les vrais responsables de cette crise", écrivent-ils.

Au total, selon la Confédération paysanne et le Modef, "il n’existe toujours aucun fondement scientifique, ni à ces restrictions à l’activité de l’élevage en plein air, ni même à la claustration". D’autant plus que "l’Anses ne reconnaît dans ses rapports que le seul fait que les dindes et canards sont des animaux sensibles et donc sujets aux virus, plutôt que de tenir compte également de la taille des élevages", déplore encore Julien Mora.

Par ce communiqué de presse conjoint, les deux syndicats espèrent "un peu de compréhension et de souplesse dans la mise en place des arrêtés qui seront discutés sans eux à la fin de la semaine, précise Denis Perreau. Nous sommes d'ailleurs surpris que ni syndicats, ni éleveurs et ni consommateurs ne soient invités à la table des discussions pour parler de l'avenir de la volaille."

Une expérimentation à venir sur le plein air

Ce lundi 12 décembre 2022 au matin, les deux syndicats ont rencontré Hadrien Jaquet, conseiller en filières animales, santé et bien-être animal au cabinet du ministre de l’Agriculture, pour discuter "de diverses questions, dont celles posées dans le communiqué de presse".

Comme l’annoncent les syndicats contactés, une expérimentation sur le plein air débutera en janvier 2023 pour deux ans. Elle s’effectuera en coordination avec l’Anses, les principaux syndicats agricoles, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et les instituts techniques tels que l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab), l’institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi) ou encore le réseau national Civam. Cette expérimentation étudiera les alternatives mises en place par certains éleveurs à la claustration des volailles et des porcs.

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