L’économie locale tire profit des magasins de producteurs

Un euro dépensé dans un magasin de producteurs locaux entraîne une dépense de 2,8 euros dans un rayon de 80 kilomètres. C’est le résultat d’une étude menée par le réseau Trame et l’Inrae en décortiquant les circuits économiques autour de cinq magasins de producteurs dans la région du Luberon, à cheval sur le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence.

Entre 50 et 85 agriculteurs locaux par magasin

Chacun de ces magasins réunit entre 50 et 85 agriculteurs locaux. Leurs profils sont variés : entre 55 et 205 m² et entre 550 000 et 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires. Ces chiffres datent de 2019, soit avant l’engouement soudain lié au confinement.

Le montant du panier moyen est plus homogène : il oscille entre 23 et 30 euros. C’est cet argent, qui est déjà de l’économie locale, qui va servir de point de départ pour mesurer l’impact d’un magasin de producteurs dans l’économie locale.

Ce chiffre d’affaires sert à payer les producteurs, les salariés et les autres fournisseurs du magasin (électricité, eau, etc.). Une partie de cet argent part à son tour dans des achats locaux. L’étude applique la même logique à cet argent dépensé. Quelle part sert à faire des achats locaux ?

Achats locaux

L’étude s’arrête à ce niveau, parce que c’est déjà un gros travail d’investigation. Les sources utilisées sont les comptabilités des magasins, celles de 34 producteurs agricoles volontaires, ainsi que l’examen des relevés de comptes et d’un questionnaire auprès des salariés.

Les producteurs qui alimentent les magasins reçoivent 83 % de la redistribution à leur niveau. Ensuite, eux-mêmes achètent essentiellement à des petites ou moyennes entreprises locales, y compris aux coopératives.

Au final, les calculs montrent qu’un euro dépensé en magasin conduit à une dépense de 2 à 2,5 euros dans un rayon de 30 kilomètres autour du magasin.

Ce coefficient multiplicateur monte même à 2,8 euros pour un euro dépensé si on élargit le périmètre à 80 kilomètres autour du magasin.

« C’est un chiffre assez important parce qu’il s’approche du niveau maximal de 3. Les magasins de producteurs permettent donc de maintenir de la richesse au sein des territoires où ils sont implantés », concluent les auteurs.

Des emplois

Ensuite, l’étude s’interroge sur les emplois de proximité liés à la création des magasins locaux. Cette partie de l’enquête repose essentiellement sur les déclarations des producteurs.

Sur 61 répondants, 31 ont déclaré avoir embauché depuis leur adhésion au magasin de producteurs. Ils expliquent répondre ainsi à une augmentation des volumes vendus ou une diversification des produits proposés afin de plaire aux clients, ce qui entraîne une augmentation de la charge de travail. La nécessité d’assurer des permanences au magasin a aussi pesé dans la création de l’emploi.

Au final, c’est un équivalent de 33 équivalents temps plein (ETP) agricoles, dont une majorité de saisonniers, et 20 ETP non agricoles qui seraient liés aux magasins. À cela, s’ajoutent l'installation de sept exploitations que ces cinq magasins ont permis de finaliser dans le Luberon.