En blé dur, la production et la qualité pénalisées par la météo
Alors qu’au niveau mondial, la production de blé dur devrait dépasser la consommation, avec un probable effet baissier sur les prix, en Europe et notamment en France, la production comme la qualité s’annoncent moindres.
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« Au niveau mondial, le marché du blé dur devrait être plus équilibré en 2024-2025 que les campagnes précédentes, rappelle Yannick Carel, chargé d’études économiques chez Arvalis. Ces cinq dernières années, la consommation était en effet supérieure à la production, avec des tensions sur les stocks. Mais aujourd’hui, la production est estimée à 36 millions de tonnes (à peine à 32 millions de tonnes en 2023) pour une consommation à 34 millions de tonnes, soit un meilleur équilibre sur le marché. Cela s’explique en partie par des surfaces records presque partout dans le monde, et des niveaux de rendement en nette hausse comparé aux années précédentes. »
Hausse au Canada, aux États-Unis et en Turquie
Avec une sole record et des conditions de cultures actuellement bonnes, la production du Canada pourrait dépasser les 6 millions de tonnes (4 millions de tonnes en 2023). Et celle des États-Unis les 2,1 millions de tonnes (1,6 million de tonnes en 2023 et 1,5 million de tonnes de moyenne quinquennale).
« La Turquie, élément perturbateur du marché l’an dernier, risque de le rester. Avec des surfaces en hausse de 10 % par rapport à 2023 et un niveau de rendement plutôt bon, les prévisions sont autour de 4,6 millions de tonnes (4,3 millions de tonnes en 2023 et 3,2 millions de tonnes en moyenne). Le pays devrait donc être en mesure d’exporter 1,6 million de tonnes… Quoiqu’il sera peut-être moins agressif qu’en 2023 car l’office turc des céréales a, semble-t-il, mis en place des prix planchers à l’exportation », informe l’expert.
Les estimations de production en Russie sont de 1,3 million de tonnes, niveau proche de l’an dernier. « L’Union européenne a toutefois mis en place depuis peu une taxe de 148 €/t sur le blé dur russe. Le pays devrait donc être moins présent sur notre marché, et risque de s’intéresser davantage au nord de l’Afrique, poursuit-il. Tunisie, Maroc et Algérie devraient en effet péniblement arriver à 4 millions de tonnes de production (3,5 millions de tonnes en 2023, 5 millions de tonnes de moyenne). Le Maroc et l’Algérie devraient ainsi être encore très présents à l’importation. »
Union européenne à contresens
L’Europe est à contresens de la plupart des autres exportateurs mondiaux, avec une prévision autour de 7,1 millions de tonnes, le plus bas niveau depuis 1997. Cela s’explique par des baisses de surfaces en Italie (–44 000 ha) et en France (–3 000 ha), mais surtout par un problème de rendement, notamment en Italie (production de 3 millions de tonnes contre 3,8 millions de tonnes en moyenne).
« Avec à peine 233 000 ha, la sole française est en légère baisse sur un an mais accuse une forte tendance baissière des surfaces depuis trois, quatre ans. Et le rendement ne s’annonce pas extraordinaire non plus. Le Sud-Est a quasi terminé de récolter avec de bons rendements mais probablement des problèmes de protéine et de mitadin compte tenu de la pluie tombée au moment de la récolte. Sur les autres zones de production, c’est plus mitigé (moisson en cours dans le Sud-Ouest), voire négatif (Centre et surtout l’Ouest Océan qui débutent à peine). À la mi-juillet, la production française est ainsi prévue entre 1,1 et 1,2 million de tonnes (moyenne de 1,4 million de tonnes) », stipule Yannick Carel.
La filière du blé dur veut se redynamiser (05/06/2024)
Cours plus bas que l’an dernier
Et de constater : « Pourtant, il ne faudrait pas qu’on ait la triple peine, avec une baisse à la fois des rendements, de la qualité et des prix mondiaux. Ce serait très problématique pour la filière. Or les cours sont actuellement nettement plus bas — de 65 €/t — que l’an dernier à la même période en valeur absolue. De plus, l’écart entre blé dur et blé tendre n’est que de 90 €/t alors qu’en septembre il atteignait 140 €/t en faveur du blé dur. Il se rapproche du seuil des 70 €/t, en deçà duquel le blé dur a du mal à concurrencer le blé tendre dans les assolements. »
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