« Le sucre ukrainien est plus compétitif », analyse la CGB
Timothé Masson, du service économie de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), livre son analyse sur le marché du sucre et l’entrée en vigueur du nouvel accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine.
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« Depuis le 29 octobre, grâce au nouvel accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, 100 000 tonnes de sucre ukrainien peuvent entrer sans droits de douane dans l’espace communautaire, s’ajoutant aux quelque 2 millions de tonnes importées par l’Union européenne depuis d’autres pays tiers », expose Timothé Masson, économiste à la CGB (confédération générale des planteurs de betteraves).
« Le marché européen étant mature et les pays tiers plus compétitifs que nous, ces nouveaux contingents se traduiront par une baisse de la production en Europe, estime-t-il. Ils interviennent dans un contexte de marché mondial déprimé, avec des cours entre 14 et 15 cents par livre pour le sucre brut, contre environ 20 cents par livre il y a un an ».
Forte spéculation
« Pourquoi ces niveaux de prix ? Parce qu’à peu près toutes les grandes régions productrices de sucre ont profité cette année d’un climat favorable. On anticipe donc une campagne 2025-2026 en excédent. Il y a aussi énormément de spéculations sur le marché. Pourtant, les stocks mondiaux n’ont jamais été aussi bas depuis dix ans. Et au niveau de prix actuel, il est possible que certains opérateurs orientent davantage leur production vers l’éthanol, ce qui réduirait finalement les disponibilités de sucre. Enfin au Brésil, il est encore tôt pour projeter une production faramineuse. Le marché reste donc malgré tout dans une grande incertitude, et rien ne dit qu’il sera durablement aussi bas. La grande question étant de savoir si l’on est rentré dans un cycle baissier, ou si la situation est exagérée par la spéculation. Dans ce contexte, le marché européen, qui anticipe lui aussi une bonne campagne locale, dévisse également ».
« Pour rappel, le premier accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine a été appliqué en 2014. 20 000 tonnes de sucre ukrainien pouvaient alors entrer sur le territoire de l’Union européenne sans droits de douane, ajoute Timothé Masson. Pour permettre à l’Ukraine d’écouler sa production qu’elle ne pouvait plus envoyer sur ses marchés traditionnels – à l’est — après son entrée en guerre en 2022, l’Union européenne lui a ouvert ses frontières. Près d’un million de tonnes de sucre sont alors arrivées dans l’espace communautaire en deux ans. Avec environ 15 millions de tonnes produites par l’Union européenne et autant consommées, notre marché était déjà à l’équilibre avant la guerre. Ce sucre n’est donc pas entré chez nous parce que nous en avions besoin, mais parce qu’il était moins cher. Les stocks européens ont donc grimpé, et les prix ont été divisés par deux en l’espace de quelques mois. La situation s’est calmée avec des contingents mis en place pour limiter le phénomène, jusqu’au nouvel accord d’association du 29 octobre ».
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