Des associations exigent la vente de 100 produits sains à prix coûtant
Les associations Foodwatch, Familles rurales et le Secours catholique ont envoyé au gouvernement une liste de cent produits alimentaires bons pour la santé que la grande distribution devra vendre sans marge.
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Une personne sur trois déclare devoir sauter un repas par manque d’argent et 43 % affirment avoir déjà renoncé à acheter certains aliments, faute de moyens [1]. Et si ça changeait ? C’est ce que réclament les associations Foodwatch, Familles rurales et le Secours catholique depuis le 30 octobre 2025. Un mois plus tard, Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France, fait le point.
Nous exigeons du gouvernement qu’il contraigne légalement la grande distribution à vendre à prix coûtant au moins cent produits recommandés par le programme national nutrition santé (PNNS). Nous avons adressé notre demande dans une lettre ouverte à Roland Lescure, ministre de l’Économie, et Serge Papin, ministre du Commerce et du Pouvoir d’achat.
En parallèle, nous avons lancé une pétition pour inclure tout le monde et montrer au gouvernement que notre demande est collective. Les Français ont à cœur de participer aux décisions qui les impliquent. Ce vendredi 28 novembre à 14 heures, plus de 20 600 personnes ont signé la pétition.
C’est la suite de notre campagne menée depuis 2023, au plus fort de l’inflation. Nous militons pour rétablir le droit à une alimentation saine, choisie et durable, qui rémunère les agricultrices et les agriculteurs et qui soit accessible à tous. Aujourd’hui, 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Et à l’autre bout de la chaîne, il y a des millions de Français également en situation de précarité.
Au milieu, il y a la grande distribution (GMS). Pour redonner ce droit aux agriculteurs et aux consommateurs, il faut lever l’opacité sur les prix des aliments et en finir avec les marges abusives de la GMS sur des produits essentiels pour la santé et recommandés par le PNNS.
À l’origine, nous voulions diffuser cette campagne en janvier 2026. Nous avons obtenu plusieurs rendez-vous avec la grande distribution et le gouvernement depuis 2023 qui font avancer les choses.
Sauf que nous continuons de recevoir de nombreuses alertes d’associations sur la précarité. Alors quand on voit la teneur des discussions budgétaires et que rien n’est envisagé pour une alimentation saine, nous nous sommes dit que c’était le bon moment d’écrire au gouvernement pour passer à l’action.
Mais il faut le faire étape par étape pour être certain, in fine, d’obtenir gain de cause. Donc d’abord les produits sains et ensuite nous agirons pour les produits durables.
Il faut d’un côté que ce soit suffisamment ambitieux pour répondre aux besoins fondamentaux des consommateurs. Et de l’autre, que ça ne fasse pas peur à la grande distribution. Sur les milliers de produits qu’elle vend, cent cela ne représente rien.
Nous avons sélectionné cent aliments jugés sains par le PNNS, avec l’objectif de répondre aux besoins d’un maximum de Français. Nous proposons trente-sept fruits et légumes frais, surgelés ou en conserves, ainsi que des légumineuses. Dix-sept produits céréaliers comme des pâtes, de la farine ou du pain, ainsi que des œufs, des produits laitiers et du poisson sont aussi listés.
Et il y a une proportion significative d’aliments biologiques et de produits d’origine française.
Avec le seuil de revente à perte majoré de 10 % (SRP + 10) qui a déjà sa définition juridique depuis la loi Egalim 1 de 2018. Pas besoin d’aller chercher plus loin. L’idée est que les distributeurs ne perdent pas d’argent certes, mais qu’ils n’en gagnent pas non plus en réalisant des marges sur des produits sains. Qu’ils fassent leur marge sur d’autres produits moins bons pour la santé !
Ce qu’on explique au gouvernement est que notre proposition est clé en main. Tout existe déjà, il n’y a plus qu’à.
Nous luttons à leurs côtés. Nous faisons notamment partie du collectif Nourrir, qui rassemble des organisations paysannes et citoyennes. Concernant notre demande, il y a un point sur lequel nous ne lâcherons rien. Cette obligation de vente à prix coûtant ne doit en aucun cas avoir une incidence négative sur le prix d’achat des agricultrices et des agriculteurs.
Nous attendons un rendez-vous avec les deux ministres [de l'Economie et du Commerce]. Mais nous ne sommes pas inquiets sur leur réponse, nous savons qu’ils la prennent au sérieux et qu’ils sont en train d'en discuter avec la GMS.
[1] Données issues du rapport « Territoires ruraux : perceptions et réalités de vie face aux défis des transitions » réalisé par l’Ifop le 14 juin 2023 à la demande de Familles rurales le 14 juin 2023.
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