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Procès du Mans Prison avec sursis requise pour les animalistes

À l’issue de onze heures de procès, au Mans, le 28 janvier 2022, le procureur de la République a retenu le délit d’association de malfaiteurs et requis 2 à 12 mois de prison avec sursis à l’encontre des neuf antispécistes. Le jugement a été mis en délibéré au 31 mars 2022.

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Jusqu’au bout, ils ont nié avoir préparé leurs actes et appartenir à un collectif. La plupart ont réfuté l’ensemble des délits qui leur étaient reprochés : ils ont déclaré soit n’avoir rien fait, soit avoir agi seul ou « de manière spontanée à l’issue d’une soirée entre amis », a notamment déclaré l’un des neuf antispécistes qui comparaissaient ce 28 janvier 2022, au tribunal correctionnel du Mans.

 

Celle qui avait reconnu l’association de malfaiteurs lors de son audition, est également revenue sur ses aveux : « Je n’avais pas compris », a-t-elle insisté. Mais les prévenus n’ont trompé personne. Il faut dire qu’à quelques exceptions près, ils portaient tous le même tee-shirt et le même masque sanitaire à l’effigie d’Animal1st, un collectif créé à la fin de 2019 par Vincent Aubry, qui figurait dans les rangs des prévenus. Pour le procureur, ce dernier se tient « au centre de ce relationnel restreint ».

« Vous visez la déstabilisation des victimes »

Outre les atteintes à l’honneur et à la considération, ainsi que les dégradations et les détériorations, « il y a bien groupement et entente en vue de commettre ces actions », a-t-il ainsi mis en avant, avant de requérir 2 à 6 mois de prison avec sursis pour la plupart des prévenus, et 12 mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans pour Vincent Aubry, déjà condamné en novembre 2019 et mars 2021. Des amendes et, pour certains, l’obligation d’exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation ont également été demandées.

 

« Vous vous concertez, a ajouté le procureur de la République. Vous agissez en entraide pour réaliser des actes, avec lâcheté, sans les revendiquer. Puis s’ensuit une médiatisation haineuse qui devient la vitrine de votre collectif. Reconnaître les faits aurait été comme effectuer un pas vers la justice. J’aurais pu envisager des travaux d’intérêt général. Mais vous persistez dans l’incohérence et la dissimulation. Certes, vous avez le droit au silence, mais vous vous moquez de la justice. »

 

Et de conclure : « Vos actes ne sont pas seulement une opinion. Vous visez la déstabilisation des victimes. C’est une stratégie de déstabilisation et d’agression sur le plan intellectuel. On voit sur les photos des gens cagoulés qui agissent calmement, la nuit. Vous vous garantissez l’impunité dans une campagne non équipée de caméras. »

« Nous avons du mal à dormir »

La journée a été longue pour les 25 parties civiles, dont 14 agriculteurs venus réclamer justice à la suite d’actes commis sur leurs exploitations, de décembre 2019 à avril 2021. La présidente du tribunal correctionnel n’a accordé la parole qu’à deux d’entre eux et pour à peine trente secondes chacun, arguant d’un manque de temps. Les deux éleveurs ont souligné le traumatisme vécu par leur famille en raison de « la violence de l’acte ».

 

« Que dire à mon enfant de six ans quand il découvre ce tag d’assassin sur les murs ? », dira le premier. « La ferme, c’est la maison, ajoutera le second. Mon fils avait six ans à l’époque… Quand le chien aboie la nuit désormais, on se réveille tous, on a du mal à dormir. Ce sont des actes extrêmement violents pour les animaux, pour les éleveurs et leur famille. »

 

Leurs avocats ont enchaîné en insistant sur les préjudices moraux et matériels subis par leurs clients. Certains se sont étonnés. « Vous vous êtes trompés de cible, estimera notamment le défenseur d’un des Gaec. Mes clients sont des amoureux de la nature. »

 

« Ils portent tellement d’œillères qu’ils s’en sont pris à des Gaec qui font du lait bio, renchérira un autre. Ils opèrent sans distinction. » Tous se verront rétorquer : « Peu importe la production, nous sommes contre les élevages », diront à plusieurs reprises les activistes.

« La légalité de l’action ne m’intéresse pas »

Les neuf prévenus ont donc choisi de ne pas assumer la plupart de leurs actes, arguant soit d’être des « résistants de la justice » ou de ne pas vouloir s’exprimer devant « la justice spéciste ».

 

La présidente du tribunal s’est dite surprise par une telle attitude : « Je trouve étonnant qu’un militant n’assume pas ce qu’il fait. » […) « La légalité de l’action ne m’intéresse pas, répliquera l’un d’eux. Je m’intéresse à la moralité, et je m’oppose à la violence faite aux animaux. »

 

Seul le vol de sept agneaux sur une ferme de l’Eure suscitera leur intérêt et des aveux à leur façon. « Je confirme ma présence et avoir sauvé des vies », déclarera l’une. « Je revendique ma participation à la restitution de la liberté des sept « individus » agneaux. J’ai sauvé des vies », indiquera un autre.

 

Deux des agneaux ont été retrouvés dans des sites d’accueil pour animaux. La justice ignore si les cinq autres sont toujours en vie. Ils pourraient être morts, ils n’avaient en effet que 21 jours quand ils ont été volés, « alors qu’on les sevre à 90 jours », précisera l’éleveur.

« Les éleveurs sont nos adversaires politiques »

Si les tags de « Violeurs de vaches », « élevage esclavage », « Meurtrier », « Auschwitz n’a jamais fermé », etc. n’ont pas été reconnus pour la plupart, les messages ont été rapportés à nouveau au sein du tribunal par les prévenus qui muets sur les faits, ont en revanche continué leur propagande animaliste durant le procès.

 

Vincent Aubry, en tête, déclarera notamment : « Les éleveurs sont nos adversaires politiques. Nous sommes contre l’élevage ». Il reprochera également le « zèle » de la justice ainsi que la cellule Demeter à l’encontre des animalistes.

 

Leurs avocats ont plaidé la relaxe. La décision est attendue pour le 31 mars 2022.

 

À lire aussi : S’introduire sur une exploitation agricole reste puni par la loi (24/01/2022)

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