Résoudre la question des phytos et de qualité de l’eau
Dans certains cas en agriculture de conservation des sols (ACS), les risques de transferts par infiltration peuvent augmenter.
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Les couverts annuels, en agriculture de conservation des sols (ACS) comme en conventionnel, jouent un rôle indéniable dans la réduction des risques de lessivage des nitrates, avec un potentiel de l’ordre de 50 % (20 % en légumineuses pures). « Nous appelons à rester vigilant avec les couverts permanents car il est possible que les transferts y soient accrus dans certaines situations, selon les espèces implantées, la réussite de leur gestion et l’intensité de leur régulation », nuance Mathieu Marguerie, animateur du réseau national « semis sous couvert vivant » chez Arvalis.
Une question plus complexe
La question des produits phytosanitaires est plus complexe : « l’ACS a souvent été associé à un Phytobac, où les matières actives seraient naturellement dégradées par les micro-organismes », relate Martin Rollet, agronome chez Agroleague. En réalité, leur activité dépolluante est faible comparée aux quantités de produits appliqués.
« Certaines molécules ont besoin de bactérie(s) ou champignon(s) spécifiques pour les dégrader : il faut donc raisonner à la fois en biomasse mais aussi en diversité taxonomique », ajoute Lionel Alletto, chercheur à l'INRAE. Quant aux macropores (galeries de vers de terre, de racines), ils peuvent être source d’infiltration rapide, en particulier lorsqu’il pleut beaucoup (saturation temporaire de l’horizon). « Ces systèmes sont faits pour infiltrer et ils le font très bien. Mais dans certains cas, ils peuvent conduire à des transferts de polluants », résume le chercheur.
Dépendance aux herbicides
Comme ces facteurs de risque sont peu maîtrisables par l’agriculteur, la seule solution est selon lui de réduire les usages. Passé la transition, les insecticides, fongicides et régulateurs de croissance tendent à diminuer. « La dynamique de pousse au démarrage est certainement différente du conventionnel, suppose Paul Robert, agronome chez Novalis Terra. De plus, beaucoup d’agriculteurs optent pour le mélange variétal, ce qui peut aider pour les maladies ».
En revanche, les herbicides ne tendent pas à diminuer, alors que ces molécules sont souvent, en nombre et en quantité, les plus retrouvées dans l’eau. « Il faut travailler sur la recherche de variétés de couverts mieux adaptées, rapporte Thierry Gain, animateur technique à l’Apad. Les doses de glyphosate sont aujourd’hui raisonnables, mais nous commençons à observer des résistances de graminées ».
Faire des compromis
La réduction des herbicides en semis direct est possible mais elle implique un grand changement de l’assolement et les rotations. Certains experts pensent plutôt que les pratiques évolueront vis-à-vis de la posture du semis direct. « De plus en plus d’agriculteurs seraient prêts à retravailler un peu le sol. Mais est-ce qu’un travail du sol, ponctuel et peu profond, va impacter tout ce que l’agriculteur a construit ? Si oui, de beaucoup ? Nous tenterons de répondre à cette question dans le projet BAGHERRA », précise Lionel Alletto.
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