Consommation le marché des produits bio s’essouffle
Les ménages français, s’ils sont attirés par les produits issus de l’agriculture biologique depuis 2015, ont changé leurs habitudes alimentaires dans un contexte inflationniste et de crise climatique.
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Les achats de produits issus de l’agriculture biologique ont fortement progressé ces dernières années, avec des acheteurs de plus en plus séduits. C’est ce que constate une étude de FranceAgriMer publiée le 9 juin 2023, qui se concentre sur l’évolution des achats des ménages en produits bio de 2015 à 2022. Toutefois, relève l’étude, avant même la crise sanitaire de 2020, ce marché dynamique montre des premiers signes d’essoufflement.
Baisse de l’attractivité pour le marché du bio
Entre 2015 et 2019, le marché du bio est en plein essor, les ménages sont attirés et les taux de croissance des achats sont à deux chiffres : +16 % en 2018, +13 % en 2019, +12 % en 2020. La hausse soutenue des dépenses des ménages en produits biologiques, explique FranceAgriMer, est étroitement liée à l’élargissement de l’offre en magasins.
Mais ces taux de progression à deux chiffres, s’ils restent élevés, ralentissent d’année en année dès 2019 pour tous les produits bio. Et l’année suivante vient confirmer cette perte de dynamique. Le contexte de la crise sanitaire de 2020 stimule les produits bio à travers à la hausse des achats des ménages durant les confinements, et les ruptures de certains produits conventionnels en magasins.
Pour autant, « les taux de progression des achats en produits bio sont restés relativement comparables à ceux des années précédentes, note FranceAgriMer, et donc relativement modérés comparé au contexte particulièrement porteur ».
Perte de confiance des ménages pour le bio
Cet essoufflement des achats en produits bio s’explique par plusieurs facteurs, selon l’étude. « Cela peut traduire une maturité pour certains marchés bio, une moindre attractivité du bio pour d’autres ou encore, des arbitrages différents de la part des consommateurs en défaveur des produits bio. »
Pendant la crise sanitaire, les ménages se sont davantage tournés vers des produits d’origine française et des produits locaux, par souci notamment de réduction de l’impact environnemental. Conséquence : le bio a été délaissé par une partie des acheteurs au profit des autres labels qui se sont multipliés dans les rayons.
La rupture de tendance touche l’ensemble des produits bio, constate l’étude. Pour les fruits frais bio, les ventes ont « nettement » diminué dès 2020, après trois années de progression. Le « tassement des achats » de l’ensemble des produits laitiers bio a débuté en 2021, comme la chute « marquée » des achats de légumes bio. Quant à l’œuf bio, produit bio phare des ménages français, l’engouement s’est estompé au profit de l’œuf plein air dès 2021.
Et en 2023, qu’en est-il ?
Aux causes énoncées s’ajoute le coût élevé des produits bio, amplifié par l’inflation sur les produits alimentaires. Depuis le début de 2022, « le contexte actuel avec la crise en Ukraine, les enjeux climatiques, les pénuries de certains produits et les fortes tensions sur de nombreuses matières premières entraînent l’ensemble des prix à la hausse ». Selon un baromètre de consommation de l'institut d'études CSA de janvier 2022 cité dans l’étude, le prix des produits bio apparaît comme un frein pour 51 % des consommateurs quotidiens et pour 70 % des consommateurs plus occasionnels et réfractaires. Au total, les achats en produits bio reculent de –3,9 % en valeur et de –7,8 % en volume en 2022 par rapport à 2021.
L’étude de vingt-six pages note toutefois que malgré ce ralentissement, le nombre d’exploitations engagées dans l’agriculture biologique continue de progresser chaque année. Le constat est le même pour les surfaces agricoles certifiées bio, ainsi que pour l’élevage bio dont le nombre d’éleveurs bio et de conversions augmente chaque année. Ce rythme de progression reste néanmoins « beaucoup moins soutenu que ce qu’il a pu être de 2015 à 2018 ».
Quel avenir pour les produits bio ? À court terme, répond FranceAgriMer dans son étude, avec le contexte inflationniste, les ménages vont très certainement privilégier les produits moins chers. « En revanche, à plus long terme, les enjeux écologiques, les modes de production plus respectueux de l’environnement et la conscience écologique des ménages devraient continuer de porter la filière biologique ». Mais celle-ci devra « se réimposer face à la multiplication des labels, scores et signes de qualité et résorber la perte de confiance d’une partie des ménages quant à l’origine des produits ».
Les chiffres d’une année morose pour la bio (01/06/2023)
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