La consommation de produits issus de l’agriculture biologique a commencé à se tasser à la fin de 2019 après des années de forte croissance. « Le Covid est venu brouiller cela, puis le marché du bio en grande distribution s’est retourné au premier trimestre de 2021, rappelle Emily Mayer, directrice des études pour Circana, à l’occasion des BioN’Days à Valence dans la Drome, ce 6 juin 2023. Depuis lors, le marché recule et décélère plus vite que celui des produits conventionnels. »

Moins de produits labellisés dans les caddies

L’inflation conduit à acheter moins. Face à la flambée des prix, les Français limitent le gaspillage (59 %), achètent plus de promotions (57 %) ou préparent leurs courses (38 %). « Les Français optimisent leur consommation, résume Emily Mayer. On est dans une consommation du contrôle, mais pas de la privation. »

Pour limiter le montant de leur caddie, les Français vont aussi se tourner davantage vers les marques accessibles (marques de distributeurs, premiers prix), se diriger vers les enseignes bas prix, et consommer moins de produits labellisés. L’an dernier, les volumes d’achat des produits de grande consommation labellisés ont diminué de 2,2 % par rapport à 2021.

À la fin de 2022, près d’un acheteur sur trois admet avoir réduit ses achats en produits bio. Ils sont 83 % à justifier cela par la contrainte du prix. Dans les paniers, les produits bio sont remplacés par des produits non-bio (54 %), des produits locaux (48 %) ou made in France (41 %).

Une rationalisation de l’offre

Le bio continue de perdre du poids dans les grandes surfaces alimentaires : 4,6 % du chiffre d’affaires en 2022 contre 4,4 % du chiffre d’affaires pour le début de l’année 2023. Chez les spécialistes bio online : les dépenses ont chuté de 20 % sur les quatre premiers mois de 2023.

Quelques rayons tirent leur épingle du jeu. Sur les produits capillaires, les soins de beauté, ou les conserves de poisson, la bio reste plus dynamique qu’en conventionnel. Pour les aliments infantiles, les conserves de viande ou la panification sèche, les volumes de bio diminuent moins fortement qu’en conventionnel.

« Les difficultés du bio restent encore présentes sur les premiers mois de l’année, c’est important de le mettre en parallèle avec la rationalisation de l’offre, souligne Emily Mayer. Plus les mois passent, plus la rationalisation de l’offre se poursuit et s’amplifie. » Certaines enseignes ont diminué de 27,3 % leurs offres de produits bio sur les premiers mois de l’année 2023.

Des signaux positifs

À la fin de 2022, un quart des consommateurs souhaitaient voir plus de bio dans les rayons, soit 7 points de plus qu’en 2021. « C’est peut-être le signal qu’on est allé trop loin dans le déréférencement », note l’experte. Certains signaux restent positifs. 46 % des Français jugent indispensables de bien manger et de mieux consommer. « De manière sous-jacente, la conviction est là », souligne-t-elle. Si le label AB représente 4,4 % du chiffre d’affaires des ventes, tous circuits confondus, il représente 2,4 % du chiffre d’affaires dans les enseignes à dominante marque propre (Lidl, Aldi,…). Avec une hausse de 1,7 % de leur chiffre d’affaires en bio en un an, il s’agit du seul réseau où le label progresse encore.