Crise de la bio quand les producteurs locaux en font les frais
Confrontés à une chute des commandes, quatre maraîchers normands ont fait décrocher leurs portraits du magasin Biocoop.
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Le 10 mai, Pierre Vandaële, David Fourey, Hervé Anne et Arnaud Puppet se sont déplacés au magasin Biocoop de Saint-Vigor-le-Grand (Calvados). « Nous nous opposions à la communication de Biocoop sur son approvisionnement local alors que nos produits étaient absents des rayons », explique David Fourey, maraîcher sur 1,5 hectare et 2 000 m² de serre au Tronquay, à 15 km du magasin.
« J’ai vu mes commandes passer à 0 en janvier »
« Je livrais le magasin depuis son ouverture, il y a 8 ans, ajoute Pierre Vandaële, maraîcher sur 2,5 hectares et 1,3 hectare de verger à Saint-Vigor-le-Grand. Je fournissais environ 1 000 € par mois de légumes, soit 15 à 20 % de mon chiffre d’affaires. J’ai vu mes commandes passer à 0 en janvier et perdu au moins 5 000 euros en cinq mois. »
Hervé Anne cultive 12 hectares au Crouay, à 11 kilomètres du magasin : « Je ne livre plus que 40 kg de poireaux par semaine au lieu de 250 kg précédemment. J’ai broyé entre 30 000 et 40 000 poireaux cet hiver avec le contexte actuel sur le marché de la bio. » Faisant suite à leur action, les producteurs ont été reçus le mercredi 17 mai 2023 par les responsables de l’établissement de Saint-Vigor et deux délégués régionaux Biocoop.
« Le rayon fruits et légumes générait des pertes »
Laurent Olivier, propriétaire du magasin, explique que « le rayon des fruits et légumes générait des pertes ». Il s’est approvisionné prioritairement auprès de la plateforme ces derniers mois. Le 17 mai, il a proposé de planifier les volumes et une fourchette de prix afin « d’anticiper la gestion du rayon. Pour avoir du local, nous rognons sur nos marges. Le contexte actuel nous impose d’anticiper ». Pierre Vandaële rappelle, quant à lui, « l’ultra-fraîcheur et la qualité des produits ».
« Ça sert de leçon à tout le monde, estime Laurent Olivier. Nous devons garder le contact avec les soixante producteurs locaux du magasin. » Les maraîchers qui ont fait décrocher leurs portraits du magasin évoquent la perte d’une relation de confiance.
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