Bâtiments d'élevage Des stabulations laitières dans le vent
Pour Tanguy Morel et Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’élevage, le bâtiment laitier de demain doit à la fois répondre aux attentes sociétales et s’adapter au changement climatique.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
"Les bâtiments d’élevage seront de plus en plus ouverts vers l’extérieur", souligne Bertrand Fagoo de l’Institut de l’élevage. Ainsi, en ce qui concerne les stabulations laitières, cela correspond à un besoin technique d’amélioration de l’ambiance, hiver comme été. Et cela tombe bien : cette conception plaît à la société, qui peut deviner ce qui se passe à l’intérieur, contrairement à un bâtiment complètement fermé.
Les constructions devront aussi s’intégrer dans le paysage avec des prairies environnantes. Les consommateurs ont des attentes en termes d’architecture également. "Ils rejettent plus facilement les grands ensembles qui ressemblent à un site industriel", précise-t-il.
Intégrées dans l’environnement
Les modèles de stabulations se sont beaucoup agrandis ces dernières années, avec des évolutions successives et des bâtiments relativement concentrés pour faciliter le travail ou pour optimiser le foncier disponible. "Quand les tailles de cheptel évoluent, il faut imaginer de nouveaux ensembles où chaque bâtiment a une fonction, ajoute-t-il. Les éleveurs devront donc réfléchir à des structures plus éclatées avec un logement et ses annexes (nurserie, salle de traite, …) comme on peut le voir pour les plus grands troupeaux en Allemagne ou aux États-Unis. La structure complète est pratique pour les conditions de travail dans le cas des petits effectifs, mais pour les troupeaux plus importants, cela pose des problèmes, notamment pour la ventilation."
Autre nouvelle approche à privilégier, celle concernant les entrées de lumière. "Autant que possible, l’éclairage naturel doit être apporté par les côtés du bâtiment et non plus par la toiture afin de limiter la chaleur au niveau des animaux, déclare Tanguy Morel. Le débord de toiture sur le pan sud évite aussi aux rayons du soleil de pénétrer dans le bâtiment." Le béton qui stocke la chaleur est de plus en plus proscrit. Mieux vaut limiter les surfaces bétonnées et prévoir des accès enherbés par exemple. "Il faudra surtout s’interroger de façon approfondie sur les conséquences de chacune des options choisies", insiste-t-il.
Plus d’espace pour l’abreuvement
Pour l’aménagement intérieur, l’enjeu est « de trouver le bon compromis entre facilité de travail et confort de l’animal », poursuit Bertrand Fagoo. Un outil comme Boviwell aide à évaluer le bien-être des vaches. Il n’y a pas de système idéal entre aire libre ou les logettes. "La logette creuse ou équipée d’un matelas avec suffisamment de litière offre de bonnes conditions de logement", ajoute Tanguy Morel.
La tendance est à l’augmentation des aires de circulation pour favoriser l’accès à l’abreuvoir. Autre critère à ne pas négliger : la place à l’auge. "Par temps de canicule, les vaches réduisent leur ingestion pendant les heures chaudes et ont tendance à se rassembler, décrit-il. Elles ne rejoignent l’auge que quand les températures baissent. Mieux vaut donc que chacune trouve alors une place."
Les stabulations, incluant une litière malaxée, qui commencent à voir le jour en France, ne sont envisageables que dans des configurations très ouvertes et bien ventilées. "Dans certaines régions de France, cet aménagement doit même s’accompagner d’une ventilation mécanique pour évacuer correctement l’humidité, préviennent les experts. Pour des raisons économiques la surface en France ne peut pas dépasser 12 à 15 m2 d’aire malaxée par vache. Le bois déchiqueté, le miscanthus… peuvent en revanche constituer des alternatives à la paille."
Pour accéder à l'ensembles nos offres :