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Transmission Un tiers des plus de 60 ans ignore ce que deviendra leur ferme

20 % des agriculteurs envisagent une reprise de leur exploitation dans le cercle familial, d'ici à 3 ans.

Les premières analyses du recensement agricole de 2020 soulignent le vieillissement de la population agricole. Ils soulèvent des inquiétudes sur le devenir des exploitations agricoles à court et moyen terme.

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Le ministère de l’Agriculture organisait ce 18 octobre 2022 un colloque pour présenter les tendances et les enjeux de l’agriculture, à l’aune des résultats du recensement agricole de 2020. Si la population agricole a reculé de 18 % depuis 2010, elle se fait également plus vieillissante.

Des disparités d'âge sur le territoire 

Un cinquième des exploitants a plus de 60 ans, soit 8 points de plus par rapport au recensement de 2010. En 2020, l’âge moyen des chefs d’exploitation est de 51,4 ans, soit 1,2 an de plus qu’en 2010, et 11 ans de plus que la moyenne des actifs en France.

Les situations sont différentes selon la taille économique de l’exploitation et ses productions. Environ 60 % des micro- et petites entreprises (1) sont dirigées par au moins un exploitant de 55 ans ou plus. Et plus de la moitié des exploitations arboricoles (55%) ou céréalières (54%) sont dirigées par des chefs de 55 ans ou plus.

Le ministère de l’Agriculture révèle une plus forte proportion de chefs d’exploitation de plus de 55 ans dans l’Ouest francilien, la Normandie, le Sud-Ouest et l’arc méditerranéen.

L'avenir des exploitations d'ici à 3 ans

Outre ce constat, les premières analyses du recensement agricole montrent que 34 % des dirigeants de plus de 60 ans ne savent pas ce que deviendra leur exploitation agricole dans les 3 ans. Ils sont 36 % à envisager une reprise, majoritairement dans le cercle familial. Le reste des sondés ne songent pas transmettre dans les trois années à venir.

Ces tendances varient fortement en fonction de la taille économique de l’exploitation : 40 % des chefs de micro-entreprise (dont le produit brut standard est inférieur à 25 000 euros par an) ne savent pas ce qu’il adviendra de leur ferme, contre 21 % des chefs d’exploitations de "grandes entreprises" (dont le produit brut standard est supérieur à 250 000 euros).

Repenser l'installation-transmission

Ces résultats interrogent sur la politique d'installation-transmission et son efficacité. "Les jeunes n'ont plus envie de reprendre l'exploitation, d'être assignés à un projet économique et un projet de vie qui ne leur convient pas", explique François Purseigle, chercheur à l'Inrae.

"Aujourd'hui, le taux de remplacement est d'environ 70 %, complète Marc Parmentier de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA). Ce taux bouge peu. La politique d'installation le maintient mais nous n'observons pas de progrès."

Selon les deux experts, un travail d'analyse reste à faire pour mieux connaître les candidats à l'installation, notamment les personnes non issues du milieu agricole. Il conviendrait aussi d'étudier la population vieillissante, pour mieux appréhender leurs besoins.

"Il faut commencer par assurer la pérennité des exploitations en place et assurer le renouvellement des générations, a déclaré le ministre de l’Agriculture en ouverture du colloque. Le "Pacte" et la Loi d’Orientation et d’avenir devront garantir la souveraineté alimentaire de la France en assurant le renouvellement des générations en agriculture."

(1) Produit brut standard inférieur à 100 000 euros par an. Le produit brut standard (PBS) représente la valeur de la production potentielle par hectare ou par tête d'animal présent, hors toute aide.

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