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Inquiétudes et insatisfactions des syndicats après les annonces d’Attal

Dans ses annonces du 27 avril 2024, Gabriel Attal a indiqué que 100 projets d’investissement hydrauliques « compatibles avec une gestion durable de la ressource » doivent être finalisés d’ici à la fin de l’année 2024. Un chiffre insuffisant pour la Coordination rurale.

Le Premier ministre a dégainé le 27 avril 2024 des mesures complémentaires aux engagements déjà pris par le gouvernement pour résoudre la crise agricole et éteindre la colère des agriculteurs. Ces nouvelles annonces laissent les syndicats agricoles sur le qui-vive.

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Après les dernières annonces de Gabriel Attal du 27 avril en réponse aux actions menées par les agriculteurs au début de l’année, les syndicats agricoles affichent des réactions contrastées. Le Premier ministre a dégainé neuf nouvelles mesures dont plusieurs visent à donner un coup de pouce aux trésoreries des exploitations.

FNSEA et JA prêts pour la « troisième phase »

Le syndicalisme majoritaire représenté par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) « considère que la phase de travail postérieure aux mobilisations entamées en novembre dernier se termine » dans un communiqué diffusé le 27 avril 2024. Même si leurs 122 mesures proposées n’ont pas reçu une réponse favorable, les deux syndicats estiment que le temps « de suivi de la déclinaison concrète de chacune des mesures » sur lesquelles s’est engagé le gouvernement, est venu.

« Des avancées demandées depuis des années ont été obtenues grâce aux actions des agriculteurs en France et en Europe », ajoutent-ils. La FNSEA et JA souhaitent qu’Emmanuel Macron reçoive rapidement le monde agricole. Une promesse présidentielle qui date du dernier Salon international de l’agriculture, mais qui n’a pas encore été honorée.

Vice-président de la FNSEA et président de la Fédération nationale bovine (FNB), Patrick Bénézit a exprimé sur BFM TV le 27 avril ses « inquiétudes » sur le plan élevage présenté le 25 février par le gouvernement qui ne se concrétise pas assez vite, selon lui.

Dans une interview donnée à Midi Libre le 27 avril, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, donne « 4 à 5 mois » au gouvernement pour réaliser les engagements pris avant de « faire les comptes ».

La Coordination rurale reste sur sa faim

Si la Coordination rurale salue quelques avancées, elle en ressort globalement déçue. Interrogée par La France Agricole, Véronique Le Floc’h, la présidente du syndicat, vise notamment les mesures de trésorerie. « Le recours à la BPI pour 100 millions d’euros, c’est un bon début, mais c’est malheureusement plafonné. Ça ne touchera peut-être que 2 000 agriculteurs à la fin ! » regrette-t-elle.

Sur la taxe sur le foncier non-bâti, la syndicaliste espérait là aussi davantage. « Nous voulions une exonération totale et elle n’est que partielle. On va donc insister pour aller plus loin », prévient-elle. Des mesures sur les taux d’emprunt auraient également dû être ajoutées selon elle, tout comme un prix du GNR plafonné à 1 €/l pour tous.

Au sujet du déblocage de projets d’irrigation là aussi, Véronique Le Floc’h s’interroge. « Pourquoi 100 ? Si c’est 1 000 ou 10 000, il faut y aller ! On a des collègues du Gers qui ont des projets qui attendent depuis 20 ans », souligne-t-elle. Difficile en tout cas pour elle d’imaginer la fin du mouvement avec ces mesures. « J’étais dans le Sud-Ouest la semaine dernière et tout le monde se demande comment ils vont tenir et comment ils peuvent repartir… Comment on peut ne pas prendre compte la réalité du terrain ? » se lamente-t-elle.

Pas de « réponses structurelles » pour la Confédération paysanne

Les annonces gouvernementales ne doivent pas être vues comme « une clôture à l’ensemble du travail mené », observe Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne joint par La France Agricole.

Sa principale inquiétude réside dans l’annonce du nouveau calcul pour les retraites à partir des 25 meilleures années, car il « fera des perdants : ceux qui ont des petites retraites », craint la porte-parole en s’appuyant sur un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de 2012. Plus généralement, le syndicat « prend acte » des mesures complémentaires notamment sur la trésorerie, même s’il déplore l’absence d’accompagnement pour ceux qui attendent les paiements de la Pac.

Alors qu’un nouveau plan Ecophyto est annoncé pour mai, « on attend de voir », balaie Laurence Marandola, qui s’interroge sur « l’accompagnement vers la sortie des pesticides et la protection de la santé des paysans ».

Pas vraiment de « réponses structurelles », résume le syndicat pour répondre aux « vrais enjeux » : le revenu, le prix, la retraite et la résilience face au réchauffement climatique.

Des « mesurettes » pour le Modef

Le Modef se dit « vent debout » face aux dernières propositions gouvernementales, qu’il qualifie, dans un communiqué du 29 avril, de « mesurettes ».

Le syndicat regrette qu’aucune mesure sur le revenu des paysans et les prix planchers n’ait été formulée. « La question du revenu est centrale car elle conditionne tout le reste, plaide Didier Gadea, secrétaire général du syndicat contacté par La France Agricole. Comment peut-on parler discuter d’avenir sans parler du revenu et des prix garantis ? »

Le Modef refuse l’idée d’une contractualisation qui risque de donner « le pouvoir aux organismes stockeurs ou aux transformateurs ». Il appelle plutôt à une fixation de prix planchers rémunérateurs garantis par l’État, l’interdiction de vente à perte, ou encore la mise en place de quotas pour toutes les productions. « On propose de modifier le code rural pour que l’État, au lieu de sanctionner certains accords, intervienne en fixant un prix plancher », explique l’élu.

Sur le libre-échange, le Modef prône « la fin des accords conclus à ce jour, l’arrêt des négociations et la sortie de l’OMC ».

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