Les syndicats agricoles dénoncent l’absence de mesures sur les prix
Malgré des annonces rapides du Premier ministre, les syndicats agricoles sont unanimes pour dénoncer l’absence de mesures sur la question du prix et de la réciprocité des normes pour les produits étrangers.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les annonces du Premier ministre vendredi soir pour apaiser la colère des agriculteurs n’ont pas éteint le mouvement. Au contraire, les différents syndicats ont appelé à poursuivre la mobilisation, en bloquant en particulier les routes vers Paris et le marché de Rungis ce lundi 29 janvier 2024. Les organisations syndicales estiment ne pas avoir été assez entendues par le gouvernement. Unanimes, elles dénoncent l’absence de mesures sur les prix à travers le non-respect de la loi Egalim. « On a besoin d’aller plus loin » que des contrôles aléatoires auprès des industriels, affirmait Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA vendredi soir après les annonces de Gabriel Attal.
La surtransposition réglementaire dans le collimateur
Autres revendications du syndicat majoritaire, la surtransposition des normes européennes et françaises, contre des produits agricoles importés qui ne sont pas soumis à la législation nationale. Face à des « preuves d’amour pas suffisantes », le président de la FNSEA devrait rencontrer Gabriel Attal ce lundi à 18 heures pour « rediscuter de l’ensemble des points » portés par la FNSEA.
« Pour nous ça ne pouvait pas suffire, souligne de son côté Quentin le Guillous, secrétaire général adjoint des Jeunes agriculteurs sur le plateau d’Europe 1 ce lundi. Sur les normes environnementales, Ecophyto ZNT etc, pas un mot, regrette-t-il, la balle est encore dans le camp du gouvernement. »
Une « exception agriculturelle »
Plus sceptique, la Coordination rurale demande plus, avec une détaxation totale du GNR et une année blanche sur les contrôles. Comme le député LFI François Ruffin, le syndicat prône la mise en œuvre d’une « exception agriculturelle » en sortant l’agriculture des accords de libre-échange. Le deuxième syndicat ne « veut plus d’importations ne respectant pas nos normes [françaises] », a demandé sa présidente Véronique Le Floc’h au micro de Sud radio lundi.
L’affirmation de l’opposition « claire » à la signature du traité avec le Mercosur par le Premier ministre ne suffit pas non plus à la Confédération paysanne. Dans un communiqué publié vendredi soir, elle dénonce la poursuite des négociations au niveau européen de ce traité qui prévoit en partie l’importation de viande d’Amérique du Sud contre une exportation de voitures européennes. Le troisième syndicat sera justement à Bruxelles le 1er février à l’appel de son homologue belge, la Fugea.
Leurs deux revendications principales, l’arrêt des négociations sur l’accord commercial avec le Mercosur et l’interdiction d’achat des produits agricoles en dessous des coûts de revient n’ont pas été entendus, estime le troisième syndicat. Du discours gouvernemental, il n’en ressort « aucune annonce pour garantir des prix rémunérateurs », s’indigne la Confédération paysanne.
Inefficacité de la loi Egalim
Le Modef dénonce lui aussi une attente sur « la question des prix » irrésolue. La faute, selon le syndicat, à la grande distribution et l’industrie qui bafouent la loi Egalim, « qui fait preuve de son inefficacité ». Le Modef appelle à la « mobilisation générale des agriculteurs ».
Une poursuite du mouvement d’ampleur, est prônée par tous les syndicats du secteur en attendant de nouvelles annonces. Un blocus de Paris est organisé par la FNSEA et JA, tandis qu’un convoi dirigé par la Coordination rurale prévoit de bloquer le marché de Rungis mardi.
Deux échéances sont dans la tête des syndicats, le Conseil européen prévu en fin de semaine, où le président français Emmanuel Macron pourrait faire écho des revendications agricoles auprès des autres États membres et à plus long terme, le salon de l’agriculture, prévu du 24 février au 3 mars 2024.
Les élections professionnelles se déroulant en janvier 2025, les différents syndicats jouent aussi dans le règlement de cette crise leurs sièges dans les chambres d’agriculture.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :