Login

« On va droit dans le mur avec Ecophyto 2030 »

Au nom de l'AGPB, Eric Thirouin (gauche), président, et Philippe Heusèle (droite), secrétaire général, ont présenté leurs voeux à la presse le 17 janvier 2024.

L’AGPB reste mobilisée en 2024, pour faire valoir une « réelle » politique protectrice de l’agriculture, à l’approche des élections européennes. Elle s’inquiète également de la conjoncture économique actuelle.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Eric Thirouin, président de l’AGPB (1), a vivement dénoncé la discordance qui perdure entre les propos de soutien à l’agriculture du président de la République et du ministre de l’Agriculture, et la réalité du terrain lors des vœux à la presse de l’organisation syndicale le 17 janvier 2024 à Paris. « Je traduis le sentiment des agriculteurs, ce « tout en même temps franco-français », ça suffit. »

Le président de l’AGPB a par exemple cité le plan Ecophyto 2030 auquel il s’oppose. Celui-ci intervient alors que le projet de règlement européen SUR sur les pesticides est au point mort après son rejet par le Parlement européen le 22 novembre 2023. Le Gouvernement français a toutefois réaffirmé son ambition de lancer sa nouvelle stratégie Ecophyto. « On va droit dans le mur, on est dans la surtransposition totale par rapport à l’Europe », estime Eric Thirouin.

La prise en compte de l’indicateur Nodu notamment, « condamne les meilleurs d’entre nous » a-t-il appuyé en dénonçant la pression des ONG pour son utilisation. « Il faut dire stop à cette politique de faire plaisir à tout le monde. » Pour rappel, l’Europe utilise un autre indicateur (HRI). Et de citer également les dispositions qui élargiraient les zones de captage d’eau potable. Ces oppositions pourraient conduire à des appels à manifester, a-t-il prévenu.

« On est en plein dans l’effet ciseaux »

« Économiquement, c’est plus que morose », constatait quant à lui Philippe Heusèle, secrétaire générale de l’AGPB. Avec les coûts de production inférieurs aux cours, « on est en plein dans l’effet ciseaux ». Les coûts intermédiaires, différence entre le prix départ ferme et le cours de référence, eux ont aussi augmenté, alertait-il. « Grosso modo, on était sur 10 à 25 €/t contre aujourd’hui 15 à 35 €. » Ainsi, 60 à 65 % des exploitants pourraient voir leur résultat courant actif non salarié sous le smic en 2023, selon l’AGPB.

Et les conditions de semis de 2023 n’arrangent pas la situation : l’association spécialisée de la FNSEA estime entre 10 et 20 % les surfaces de blé tendre non emblavées du fait des intempéries. Contre 5 % avancés par l’État à la fin de 2023. Seront également à prendre en compte les surfaces qui n’ont pas ou mal levé, ou dont le désherbage n’a pas pu être assuré correctement.

Faire de l’Ukraine européenne une opportunité

Les raisons d’une potentielle adhésion de l’Ukraine « dépassent le monde agricole », a exposé Eric Thirouin. Mais pour le président de l’AGPB et son secrétaire général, l’intégration du pays pourrait être profitable à l’agriculture européenne, à condition qu’une « réelle politique agricole commune et tournée vers l’internationale » soit mise en place. L’UE deviendrait alors le premier exportateur mondial de blé. À plus court terme, l’AGPB soutient la demande de contingent sur les exportations ukrainiennes vers l’Europe dans le contexte particulier du conflit russo-ukrainien.

À l’approche des élections parlementaires européennes de juin, l’AGPB entend questionner les candidats sur la politique agricole qu’ils souhaitent mener : stratégie de production, de durabilité, positionnement à l’international seront notamment sur la table.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement