Login

Les crises sanitaires cristallisent les inquiétudes au Sommet de l'élevage

Malgré le contexte sanitaire difficile, les éleveurs et leurs animaux ont répondu présent pour l'édition 2024 du Sommet de l'élevage.

Les dégâts occasionnés par la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE) sont au cœur des préoccupations des éleveurs.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Une fois n’est pas coutume, aucune délégation gouvernementale n’a arpenté les allées du Sommet de l’élevage, lors de son ouverture ce mardi 1er octobre 2024. Les animaux, eux, ont répondu présent à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), malgré le contexte sanitaire difficile lié à la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE).

Les ovins présents au Sommet de l'élevage sont des brebis de réforme et des agneaux finis qui seront abattus à l’issue de la manifestation. (© Jerome CHABANNE/Reportage)

C’est notamment le cas des ovins, durement impactés par la fièvre catarrhale ovine (FCO). « Le Sommet de l’élevage a pris en charge les PCR pour la FCO-6 », précise Michèle Boudoin, la présidente de la Fédération nationale ovine (FCO). Aucun ovin ne repartira en élevage à l'issue du salon. Ceux présents sur le site sont des réformes et des agneaux finis qui seront abattus à l’issue de la manifestation.

Le moral n’y est pas pour les éleveurs touchés. « Les pertes sont considérables, précise la responsable syndicale. La mortalité atteint jusqu’à 20 % du cheptel. » Un taux que la responsable syndicale a elle-même subi sur son élevage. « La priorité est à la vaccination, indique-t-elle. Les exploitants auront besoin de trésorerie pour reconstituer leur cheptel et pour couvrir le manque à gagner lié aux animaux non vendus. » La présidente de la FNO est aussi très remontée car elle n’est pas conviée à toutes les réunions de crise en lien avec la FCO.

Besoin de « décisions d’urgence »

Peut-être aura-t-elle l’occasion de manifester son mécontentement auprès de Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, attendue ce jeudi 3 octobre au Sommet de l’élevage avant d’accompagner sur place Michel Barnier vendredi, selon plusieurs sources syndicales. Des syndicats agricoles ont prévu de lui exprimer leurs demandes sur les sujets sanitaires. « Nous avons besoin de décisions d’urgence, estime Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Il nous faut des commandes plus importantes de vaccins. Pour la FCO-8 notamment, le vaccin fabriqué par un laboratoire espagnol est difficile à obtenir. »

Le responsable syndical insiste également sur la prise en charge des pertes directes et indirectes en élevage. « Le sujet n’est pas la méthode mais le budget », pointe Arnaud Rousseau, qui considère que les dispositifs d’indemnisation mis en place l’an passé pour la MHE ont apporté des réponses. Toujours sur le soutien des trésoreries, « nous aimerions nous voir confirmer la mise en place d’un PGE (1) agricole », souligne Pierrick Horel, président de Jeunes Agriculteurs.

La CR à la recherche de fonds à mobiliser rapidement

Du côté de la Coordination rurale, sa présidente Véronique Le Floc’h demande à la ministre d’établir en urgence un état des lieux des différents fonds de soutien de l’État. Cet état des lieux irait des 2 milliards d’euros de prêts garantis par l’État en passant notamment par les fonds du plan de reconquête de la souveraineté sur l’élevage.

Les fonds qui n’ont pas encore été mobilisés doivent être fléchés vers les éleveurs et plus largement vers tous les agriculteurs qui sont en difficulté, selon le syndicat. « Nous voulons que l’argent qui reste aille directement dans les fermes », a expliqué la présidente de la Coordination rurale, qui demande aussi que l’État contraigne les banques à proposer un accompagnement à la hauteur des difficultés.

Elle plaide également pour un relèvement des aides de minimis à hauteur de 50 000 € actuellement proposé par plusieurs États membres de l’Union européenne. Le syndicat souhaiterait voir ce plafond applicable à la seule année 2024 et non sur trois exercices fiscaux comme c’est le cas aujourd’hui. Cette mesure aurait pour conséquence d’offrir plus de souplesse à chaque État dans l’octroi d’aides à ses agriculteurs.

« Sauver l’élevage français »

La Confédération paysanne attend d’Annie Genevard qu’elle vienne le 3 octobre au Sommet de l’élevage avec des mesures à court et à long terme pour « sauver l’élevage français », pas moins. Pour faire entendre son message, le syndicat a d’ailleurs annoncé qu’il mènera une action demain mercredi au Sommet en milieu de journée.

Le syndicat qui revendique défendre l’élevage « paysan » de plein air réclame une égalité de traitement entre tous les producteurs dont les élevages sont touchés par le contexte sanitaire actuel. « En ovins comme en bovins, en plaine comme en montagne », souligne Sylvie Colas, secrétaire national de la Confédération paysanne. L’élevage qu’il qualifie « d’industriel » est particulièrement pointé du doigt par le syndicat.

« Les politiques soutiennent l’agriculture exportatrice dont la concentration des animaux dans les élevages est source de maladies », estime Stéphane Galais, également secrétaire national. Ils attendent de la part de la ministre des mesures et des moyens contre la FCO et la MHE qu’elle avait promis de chercher lors de sa rencontre avec la Confédération paysanne à la fin de la semaine dernière.

« Renforcement des mesures de prévention »

Décrivant une situation sanitaire « catastrophique », le Modef réclame lui aussi des mesures urgentes du ministère de l’Agriculture. Le syndicat insiste sur le versement d’indemnités pour les éleveurs touchés et un renforcement des mesures de prévention avec en première ligne la vaccination des animaux. Il demande également au gouvernement de travailler en urgence sur le revenu des exploitations. Le Modef plaide sur ce sujet pour des prix minimums garantis.

Sur un temps plus long, le Modef souhaite que l’ambition de la loi d’orientation agricole dont la navette législative s’est arrêtée lors de la dissolution de l’Assemblée nationale soit relevée. « Nous avons besoin d’une loi d’orientation qui oriente véritablement et avec une ambition au moins égale aux lois d’orientation de Pisani dans les années 1960 », a affirmé Pierre Thomas, président du syndicat, même s’il est « conscient » qu’il n’aura pas toutes les réponses vendredi de la part d’Annie Genevard et de Michel Barnier qui sont très attendus.

(1) Prêt garanti par l’État.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement