Pour favoriser l’accès aux soins, des solutions locales existent avec la CPAM
Comment être mieux soigné à proximité de chez soi ? À l’occasion du Salon des maires, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) a présenté le 19 novembre 2025 un certain nombre de leviers concrets pour faciliter l’accès aux soins dans les territoires.
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« À l’exception du médecin généraliste et du pharmacien, les ruraux sont toujours pénalisés dans leur accès aux services de soins. En moyenne, le temps d’accès aux soins pour les ruraux reste généralement supérieur de 52 % à celui des urbains », indique une étude Ipsos de mars 2024. D’après l’observatoire des territoires, 11,6 % de la population vit dans un désert médical et 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant.
Déserts médicaux : se soigner en milieu rural (29/08/2025)
Un outil pour mieux mesurer l’accès aux soins
Pour remédier aux déserts médicaux, les municipalités s’engagent tant bien que mal, en créant des maisons de santé et en essayant d’attirer de nouveaux médecins. Mais elles peinent. « Sur notre territoire, on trouve difficilement de nouveaux médecins », raconte Évelyne Schmitt-Martinon, adjointe au maire de Saint-Victor-de-Cessieu (Isère) et ancienne pharmacienne.
La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) propose elle aussi plusieurs solutions. Conformément aux engagements pris dans le cadre de la convention médicale signée en 2024, l’Assurance maladie a lancé l’observatoire de l’accès aux soins.
« Au total grâce à cet outil, huit indicateurs sont mis en avant. Parmi eux, on retrouve par exemple le taux d’évolution du nombre d’installations de médecins, explique Emmanuel Frère-Lecoutre, directeur de l’offre de soins de l’Assurance maladie. Cet outil permet d’avoir accès à plusieurs données que les élus locaux connaissent parfois mal. Il permet d’agir de façon sur mesure et adaptée. »
Pour chacun des facteurs mesurés, cet outil s’appuie sur les dernières données disponibles, leur évolution dans le temps et leur déclinaison à l’échelle locale. Dans le cas des médecins généralistes, leur population connaît un vieillissement généralisé. En 2024, selon un rapport d’information du Sénat, environ 30,7 % des médecins généralistes en activité ont plus de 60 ans, contre seulement 24 % en 2018.
De plus, force est de constater que ce phénomène amène de nombreux praticiens à refuser d’accueillir de nouveaux patients. D’après une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), parue en 2023, près de 65 % des médecins déclarent être amenés à refuser de nouveaux patients comme médecin traitant, contre 53 % d’entre eux en 2019.
Ces prochaines années, si de nombreux médecins sont sur le point de partir à la retraite en 2025, la Drees a constaté une augmentation de 1 % du nombre de médecins généralistes par rapport à 2024. « Cependant, malgré une bonne dynamique au niveau national, des inégalités s’observent dans les milieux ruraux. Le rôle de l’Assurance maladie est de jouer sur le maintien de l’accès aux soins dans tous les territoires », affirme Emmanuel Frère-Lecoutre.
« On préconise de faire émerger des stimulations collectives, comme des maisons médicales »
À Saint-Victor-de-Cessieu, qui compte 2 300 habitants, une maison médicale est sortie de terre en 2017. Il y a dix ans, la commune accueillait cinq médecins, désormais elle en dénombre dix. La raison : un regroupement avec les professionnels de santé de la ville voisine, Cessieu, de 3 257 âmes. « C’est bien d’avoir un lieu comme celui-ci sur notre territoire mais ça revient un peu à déshabiller Pierre pour habiller Paul », poursuit Évelyne Schmitt-Martinon, adjointe au maire.
« Les communes ont tendance à tirer la couverture à eux », rebondit Hélène Cardinale, directrice de la CPAM de l’Isère. Selon elle, « il vaudrait mieux regarder une offre de soins à l’échelle d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) plutôt qu’à celle de la commune. On préconise de faire émerger des stimulations collectives, comme des maisons médicales. Cela simplifie sur le parcours de soins du patient qui peut naviguer entre plusieurs praticiens. »
L’Assurance maladie observe une tendance à la diminution du nombre de professionnels de santé dans les territoires les plus les défavorisés et ruraux. Selon une étude de l’Insee, les zones rurales sont boudées par les jeunes praticiens. Près de 57 % de ces jeunes médecins généralistes libéraux s’installent dans l’aire d’attraction de villes de plus de 200 000 habitants (hors Paris).
« Proposer une offre de soins durable, adaptée et accessible à tous »
Pour attirer les médecins en zone rurale, comme dans certains secteurs de l’Isère, la CPAM se veut être un réel « soutien ». À Pont-de-Chéruy, 6 000 habitants, territoire enclavé et agricole dans le nord de l’Isère, aucun médecin est en exercice et une cellule de crise avec plusieurs acteurs (Autorité régionale de santé, intercommunalité, conseil de l’ordre des médecins, etc.) a été constituée afin de mettre en place un incubateur de santé solidaire, une sorte de maison de santé innovante.
Dans cette démarche en cours, l’Assurance maladie œuvre en « décloisonnant les approches », « anticipant les dispositions » et en « mettant à disposition des élus des outils simples efficaces comme l’Observatoire de l’accès aux soins ». Hélène Cardinale, directrice de la CPAM de l’Isère, l’assure : « Avec ce genre de dispositif, on entend bien attirer des médecins pour proposer une offre de soins durable, adaptée et accessible à tous. »
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