https://www.dailymotion.com/video/k154gj9mZkTiB6DHlkc
« Les gens nous disent : Enfin un vrai médecin ! », s’exclame Colette Roussel, chargée de développement au CPTS Défis Santé Roannais-Brionnais, à côté d’une file de patients. Perché au-dessus des habitations de Villemontais (Loire), le bus médical itinérant, surnommé le médicobus, est arrivé à 9 h depuis la ville de Rouanne. À son bord, le médecin généraliste retraité Yves Morand et l’infirmier Raphaël Delorme accueillent une dizaine de patients pour des consultations médicales.
En 2023, l’État promettait le déploiement d’une centaine de bus supplémentaires pour 2024. Derrière cela, l’objectif est clair : aller vers les habitants des zones rurales en manque de praticiens pour leur offrir un accès aux soins.
Une popularité grandissante
Le médicobus a réalisé près de 800 consultations l’an dernier et s’apprête à élargir sa tournée : de six villages, il passera bientôt à dix. « Si le bus n’était pas là j’aurais dû aller au Coteau. […] Mais lors de ma dernière visite pour des vertiges, j’ai passé 6 h 30 dans la salle d’attente… », déplore Annie Drèves.
Pendant près de 40 minutes, les patients, parfois venus de loin et ayant parcouru une cinquantaine de kilomètres, consultent dans ce bus aménagé comme un véritable cabinet de médecine générale. Pendant que le médecin ausculte, Raphaël Delorme, l’infirmier, prend des notes. « Cela me permet de conserver toutes leurs informations et de les rendre accessibles aux hôpitaux. Cela nous permet aussi d’assurer un véritable suivi dans la durée », explique-t-il.

« En milieu rural, il y a un véritable abandon des soins. On voit arriver des patients qui n’ont pas vu un médecin depuis plus de quinze ans ! Le médicobus fait partie des solutions pour être au plus près d’eux », explique Colette Roussel, chargée de développement au CPTS Défis Santé Roannais-Brionnais.
Les retraités à la rescousse
Le projet de 100 000 euros a mis plus d’un an à émerger et aurait bien pu ne jamais voir le jour. « Au départ, nous avions catégoriquement refusé, faute de médecins disponibles. Puis nous avons pensé aux médecins retraités », raconte Colette Roussel.
S’il répond à une urgence sanitaire, le médicobus ne remplace pas pour autant une présence médicale stable sur le territoire. « Les conditions de travail sont idéales », se réjouit le médecin retraité Yves Morand. Avant de nuancer : « Mais il ne faut pas se voiler la face, ce n’est pas ça qui va combler le manque d’accès aux soins aujourd’hui. »
Accoudée au médicobus, Colette Roussel observe les patients soulagés repartir vers leurs voitures. « Je pense que ce dispositif va s’installer sur plusieurs années, vu les chiffres qui nous arrivent. De grosses patientèles vont perdre leur médecin d’ici à la fin de l’année. On s’attend à de nouvelles vagues de personnes sans médecin traitant », s’inquiète-t-elle.