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Les recommandations de l’Efsa pour améliorer le bien-être des bovins allaitants

L'autorité européenne de sécurité des aliments a partagé ses dernières recommandations sur les conditions d'élevage des bovins viande.

Les scientifiques de l’Efsa ont partagé leurs recommandations pour améliorer le bien-être des bovins allaitants et atténuer les risques associés à leurs conditions d’élevage.

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À la demande de la Commission européenne, l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a rendu en juillet 2025 son avis scientifique pour améliorer le bien-être des bovins destinés à la boucherie (1). En tenant compte des dernières données scientifiques, les experts ont relevé plusieurs points d’efforts, incluant les conditions d’élevage des animaux, les choix génétiques influençant leur bien-être, ainsi que des préconisations pour le sevrage des veaux.

Des sols solides paillés plutôt que des caillebotis

Pour les bovins viande élevés en bâtiment, « il est préférable d’aménager des sols solides paillés dans l’aire de repos plutôt que des caillebotis en béton nu ou recouverts de tapis en caoutchouc », affirment les experts après avoir évalué les connaissances scientifiques les plus récentes. Ceux en béton nu augmentent les risques de boiteries, blessures, et des problèmes de repos. Si ceux recouverts de tapis atténuent les risques, ils n’offrent pas une aire de repos aussi confortable que les sols solides paillés.

L’Efsa conseille 13 m² par animal

Concernant l’espace requis, « les minimums varient selon les pays européens », attestent les scientifiques. Les problèmes liés à un espace minimal restreint sont multiples : restriction des mouvements, problèmes de repos, stress collectif, blessures, incapacité à explorer ou à chercher de la nourriture. « Offrir des espaces plus grands augmentera le temps de repos tout en offrant davantage de possibilités de mouvements et d’activité générale ».

Dans le détail, il a été estimé qu’une longueur de mangeoire de 60 cm par animal est suffisante lorsque les animaux sont nourris à volonté, quel que soit leur poids. « L’espace intérieur total estimé est d’environ 13 m² par animal », en incluant une aire de repos d’environ 11 m² par animal combinée à l’espace nécessaire pour se tenir debout et s’alimenter.

Enrichir l’environnement

« Les bovins ont besoin d’espace et de stimulations pour rester en bonne santé et satisfaits ». L’accès à des espaces extérieurs favorise les comportements naturels, alors qu’à l’inverse, le manque d’accès à l’extérieur peut entraîner du stress, une sous-stimulation sensorielle, des problèmes liés aux restrictions de mouvements, ou encore des comportements sexuels indésirables. Ces espaces sont également utiles pour permettre aux animaux de rang inférieur de se retirer et ainsi réduire le stress du groupe.

Pour encourager les stimulations et réduire les risques de problèmes comportementaux, les scientifiques recommandent d’autres formes d’enrichissements, « en simultané pour un effet global plus important », tels que brosses, fourrages grossiers, blocs de sel et matériaux non comestibles destinés à l’exploration.

L'accès à des arbres permettra à la fois aux bovins de bénéficier de leur ombre et d'avoir la possibilité de se gratter naturellement. (© Alessandra Gambarini)

Augmenter la quantité de fourrage grossier

Côté alimentation, les experts appellent à rester vigilants face aux problèmes digestifs associés aux régimes alimentaires des bovins à l’engraissement. Un excès de concentrés et une insuffisance de fibres structurées peuvent risquer d’engendrer une acidose ruminale subaiguë (ARS), soit le trouble gastro-intestinal le plus répandu chez les bovins viande. La principale recommandation consiste à réduire la quantité de concentrés et augmenter celle de fibres structurées, donc de fourrages grossiers.

Quant à l’accès à l’eau, « les abreuvoirs de grande capacité permettant un débit de 15 à 20 litres par minute sont le système d’abreuvement préféré du point de vue du bien-être », et sont préférables aux bols. Les abreuvoirs à tétines, qui limitent le comportement naturel de boire, sont à éviter.

Veiller au bien-être des bovins en pâturage

L’Efsa émet plusieurs points de vigilance concernant les bovins élevés en pâturage sur une partie ou toute l’année. « La planification de leur santé et de leur bien-être doit inclure des programmes nutritionnels », conseille-t-elle. Il faut également veiller à offrir un accès à l’ombre aux animaux durant les périodes de stress thermique, et un abri sec en hiver. La surveillance régulière des bovins en pâturage est essentielle, tout comme les habituer à une présence humaine au pâturage et l’utilisation de méthodes de manipulation calmes et efficaces.

« Le risque de stress thermique augmente lorsque les températures atteignent le seuil de température de 24-26 °C ». Les mesures à court terme consistent à l’utilisation de ventilateurs et privilégier des méthodes de manipulations douces. Sur le long terme, c’est la conception de bâtiments optimisés, afin de minimiser la charge thermique intérieure.

La génétique pour réduire les risques de souffrances

L’autorité européenne aborde également le sujet de la sélection génétique liée au bien-être des animaux, en particulier l’hypermuscularité des bovins. Celle-ci engendre de nombreux troubles (reproductifs, respiratoires, ou locomoteurs) et peut être à l’origine d’une sensibilité accrue au stress. « Pour des raisons de bien-être, les animaux homozygotes à double musculature ne doivent pas être utilisés, et les génotypes hétérozygotes présentant des phénotypes intermédiaires doivent être préférés ».

Quant au sujet des cornes, « il est préférable de sélectionner des animaux génétiquement sans cornes plutôt que de procéder à l’écornage afin d’éviter la douleur et le stress » selon l’Efsa, qui souligne au passage le rôle fonctionnel des cornes. Certaines races ont déjà introduit une variante sans cornes, mais le choix entre des animaux avec ou sans cornes doit dépendre des conditions d’hébergement et de gestion. L’avis rendu met en garde contre le risque de réduire la diversité génétique et la résistance à certaines maladies en sélectionnant des bovins sans cornes, et conseille de mener des recherches supplémentaires sur ces risques.

Creuser la génétique du tempérament et de la capacité maternelle

Le tempérament des bovins joue un rôle important dans leurs réactions à la manipulation quotidienne, mais surtout dans les situations stressantes. « La base génétique du tempérament est complexe » souligne l’Efsa, avec une héritabilité jugée faible à modérée. Elle préconise une harmonisation des tests comportementaux utilisés dans les programmes de sélection, ainsi que d’examiner le lien entre le tempérament et la capacité maternelle en évaluant les filles des taureaux reproducteurs.

La sélection génétique pourrait par ailleurs être utilisée pour réduire le risque de césarienne ou vêlage difficile, et leurs effets négatifs sur les bien-être des vaches. Pour cela, « les valeurs génétiques des taureaux et des vaches reproductrices devraient être améliorées en identifiant les gènes candidats et les marqueurs associés à la facilité de vêlage et à la morphologie pelvienne des vaches ».

Risques associés aux mutilations

L’avis scientifique revient sur les différentes formes de mutilations des bovins. Dans la mesure du possible, castration, écornage et ébourgeonnage doivent être évités. À défaut, il est recommandé de procéder à la castration à un âge précoce, entre 1 et 8 semaines. La meilleure pratique pour atténuer la douleur reste « l’optimisation du déroulement des opérations », avec l’utilisation d’une anesthésie locale et d’analgésie efficace. La coupe de la queue est quant à elle interdite dans la quasi-totalité des États européens.

Un sevrage progressif le plus tard possible

« Les problèmes liés au sevrage sont le stress de la séparation, le stress lié à la manipulation, le stress de groupe si associé à un regroupement, ainsi que l’incapacité des vaches à exprimer leur comportement maternel et l’incapacité des veaux à téter et leur faim prolongée » liste l’Efsa. « Chez les veaux sevrés, ces problèmes se traduisent par une augmentation des vocalisations, ainsi que par une diminution de l’alimentation et du repos. »

Bien qu’il ne soit pas le plus courant, le sevrage progressif est préconisé, ou celui en deux étapes avec une clôture de séparation pour réduire le stress chez les vaches et les veaux. « Le sevrage doit être retardé aussi longtemps que l’état physique de la vache le permet, idéalement jusqu’à ce que les veaux ingèrent des aliments solides pouvant couvrir leurs besoins nutritionnels et soient familiarisés avec les aliments post-sevrage ». Ces derniers auront alors tendance à présenter moins de signes de stress que les veaux sevrés précocement.

(1) Inclut les bovins d’engraissement, les vaches allaitantes, les génisses et les veaux, les taureaux reproducteurs, les vaches laitières et allaitantes en fin de carrière (abattues).

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