Les finances tendent les relations entre l’État et les maires
Prévoyant des économies sur dans les mairies, le projet de loi de finances crispe les élus locaux du bloc communal qui renvoient l’État à sa propre responsabilité de gestion.
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L’ambiance est tendue entre le gouvernement et les élus locaux. « Si on veut éviter que les prochains Gilets jaunes ne soient les écharpes tricolores, il va falloir retrouver le sens de la décentralisation, de la solidarité, de la performance publique et faire confiance aux maires », prévient David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF). Son homologue d’Issoudun (Indre), André Laignel, pas plus habitué aux barricades, se fait plus direct : « Le prochain congrès des maires risque d’être celui de la colère. »
Punition
Le congrès se tiendra à Paris du 18 au 21 novembre 2024. Le Premier ministre Michel Barnier est attendu pour la clôture. Les élus locaux comptent lui dire leur mécontentement que leur inspire le projet de loi de finances. « L’ancien gouvernement, c’était la dénonciation calomnieuse. L’actuel gouvernement, c’est la punition », dénonce André Laignel. Il calcule que la loi de finances opère une saignée sans précédent dans les finances locales. Il parle de mensonge d’État quand le gouvernement annonce un prélèvement de cinq milliards d’euros. « La purge n’est pas de cinq milliards mais de plus de onze milliards de baisses des moyens et de charges nouvelles », avance-t-il.
D’ailleurs, c’est la majorité des associations d'élus du bloc communal, dont les maires ruraux, qui s’est élevée, au cours d’une réunion le 30 octobre 2024 à Paris, contre les prélèvements de l’État. Elle prévoit de rédiger des propositions d’économies internes à l’État.
Recentralisation
D’un autre côté, les communes, et les autres collectivités locales (Régions et départements) se plaignent de ne plus avoir de marge de manœuvre pour augmenter leurs recettes. À part la taxe foncière, quasi toutes les ressources ont été nationalisées (taxe d’habitation…). Fustigeant cette recentralisation, David Lisnard estime que l’État était pourtant « toujours heureux de trouver les communes lorsqu’il y a des crises », citant le rôle pacificateur des maires lors des violences urbaines de l’été 2023, ou leur agilité durant la crise sanitaire.
Manifestation
Le mardi 5 novembre 2024, plusieurs dizaines d’élus locaux, avec des acteurs agricoles, avaient manifesté devant la préfecture de la Seine-et-Marne pour dénoncer cette ponction financière. « Je me demande si les choses ne seraient pas bien plus graves encore et si les petites musiques de fond que l’on entend maintenant depuis longtemps ne reviendraient pas à la suppression d’un échelon territorial », a tonné François Deysson, président des maires ruraux de la Seine-et-Marne.
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