Une étude inédite répond pour la première fois à la question : Comment vont les maires ruraux ? Ils et elles sont au nombre de 34 893 en France mais leur santé mentale n’avait pas vraiment été interrogée. À deux ans des prochaines élections, deux chercheurs de l’université de Montpellier, Olivier Torrès et Mathieu Le Moal, se sont penchés sur un échantillon de deux mille maires, interrogés durant le premier semestre de 2024.
La perception générale a priori serait de les imaginer mal à l’aise. On rencontre souvent des élus locaux qui annoncent ne pas vouloir poursuivre leur mandat en cours. En fait, cette impression est battue en brèche par l’enquête : plus des deux tiers des maires (69,3 %) affichent une satisfaction positive.
Épuisement
Mais pour autant, ce chiffre ne signifie pas que la vie d’élu local est toute rose. Près du tiers des maires (31,4 %) éprouvent un épuisement dans l’exercice de leur fonction. Plus grave, 3,48 % s’estiment en épuisement sévère, ce qui peut se traduire par un burn-out proche.
« Bien que ce chiffre puisse paraître préoccupant, il demeure proche de ce notre observatoire a pu observer par le passé au sujet de l’épuisement des dirigeants de PME », commente Olivier Torrès.
Dans les détails, la décomposition de ce sentiment laisse apparaître la déception, la fatigue, la lassitude. Ce sont des signes d’une surcharge de travail liée à une forte ambition et une forte implication. Là encore, ce sont des syndromes qui se trouvent aussi chez les dirigeants de PME.
La particularité des maires est de surinvestir le sentiment d’impuissance. « Les maires français sont à la fois très investis et très empêchés. Ils souffrent d’une forme de syndrome d’épuisement de frustration », résume Olivier Torrès. Le renforcement de l’impuissance épuise à petits feux même les meilleures volontés.
Satisfaction
D’un autre côté, les maires peuvent être aussi satisfaits de leur situation. Ils le sont même en majorité. Cette étude se penche donc sur les critères de satisfaction d’un maire. Outre les aspects familiaux, les motifs de satisfaction les plus intenses sont la fin ou la réussite d’un projet ou d’un dossier, les cérémonies et les célébrations et la bonne entente avec le conseil municipal.
Notons au passage que ses propres vacances, sa santé ou sa satisfaction personnelle passent en retrait dans les déclarations positives du maire. « Le maire se néglige en tant que personne et s’oublie au profit de sa fonction publique. Le sacerdoce conduit à des sacrifices », note Olivier Torrès.
Statut de l’élu local
Du côté des facteurs de stress, le premier d’entre eux est la lourdeur administrative. Elle conduit donc à une surcharge de travail qui vient aggraver l’épuisement et la perte de motivation. Au passage, les agressions, souvent médiatisées, sont souvent citées mais n’apparaissent qu’à la sixième position des facteurs de stress des maires.
John Billard, maire du Favril (Eure-et-Loir) et secrétaire général de l’AMRF, veut voir dans ces résultats un certain équilibre dans la santé mentale des maires ruraux, même s’il estime que le risque de burn-out doit interpeller les pouvoirs publics et les motiver à créer un vrai statut de l’élu local.