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Mauvaises récoltes et prix bas font chuter la valeur de la production agricole en 2024

La valeur des productions végétales chuteraient de 13,1 % pour 2024, sous l'effet d'une baisse conjointe des prix et des volumes, estime l'Insee dans sa publication sur les comptes provisoires de l'agriculture.

L’Insee a publié les comptes provisoires de l’agriculture pour 2024. La valeur des productions végétales s’effondre en raison d’une baisse sensible des prix et des volumes, affectés par des conditions météorologiques défavorables. En élevage, la baisse des prix surpasse le léger rebond de la production.

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Selon les comptes prévisionnels de l’agriculture publiés ce 12 décembre 2024 par l’Insee, la situation de la ferme France continue de se dégrader en 2024. La richesse créée par actif (1) chute de 7,7 % en 2024, après une baisse de 9,6 % en 2023. Pour autant, les chiffres de l’Insee donnent une vision macroéconomique de la production du secteur agricole et ne reflètent pas les performances individuelles des exploitations.

En 2024, la diminution des charges ne permet pas de compenser la baisse de la production de la branche agricole, hors subventions, qui se replie de 7,5 % en valeur. Cette dernière avait « déjà diminué de 1,5 % en 2023, mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes, durant lesquelles les prix s’étaient fortement appréciés dans le contexte de sortie de crise sanitaire puis du déclenchement de la guerre en Ukraine », précise l’Insee.

Les prix des produits agricoles marqueraient un nouveau recul de 4,2 % en 2024 (–4,4 % en 2023). S’ajoute aussi une baisse des volumes de 3,4 %. Cette évolution résulte pour l’essentiel d'une chute de 13,1 % de la valeur des productions végétales, sous l’effet d’une diminution conjointe des prix (–6,8 %) et des volumes (–6,8 %). De son côté, la valeur de la production animale fléchit aussi de 1,4 %, « le redressement des volumes (+0,9 %) étant plus qu’effacé par une diminution des prix (–2,3 %) ».

Les prix des céréales toujours en baisse

Pour la seconde année consécutive, les prix des céréales diminueraient de 4,9 % en 2024 (–30 % en 2023) du fait de disponibilités toujours élevées à la suite d’une récolte mondiale record l’année dernière. Dans un contexte de réduction de l’offre, le prix des oléagineux se redresserait de 2,6 %. Il en est de même pour les prix des fruits et légumes qui progresseraient respectivement de 2,7 % et 5,3 %. Le prix des fourrages diminuerait lui fortement en 2024 (–34,8 %). La hausse des récoltes de pommes de terre s’accompagnerait d’une baisse de leur prix de 5,5 %.

Les conditions météorologiques défavorables de l’été ont fortement pénalisé les céréales, dont les récoltes reculeraient de 16,3 % en 2024. En particulier, les volumes produits en blé tendre chuteraient de 27 %, ceux en oléagineux de 11,5 % et en protéagineux de 22,4 %. En revanche, la production de fourrage progresserait de 16,1 %, tirée par la forte augmentation des rendements. Quant aux volumes de fruits et légumes, ils augmenteraient de 1,2 % et 4,3 % respectivement.

Le rebond de la production animale tire les prix vers le bas

Les prix de l’ensemble des produits animaux baisseraient de 2,3 % en 2024 alors que les volumes seraient en hausse de 0,9 %. La légère progression des volumes tiendrait au fort rebond de la production de volailles (+13,8 %), « après une année 2023 encore marquée au premier trimestre par l’épizootie aviaire ». En diminution constante depuis une vingtaine d’années en France, le cheptel porcin suivrait en 2024 la tendance générale et se redresserait de près de 1 %.

Les prix du porc reculeraient de 7,1 %, après deux années de hausse (+25,2 % en 2022 et +21 % en 2023). Il en est de même pour les prix des volailles et des œufs, qui se replieraient de 8,5 % et 8,4 % respectivement.

Pour le reste du bétail, l’érosion du cheptel conduirait à de nouvelles hausses de prix. La baisse des volumes produits atteint 1,4 % pour les gros bovins, 4,2 % pour les veaux et 6,2 % pour les ovins et caprins, frappés depuis l’été par la fièvre catarrhale ovine (FCO).

Les prix des intrants en net repli

La consommation d’intrants a progressé de 2,6 % en volumes sur l’année tandis que les prix se sont repliés de 10,2 %. « La rupture est nette avec l’année 2022, où la très forte élévation des prix (+20,4 %) avait conduit à une baisse inédite des consommations intermédiaires en volume (–4,1 %) », observe l’Insee. Le recours aux engrais remonterait de 7,4 % en volumes, alors qu’il avait chuté de 23,4 % en 2022 puis de 17 % en 2023, relève l’Insee.

Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux chuteraient de 17,1 % en valeur. Le prix de l’énergie serait en baisse de 3,3 % (après –5 % en 2023), dans le sillage de la diminution des prix du gazole non routier (GNR) et des autres carburants. Le prix des engrais reculerait de 35,1 % en 2024. Une baisse notable après l’envolée des prix en 2023 (+19 %) et 2022 (+82,1 %) en raison du déclenchement de la guerre en Ukraine.

Les chiffres de 2024 présentés ici par l’Insee sont provisoires et seront mis à jour en juillet 2025, avant d’être publiés définitivement en décembre 2025.

(1) Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels. Selon l’Insee, la valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base (c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits) diminuée des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs se calcule en ajoutant les autres subventions d’exploitation et en retranchant les impôts sur la production à la valeur ajoutée brute. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.

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