Selon les comptes provisoires publiés par l’Insee le 20 décembre 2023, la situation de la ferme France s’est dégradée en 2023. La richesse créée par actif (1) baisse de 9 % en 2023, après deux années de fortes hausses en 2022 (+9,6 %) et en 2021 (+13,1 %). Les chiffres de l’Insee donnent une vision macroéconomique de la production du secteur agricole.

La production de la branche agricole (en valeur), hors subventions, se replie de 0,8 %, alors qu’elle avait augmenté de 17 % et 9 % en 2022 et 2021 tirée vers le bas par la baisse des prix des céréales. Dans le même temps, les charges augmentent de 2,5 %.

L’année 2023 a été marquée par une baisse des prix des productions végétales de 10,1 % alors que les volumes produits ont progressé de 6,1 %. La valeur de la production végétale baisse de près de 4,6 %.

Baisse des prix de 28 % en céréales

Les prix des céréales diminueraient de 28,4 % pour 2023, estime l’Insee. Les prix des fruits et légumes « font exception ». Ils augmentent respectivement de 7,5 % et 7,1 %, renchéris par la hausse des prix de l’énergie, par une forte demande en pomme et une mauvaise récolte en poire.

Les volumes produits ont progressé de 5,8 % en céréales « sous l’effet des températures moins élevées qu’en 2022 », de 24 % en protéagineux et de 12,8 % en pommes de terre. La production de fourrage rebondit (+19,7 %) après les mauvaises conditions de récoltes de 2022.

Le secteur animal porté par les prix

Du côté des productions animales, les prix progressent de 7,9 % alors que les volumes diminuent de 2,5 %, soit une croissance en valeur de 5,2 %. La baisse de production atteint 4,8 % en bovins, 6,8 % en veaux et 5 % en porcs. Le volume de production en volaille progresse de 1 %, après une baisse de 14,4 % en volume en 2022 à cause de l’épisode de grippe aviaire.

Les prix du porc ont progressé de 21,7 % et ceux des volailles et des œufs, respectivement, de 6 % et 5,5 %, tirés par une forte demande.

Des charges toujours en hausse

La consommation d’intrants a diminué de 0,9 % en volume alors que les prix ont progressé de 3,5 %. C’est moins qu’en 2022, où les prix s’étaient accrus de 22 % et les volumes repliés de 5,2 %. Le prix des aliments ne progresse que de 1 % et le prix de l’énergie baisse de 1,5 % (après une hausse de 40,6 % l’an dernier). Mais avec des disparités. Le prix du gazole non routier (GNR) a baissé de 7,5 %, alors que celui des autres produits énergétiques augmente de 12,8 % sur 2023.

Le prix des engrais est en hausse de 19,1 % (après une hausse record de 79,7 % en 2022) et les volumes consommés baissent de 17 %. La consommation d’engrais en France a été divisée par deux depuis le début des années 2000, relève l’Insee.

Prix agricoles et intrants restent élevés

Le prix des intrants, mais aussi des produits agricoles restent à des niveaux élevés, relève l’Insee. De janvier à septembre 2023, ils dépassent respectivement de 22,5 % et 21,6 %, la moyenne pour la même période (janvier à septembre) de 2018 à 2022.

Les chiffres de 2023 publiés ici par l’Insee sont provisoires et seront ajustés d’ici à l’été 2024, avant d’être publiés définitivement en décembre 2024.

(1) Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels. Selon l’Insee, la valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base (c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits) diminuée des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs se calcule en ajoutant les autres subventions d’exploitation et en retranchant les impôts sur la production à la valeur ajoutée brute. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.