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Comment le Danemark fait face au renouvellement des générations

Frank avec son père, qui lui a transmis la ferme. Il vient toujours l'aider sur l'exploitation durant les gros travaux.

La France Agricole a visité plusieurs fermes au Danemark. Le pays fait, lui aussi, face au défi du renouvellement des générations en agriculture. Deux jeunes agriculteurs livrent leur expérience.

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Au Danemark, l’agriculture est un secteur omniprésent dans le paysage : 60 % des terres sont consacrées à l’agriculture, contre 45 % en France. Mais comme partout en Europe, le pays de près de 6 millions d’habitants est confronté au sujet épineux du renouvellement des générations. En 2024, près de la moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans, d’après le site officiel de statistiques danois.

100 000 € d’aide à l’installation

Christian (31 ans) et Frank (34 ans) ont tous deux bénéficié d’une aide pour s’installer. Au Danemark, son montant est de 100 000 euros pour chaque agriculteur. L’aide a été validée dans le cadre du plan stratégique national de la Pac. C’est le maximum autorisé par l’Union européenne pour des aides à l’installation. À titre de comparaison, le montant d’aide à l’installation plafonne à 30 000 euros en France.

La différence s’explique par une particularité danoise : seuls les agriculteurs à temps plein peuvent en bénéficier. Et ils sont très peu : sur les 35 000 agriculteurs du pays, moins de 6 000 travaillent à temps plein, soit un agriculteur sur cinq. Leur part a diminué de moitié en 15 ans, d’après le site officiel de statistiques danois.

Comme en France, il faut respecter différents critères pour obtenir l’aide à l’installation : avoir moins de quarante et un an, être agriculteur à temps plein, et avoir un diplôme ou une expérience signifiante dans le secteur agricole. Cette aide, « elle m’a beaucoup aidé », assure Frank, à la tête d’une exploitation de 340 hectares de grandes cultures. Son père disposait déjà d’une ferme, donc il n’a pas eu de difficulté d’installation.

22 000 € l’hectare

Mais le prix du foncier reste important au Danemark. En 2024, il s’élève à 22 000 € en moyenne (162 000 couronnes danoises), contre 6 400 euros en France. Il est « très variable » selon les régions, explique Frank et peut aller de 13 000 € à 40 000 € l’hectare. Le pays figure à la septième place des pays européens avec le prix des terres le plus élevé. La France se positionne à la dix-septième place (sur 22). Surtout, Frank voit d’un œil inquiet la renaturation de 15 % des sols engagé par le Danemark. « Ça fera sûrement grimper le prix de la terre » prédit-il.

En exploitation familiale avec son père sur 800 hectares de petits fruits et légumes, Christian a aussi bénéficié de l’aide de 100 000 euros. À 31 ans, il balaie d’un revers de main les difficultés exprimées par certains agriculteurs danois sur l’installation. « Beaucoup disent que c’est impossible de se tirer un revenu dans le secteur agricole, mais je ne suis pas d’accord. C’est peut-être parce que parfois le prévisionnel économique n’est pas assez solide », soutient le jeune agriculteur. Même s’il admet : « les coûts [de production] sont élevés au Danemark, et les Danois ne dépensent pas beaucoup de leur budget pour l’alimentation : seulement 17 % ! »

L’agriculture est aussi une question de prévision pour le jeune chef d’exploitation qui a travaillé dans la finance. « Il y a trop de jeunes [en agriculture] qui ne savent pas anticiper comment le marché évolue ». Celui qui a fait des études de gestion d’entreprise agroalimentaire l’assure : « une ferme est une entreprise comme une autre » et doit être menée comme tel pour survivre.

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