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Des clefs pour contrer les nématodes

Les racines touchées par les nématodes, très ramifiées, ont un aspect chevelu. Cela provoque un fort affaiblissement des plantes (ici blé dur).

Les nématodes peuvent parfois faire de gros dégâts sur les cultures, et doivent prioritairement être gérés via la lutte intégrée.

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« Sur les 4 500 espèces de nématodes parasites de plantes, seule une infime proportion est connue pour entraîner des retards de croissance conséquents et des dégâts quantitatifs et qualitatifs sur les cultures », a rappelé l’Inrae dans un communiqué le 5 février 2025. Parmi ceux-ci, les nématodes à galles du genre Meloidogyne et celles à kyste des genres Globodera et Heterodera sont considérés comme les plus préjudiciables pour l’agriculture. Elles peuvent impacter les cultures maraîchères, la pomme de terre, la betterave, les céréales à paille, le maïs, la féverole, etc.

« Les nématodes phytoparasites occasionnent des coûts estimés à 100 milliards de dollars de pertes de rendement par an. Les pertes varient de 10 à 90 % selon la culture en place, l’espèce présente mais aussi la façon dont elles s’expriment dans les sols », a par ailleurs indiqué en janvier dernier Camille Chauvin, ingénieur de recherche à Elisol Environnement, lors d’un webinaire organisé par le Centre national d’agroécologie.

Ces petits « vers » ont besoin de racines vivantes pour se développer et assurer leur cycle biologique. Les attaques se traduisent souvent par la présence en foyers plus ou moins grands, de jaunissements, flétrissements ou ralentissement de croissance. Des symptômes qui peuvent être confondus avec d’autres problèmes parasitaires ou des carences. En observant les racines, il peut y avoir confirmation de leur présence avec par exemple un fort développement des radicelles avec de petites masses sphériques (kystes) ou de renflement (galles) sur les racines. L’analyse d’échantillons de plante ou de sol avant la mise en culture confirmera le diagnostic.

Les attaques se traduisent souvent par la présence en foyers plus ou moins grands, de jaunissements, flétrissements ou ralentissement de croissance. (©  Arvalis)

Lutte intégrée

« Pendant longtemps on s’est débarrassé des phytoparasites à l’aide de nématicides. Ces derniers, à spectre très large, provoquaient de gros problèmes environnementaux et ont pour la plupart été retirés (1). Et ce, d’autant que lorsqu’on les utilisait, on créait un vide sanitaire qui favorisait leur retour », rapporte le spécialiste.

Ainsi, la lutte intégrée a été de plus en plus adoptée. Elle inclut la connaissance des nématodes phytoparasites présents et de leur abondance, et l’évaluation des risques. Parmi les mesures prophylactiques, la rotation demeure souvent le levier le plus efficace.

Mais d’autres techniques peuvent aussi être mises en œuvre, telles que la lutte biologique (acarien, extrait d’ail…), la biofumigation, des couverts nématicides (tels que la moutarde)… Les variétés tolérantes sont aussi une solution couramment employée comme sur betterave et pomme de terre.

Issu d’un programme de recherche européen, le site https://www.best4soil.eu/fournit en outre des informations sur le statut d’hôte des plantes et sur la sensibilité aux dommages des cultures pour beaucoup d’espèces de nématodes. Cela permet de déterminer la rotation optimale pour les cultures envisagées.

Il faut enfin éviter de déplacer ces ravageurs sur d’autres parcelles. « La plupart du temps, ce sont nos outils ou nos bottes qui les rapportent, parfois même l’érosion », stipule Camille Chauvin.

(1) Parmi les quelques molécules restantes, on retrouve notamment le fosthiazate sur pomme de terre.

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