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Louise Courvoisier, une réalisatrice ancrée dans le terroir

Louise Courvoisier, réalisatrice du film Vingt Dieux.

Ayant grandi dans la campagne jurassienne, la réalisatrice Louise Courvoisier s’est inspirée de son vécu pour mettre en scène la jeunesse rurale dans le film Vingt Dieux, sorti le 11 décembre 2024.

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Au départ, le cinéma n’était qu’un prétexte pour partir loin. Les parents de Louise Courvoisier, musiciens, s’étaient lancés dans l’agriculture en montant une petite ferme céréalière dans le Jura. Cressia, où elle a grandi, compte 260 âmes et peu de distractions pour une adolescente. « J’ai eu envie de voir ailleurs, confie Louise Courvoisier. Alors, j’ai pris l’option cinéma au lycée Pasteur à Besançon parce qu’elle me permettait d’être prise à l’internat. Je n’y connaissais rien : j’avais vu trois films dans ma vie ! »

Là-bas, elle en visionne plein et y prend goût. Plus tard, elle intègre pour trois ans la Cinéfabrique qui vient d’ouvrir à Lyon, et touche à la fabrication – son, montage, réalisation… Une révélation. A la sortie de l’école, son premier court-métrage Mano a mano est primé par la Cinéfondation à Cannes.

Une passerelle entre la campagne et le cinéma

C’est dans sa campagne jurassienne qu’elle revient tourner son premier long-métrage de fiction, Vingt Dieux, récompensé en 2024 du prix de la jeunesse à Cannes puis du prix Jean Vigo. Pour cette épopée fromagère aux accents du terroir, elle a choisi des comédiens non professionnels. Des personnes du cru, authentiques dans « leur accent, leur manière de bouger ». « Les gens par chez moi sont souvent taiseux, mais parlent aussi par leurs regards et leurs corps », explique-t-elle. Elle a recruté des jeunes comédiens dans des comices, des BTS agricoles ou des courses de stock-cars. « Ils ont les physiques qui vont avec leurs vies », souligne celle qui a « cherché une esthétique dans le brut et pas dans le lisse », estimant que les aspérités des corps « racontent aussi quelque chose ».

Le film met en scène une ruralité que Louise connaît bien, et dont les jeunes « [la] touchent ». Elle sourit de la réaction de certains spectateurs éloignés de ce monde : « On m’a parfois dit que cela semble violent chez moi alors que je pensais avoir été soft ! Il y a des choses dont on ne se rend pas compte tellement c’est évident, culturel… Des gens qui s’explosent des bouteilles sur la tête, j’en ai vu dans mon passé de bal ! »

La justesse des personnages et des situations a été unanimement reconnue lors des projections en avant-première dans la région. Dans ce film à la fois drôle et émouvant, « la jeunesse rurale est dépeinte sans fard ni misérabilisme, touchante par la sensibilité et la vérité des personnages », salue ainsi l’interprofession du comté.

Pour Louise Courvoisier, au-delà des récompenses reçues par le film, l’une des plus grandes satisfactions est d’avoir permis « une passerelle entre deux mondes ».

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