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Il se passionne pour l’histoire rurale

Parti d'un Bepa, Anthony Hamon se passionne pour l'histoire rurale.

D’un Bepa à un doctorat en histoire, Anthony Hamon, 32 ans, a suivi un long cheminement avant de trouver sa voie.

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Tenace et persévérant : deux qualificatifs qui caractérisent Anthony Hamon au vu de son parcours singulier. Ce fils d’agriculteurs commence par préparer un Bepa en entretien et aménagement des espaces naturels ruraux à la MFR (1) de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine) puis un bac pro en alternance. « Mes parents m’ont orienté vers des études agricoles car ils ont toujours rêvé que je reprenne la ferme familiale de viande bovine et de volailles à Sainte-Anne-sur-Vilaine. J’aimais bien mais ce n’était pas ma vocation », analyse le jeune homme de 32 ans avec du recul. Il souhaite poursuivre ses études en BTS, mais ne trouve pas d’entreprise pour l’apprentissage.

Alors quoi faire ? « J’ai toujours adoré l’histoire mais sans penser, toutefois, exercer un métier dans ce domaine un jour. » Il s’inscrit pourtant en licence d’histoire à l’université de Rennes 2. Pour cet enfant de la campagne, c’est un choc culturel : « Je passais d’une commune de 800 habitants à la ville de Rennes et de la MFR de 50 personnes à une faculté de 20 000 étudiants. »

Un travail colossal

Titulaire d’un bac pro, il savait que le chemin serait difficile. « Personne ne croyait en moi, je ne voulais pas échouer. » Il décroche sa licence 3 et poursuit en master de recherche en histoire. Pour son mémoire, il se fixe deux impératifs, un sujet sur la Bretagne et sur l’agriculture, un « moyen de garder le contact avec ses racines ». Son directeur de master lui propose de s’intéresser à l’enquête ordonnée en 1866 par Napoléon III sur l’agriculture en France et à l’étranger.

« Au cours de mes recherches, j’ai réalisé l’importance de cette investigation. Elle a donné lieu à une collection de 38 volumes, soit plus de 20 000 pages de documents (2). Peu d’historiens se sont penchés sur le sujet. Pourquoi est-il si méconnu ? Cette question a guidé tout le travail de l’enseignant-chercheur qui a consacré sa thèse de doctorat en menant l’enquête dans l’enquête (L’enquête agricole de 1866, un tournant dans l’histoire agricole). « Et pourtant elle a une importance capitale. Elle a contribué à modifier l’identité agricole de la France au moment où l’ancien régime agraire était en train de s’effacer », résume l’historien.

Il lui aura fallu plus de cinq années de travail pour le comprendre. Une tâche colossale qui n’aurait pas été possible « sans les outils numériques d’aujourd’hui ». Ce labeur a débouché sur l’écriture d’une thèse de près de 900 pages. Des années de sacrifices et de solitude qui ont été récompensées le 31 mars 2023 lors de la soutenance de sa thèse par un jury qui en a souligné la très haute qualité en le nommant docteur en histoire.

(1) Maison familiale et rurale. (2) Accessible sur le site https://gallica.bnf.fr.

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