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Le changement climatique fait trembler l’apiculture

Le gel au printemps et la sécheresse de l'été ont affecté la production apicole dans le sud de la France.

Les effets du dérèglement climatique se font d’ores et déjà sentir dans le sud de la France et préoccupent la filière apicole.

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L’inquiétude des apiculteurs face au dérèglement climatique grandit. « La situation est particulièrement préoccupante pour les exploitations du sud de la France qui ont été fragilisées deux années consécutives », déclarent l’association ADA France et l’interprofession InterApi dans un communiqué de presse commun diffusé ce 28 juillet 2023.

Des disparités entre le nord et le Sud

Le changement climatique fait son nid et amène avec lui des disparités entre les régions pour la production apicole. « Les rendements restent très variables d’une région à une autre avec des rendements plus élevés dans la moitié du nord de la France », selon un rapport diffusé par l’Observatoire de la production de miel et de gelée royale en juillet 2023.

Un zoom sur les régions montre des rendements moyens annuels de 40 kg par ruche pour le Centre-Val de Loire ou 31,1 kg par ruche dans les Hauts-de-France. Derrière dans la course, l’Occitanie et le bassin méditerranéen présentent des rendements moyens respectifs de 14 kg par ruche et de 17,2 kg par ruche.

Pourquoi de telles différences ? Cette année, les régions du sud de la France ont connu des conditions climatiques défavorables à la production de miel avec du gel au printemps et la sécheresse cet été. A contrario, celles du nord ont profité de conditions climatiques favorables à la production de miel au printemps.

« Cela se perçoit dans les miellées les plus produites qui sont plutôt réalisées au printemps comme le colza, l’acacia, et toutes fleurs de printemps », précisent InterApi et ADA France. Le colza représente à lui seul 14,2 % des volumes produits à l’échelle nationale.

Un mauvais pressentiment

« L'adapation a ses limites, prévient le président de la Fédération du réseau de développement apicole, ADA France, Christophe Zimmermann. À terme, je ne pense pas qu’on arrivera à adapter le modèle actuel partout en France face au changement climatique. Nous ne parviendrons pas à maintenir un même niveau de production et certains producteurs risquent de devoir arrêter leurs activités. »

« On s’aperçoit que les transhumances sont plus longues, poursuit-il. Les apiculteurs de la Région Paca remontent au nord pour chercher les conditions de productions optimales. » Christophe Zimmerman compare la situation avec celle de l'Espagne où les transhumances des apiculteurs vers le nord induisent des concurrences d’espaces entre les producteurs. « Cela génère des tensions dans la profession, avec parfois des destructions de ruches », observe-t-il. Un phénomène qui pourrait être généralisé sur le territoire français, selon lui.

D’autres inquiétudes pour la filière

L’inquiétude sur la durabilité des exploitations apicoles en France ne se résume pas au dérèglement climatique. Les craintes sont « renforcées par le manque de visibilité sur les impacts de la réforme du système assuranciel », déplorent les auteurs du communiqué. « Si le dispositif d’indemnité des calamités agricoles venait à changer, on ne sait pas ce qu’il adviendrait de l’apiculture et à quel point l’interprofession interviendra pour soutenir les apiculteurs », s’inquiète Christophe Zimmerman. À cela s’ajoutent les hausses de certaines charges de production en 2022 (cadres de ruches, sirop, etc.), et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.

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