Malgré la crise, le besoin en protéines bio reste important
La France est loin d’être autosuffisante en protéines bio. Le besoin reste important pour alimenter les élevages.
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En 2022, la surface d’oléoprotéagineux bio s’établissait à 15 788 hectares. « On a observé une forte hausse de la surface d’oléagineux en cinq ans, constate Claire Ortega, de Terres Univia, le 15 mars 2024 à l’occasion de la conférence Proléobio Centre et Ouest. Entre 2021 et 2022, elles ont fait un bond de 28 % principalement en lien avec des prix élevés au moment des semis. La surface en soja a progressé de 22 % du fait des bons résultats de la culture en 2021. » La surface de protéagineux a quant à elle diminué, notamment en lentille, féverole et pois, en lien avec les stress biotiques et abiotiques qui impactent la production.
Après avoir connu une forte hausse depuis 2012, le marché des grandes cultures biologiques recule depuis 2020, en raison d’une baisse de la consommation. Cette baisse concerne notamment les produits de la filière oléoprotéagineuse :
- –10 % sur les huiles alimentaires,
- –13 % sur les soyfood (produits à base de soja).
« La tendance se serait poursuivie en 2023, avec notamment des baisses sur les consommations d’huiles de tournesol et de colza, mettant à mal ces marchés », avance la spécialiste. En légumes secs, les difficultés se rencontrent davantage sur l’offre (difficultés techniques pour produire) que sur les débouchés.
Pas de déclassements en soja et protéagineux
L’alimentation animale reste le principal débouché des grains bio, toutes espèces confondues. Comme en 2021-2022 et 2022-2023, la collecte dépassera à nouveau un million de tonnes sur la campagne de 2023-2024, avec notamment sur les six premiers mois un augmentation de 34 % en protéagineux et de 13 % pour les oléagineux. Selon Claire Ortega, d’importants volumes seront déclassés sur la campagne de 2023-2024, avec plus de 150 000 tonnes toutes graines confondues. « En 2022, une carte a été jouée à l’exportation pour les cultures sur lesquelles nous étions excédentaires, pour chercher une meilleure valorisation. Les autres marchés bio allaient alors bien, rapporte-t-elle. C’est moins le cas en 2023, où on constate des exportations de graines davantage poussés à des prix équivalents au conventionnel. »
Le soja et les protéagineux ne sont pas concernés par ces déclassements. « Ils sont relativement épargnés car on manque de protéine à l’échelle nationale. Tournesol et colza ont, eux, connu des déclassements », précise-t-elle. La demande et les différentiels de prix entre bio et conventionnels en protéagineux se sont en effet maintenus en 2023-2024. La production de tourteaux de soja bio est, quant à elle, déficitaire en France : plus de la moitié de la consommation est importée.
Deux profils de triturateurs
« La majorité de la production nationale d’oléagineux bio est triturée en France », souligne Claire Ortega. Deux profils d’usines se distinguent : les premières ont pour objectif de produire du tourteau pour alimenter les usines de FAB. « En général, elles triturent du soja », précise l’experte. Malgré les difficultés de marché en 2023-2024, elles ont maintenu les volumes transformés. Les autres sont orientées vers une valorisation de l’huile avec mise en bouteille. « Celles-là ne triturent généralement pas de soja, et elles ont réduit les volumes pour éviter des pertes en déclassement. »
L’experte souligne toutefois trois projets d’investissement dans des outils de décorticage du tournesol. Le but est d’augmenter la teneur en protéines des tourteaux, en lien avec l’évolution de la réglementation. Elle n’autorise plus, depuis 2024, l’utilisation de 5 % de matière première conventionnelle en alimentation animale bio.
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