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Céréales Début d’assainissement en blé

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Peu de variations pour les prix des blés de l’ancienne récolte, à 158 €/t rendu Rouen pour la qualité meunière, alors que les cotations de la nouvelle campagne se sont plutôt renchéries, de 1 €/t à Rouen à 162 €/t pour le blé meunier et 161 €/t pour le blé fourrager. L’échéance de septembre d’Euronext, elle, a gagné 1,5 €/t à 170 €/t. Cette petite hausse a été permise par un léger affaissement de l’euro et s’est produite dans la lignée des autres évolutions observées sur le marché mondial pour les principales origines (allemandes, russes, américaines notamment).

Un bilan mondial moins lourd pour le blé

Le marché du blé a en effet réagi, modérément, cette semaine à la publication par l’USDA des premiers bilans d’offre et de demande pour la campagne de 2017-2018. Le ministère américain de l’Agriculture prévoit que les stocks mondiaux de blé n’augmenteront presque pas au cours de la prochaine campagne (+3 Mt seulement).

 

C’est une hypothèse que l’on peut juger un peu élevée. Nous attendons de notre côté une petite chute, et une baisse non négligeable chez les principaux pays exportateurs. En effet, la production de blé va chuter nettement aux États-Unis cette année et elle aura du mal en Russie et en Ukraine à reproduire les mêmes bonnes performances que l’an dernier.

 

Ces éléments, malgré la hausse de production attendue en France et dans l’Union européenne (UE) ainsi que le rebondissement en Inde et au Maghreb, vont entraîner une chute de la production mondiale. Or, en fonction des prix déjà cotés pour les échéances à venir, le blé garde pour l’instant une bonne demande en vue dans les secteurs animaux et industriels.

Accord entre Russie et Turquie

Un autre point important cette semaine : la Russie et la Turquie semblent avoir réglé leur différend et le gouvernement turc a annoncé la reprise des importations de blé russe dès la semaine prochaine. Il s’agit plutôt d’un élément baissier pour l’UE mais si l’on revient sur cette saga des derniers mois, un enseignement ressort : les meuniers turcs ont appris à « goûter » à des blés européens qu’ils connaissaient mal (roumains et baltes) et les ont appréciés. Même si la Russie domine largement ce débouché turc, les meuniers de ce pays regarderont désormais avec un peu plus d’intérêt les disponibilités de bonne qualité de l’UE.

 

Du côté climatique, le début du mois de mai a permis de relever les niveaux d’humidité des sols même si la situation reste assez déficitaire dans plusieurs régions françaises. Ceci constitue un élément qui a modéré la hausse des prix de la nouvelle récolte. En ancienne, le bilan de blé français reste caractérisé par des stocks qui seront faibles en fin de campagne.

 

Il reste à savoir toutefois si tous les bateaux prévus vers l’Asie du Sud-Est se matérialiseront bien. L’Algérie a acheté cette semaine 470 000 tonnes de blé tendre d’origine optionnelle. Cet achat pourra porter en partie sur des blés français de la récolte de 2016 mais pour livraison principalement à partir de juillet, l’origine mer Noire pouvant aussi constituer une bonne partie de l’offre.

Inquiétude pour les orges de printemps au Royaume-Uni

Les orges fourragères ont évolué en ordre dispersé : leur prix est resté stable à Rouen (à 138 €/t) mais a baissé de 2 €/t en Fob Moselle (à 128 €/t). Pas de changement pour les cotations brassicoles de l’ancienne récolte : les achats des malteurs en orge en 2016 sont terminés. Mais les cotations d’hiver des orges brassicoles ont perdu 2 €/t.

 

Cette baisse apparaît cohérente en fonction de l’accroissement attendu de l’offre brassicole d’hiver cette année. En printemps, petite inquiétude : il fait sec au Royaume-Uni et le développement des orges de printemps n’est pas optimal. Comme en blé, l’Algérie a animé le marché de l’orge cette semaine avec un achat de 75 000 tonnes, pour livraison juillet.

Une situation qui reste lourde en maïs

Sur le marché du maïs, les cours sont en hausse de 2 €/t pour le Fob Rhin à 172 €/t dans la foulée des cotations américaines et argentines. Cette remontée peut être attribuée à la confirmation en France d’une faible surface semée en maïs cette année et à la publication de l’USDA qui a annoncé une baisse non négligeable des stocks mondiaux de maïs pour la prochaine campagne.

 

Cette réaction des prix devrait être de courte durée car le bilan mondial de maïs restera quand même, sauf grave problème climatique, encore très lourd et pesant pour les prix. À suivre : les conditions climatiques du printemps dans l’hémisphère Nord, l’UE et la Russie notamment

Petite hausse du colza

Cette semaine, malgré des conditions climatiques plus humides et plus chaudes que les semaines précédentes, bénéfiques pour le développement des cultures, le prix du colza remonte légèrement sur le marché européen, soutenu par la faiblesse des disponibilités sur la fin de campagne et par le rebond du cours du pétrole (+5 % cette semaine). Le colza reste incoté en rendu Rouen. Le prix Fob Moselle progresse de 2 €/t sur la semaine à 390 €/t. Sur Euronext, l’échéance d’août regagne 2,25 €/t à 368,28 €/t.

 

Le prix du canola à Winnipeg recule légèrement sur le rapproché, à 378 $/t le 11 mai (-2,25 $/t). Les conditions restent encore très humides et limitent la progression des travaux. Le temps devra rapidement passer au sec pour permettre aux agriculteurs d’entrer dans les champs. Dans le Saskatchewan, les surfaces semées atteignent 11 % des intentions seulement contre 16 % en moyenne quinquennale.

 

Par ailleurs, des surfaces non récoltées à l’automne dernier en raison de chutes de neige précoces restent à moissonner. Dans ces champs, la qualité des grains est très incertaine et l’accès pour les semis sera anormalement retardé. Dans le Manitoba, la situation est plus favorable, avec 20 à 25 % des surfaces déjà semées. Le temps a été sec, chaud et venteux cette semaine, permettant l’assèchement progressif des surfaces. Néanmoins, il reste des zones encore difficiles d’accès.

 

La graine de tournesol est inchangée à 355 €/t à Saint-Nazaire. En Ukraine, les semis progressent bien, et atteignent 83 % des intentions. Le temps est plus clément et favorise l’avancée des travaux.

Recul des prix du soja

Les cours du soja à Chicago ont reculé de 3 $/t sur la semaine, sous la pression des disponibilités sud-américaines. En effet, les bourses de Rosario et Buenos Aires ont toutes deux relevé leurs estimations de la récolte de soja argentine de cette année pour tenir compte des excellents rendements alors que la récolte progresse. Deux tiers des surfaces de soja sont désormais récoltés en Argentine. La production de soja pourrait donc dépasser 57 Mt (estimations comprises entre 55 et 56,5 Mt auparavant).

 

Au Brésil, l’estimation officielle du gouvernement a été également relevée cette semaine : l’agence de statistiques Conab a remonté la production de soja à 113 Mt, contre 110,2 Mt auparavant. Par ailleurs, l’USDA a publié cette semaine sa première estimation des bilans mondiaux de soja pour la campagne à venir (2017-2018). La situation apparaît conforme à nos attentes : les bilans mondiaux de soja devraient rester confortables, avec des stocks mondiaux qui diminueront peu.

 

Les tourteaux de soja ont suivi la graine sur le marché de Chicago où ils perdent 3 $/t cette semaine (à 343 $/t). En revanche, ils augmentent de 4 €/t à Montoir (à 338 €/t). Dans un premier temps le tourteau de soja est tombé à 330 €/t avant de remonter brusquement, ces niveaux de prix attractifs entraînant une demande accrue des acheteurs de matières pour la fabrication d’aliments composés.

 

Enfin, les cours du pois fourrager départ Marne ont perdu 5 €/t cette semaine à 210 €/t.

 

À suivre : conditions climatiques en Amérique du Nord et en Europe, rétention des agriculteurs brésiliens

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