Le rachat d'une partie de Fonterra par Lactalis inquiète en Océanie
La coopérative laitière néo-zélandaise Fonterra cède ses marques destinées aux consommateurs au groupe français Lactalis. Le bonheur des uns, les coopérateurs détenteurs de parts qui vont se voir retrocéder une bonne partie du montant de la vente, fait l’inquiétude des autres, en Australie.
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D’une rive à l’autre de la mer de Tasman, qui sépare l’Australie de la Nouvelle-Zélande, la nouvelle est accueillie différemment. Après avoir avancé à petits pas lors de l’hiver austral, la reprise par Lactalis des marques grand public du néo-zélandais Fonterra, évoquée régulièrement depuis des années, s’est conclue le 22 août 2025.
En juillet, l’autorité australienne de la concurrence avait donné son feu vert. Et le 30 octobre 2025, les agriculteurs de la coopérative laitière néo-zélandaise ont voté en faveur de la cession, pour un deal de 4,2 milliards de dollars néo-zélandais (quelque 2,1 milliards d’euros).
1,6 milliard d'euros reversé aux agriculteurs adhérents de la coopérative
Les éleveurs laitiers kiwis se frottent les mains. La coopérative a promis à ses membres une large redistribution. Dans un e-mail adressé aux membres de la coopérative, que La France Agricole a pu consulter, Fonterra annonce une rétribution d’un euro pour chaque part détenue, soit 1,6 milliard d’euros reversés aux quelque 9 000 familles qui détiennent la coopérative.
Cette cession permet aussi de se séparer de la branche la moins bénéficiaire de la coppérative laitière pour se concentrer sur les activités aux meilleurs profits. Une stratégie qui trouve de l’écho parmi les agriculteurs à l’heure où ils sont pointés du doigt par l’opinion publique néo-zélandaise, à la suite de l’essor du prix du beurre (plus de 50 % d’augmentation sur la dernière année).
Menace sur les prix à la production
En Australie, à l’inverse, la cession inquiète. Certes, l’autorité de la concurrence a estimé en juillet qu’une telle opération ne bouleverserait pas la structure du marché, estimant que Lactalis aurait toujours à faire face à la concurrence du canadien Saputo et de l’américain Mondelez dans les grandes régions de production laitière, notamment dans l’État de Victoria.
Cette position n’a pas rassuré les exploitants. Ben Bennett, le président du principal syndicat des producteurs laitiers, l’ADF, y voit « une menace importante pour les prix à la production, en particulier dans un contexte de diminution des réserves de lait ». Le secteur traverse une période particulièrement délicate. Le sud du pays a connu des semaines de sécheresse, le nord-est a été affecté par des inondations historiques.
Les coûts explosent et le prix proposé par les transformateurs est au plus bas, 8,60 dollars australiens (4,80 euros) par kg de matière sèche, soit moins qu’en 2023. Ce niveau ne permet pas aux producteurs de rentrer dans leurs frais, selon les organisations professionnelles. Du côté du volume, le pays prévoit une production de 8,24 milliards de litres sur l’année en cours, soit près de 3 milliards de moins que dans les années 2000.
Vers une hausse des besoins en lait
Certains exploitants préfèrent cependant voir le verre de lait à moitié plein, comme Paul Weller, directeur du conseil des fournisseurs australiens de Fonterra. « Si Lactalis met plus de trois milliards sur la table, c’est qu’ils sont sérieux et ils voudront du lait », rassure-t-il, espérant voir les incertitudes se dissiper rapidement.
Après le vote favorable des coopérateurs, le président de Fonterra, Peter McBride, a déclaré que la coopérative était ravie d’avoir reçu un « mandat fort » de la part des agriculteurs qui en sont membres. Le ministre des Affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, Winston Peters, a, quant à lui, déclaré que ce vote était une « pure folie ». L’accord devrait être conclu au premier semestre de 2026, selon Fonterra.
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