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La compétitivité des entreprises grande oubliée des débats sur la souveraineté

« On a l’impression qu’on peut résoudre tous les problèmes des revenus des différents maillons des filières alimentaires par le prix sauf que le revenu d’un acteur économique, c’est la différence entre un prix et un niveau de charge », argumente François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil).

Pour Layla Rahhou, de la Fédération du commerce et de la distribution, et François-Xavier Huard, de la Fédération nationale de l’industrie laitière, le manque de compétitivité de la ferme France n’est pas assez pris en compte dans les débats sur la souveraineté alimentaire.

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Est-ce que la guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution peut contribuer à la hausse de nos importations ? C’est la question posée à Layla Rahhou, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), lors d’un débat sur la souveraineté alimentaire organisé le 7 juin 2024 par le groupe de réflexion Agridées.

« Le sujet des importations est surtout une question de compétitivité de la ferme France, mais c’est aussi un sujet de capacité des Français à suivre une évolution de l’offre qui est dictée par les choix de l’État, et par les normes environnementales ou les normes de qualité », a-t-elle ajouté. Layla Rahhou pointe un « essoufflement » des produits premium, pour lesquels les distributeurs observent un « effondrement » des volumes vendus.

Elle considère qu’il faudrait davantage adapter la production agricole à la demande. « Il faut identifier quelles sont les évolutions de consommation et les besoins de demain pour savoir quelle agriculture on doit produire, et quelle industrie mettre en œuvre pour suivre la consommation et ne pas être uniquement dans une politique de l’offre, mais aussi d’adaptation à la demande. »

Tous les problèmes ne se résoudront pas par le prix

Pour François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil), également interrogé lors du débat, le sujet de la compétitivité des entreprises est « l’angle mort des débats ».  « On a l’impression qu’on peut résoudre tous les problèmes des revenus des différents maillons des filières alimentaires par le prix sauf que le revenu d’un acteur économique, c’est la différence entre un prix et un niveau de charge », lance-t-il. « Or on sait pertinemment, et je me place du côté des acteurs que je représente, les laiteries, les fromageries sur le territoire, nous ne sommes actuellement pas compétitifs par rapport à des acteurs étrangers. »

Il estime qu’il faut travailler sur les charges, tout en balayant la proposition du président de la République de mettre en place des prix planchers. « On parle de prix planchers sauf qu’il n’a pas de réalité économique, il y a autant de prix planchers qu’il y a d’entreprises », estime-t-il.

Débats politiques en suspens

La question des prix planchers, ou plutôt d’une meilleure prise en compte des coûts de production des agriculteurs dans les négociations commerciales, était un des sujets centraux de la mission parlementaire confiée aux députés Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babault (Modem). Mais pour l’instant, avec la dissolution de l’Assemblée nationale et les nouvelles élections législatives à venir, les débats sont mis en pause.

Il en est de même pour la loi d’orientation agricole. La FNSEA demandait qu’un volet sur la compétitivité des entreprises, notamment avec des baisses de fiscalité, soit intégré au projet de loi, mais la dissolution de l’Assemblée nationale rend son avenir incertain.

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