Les négociations commerciales se clôturent dans un contexte tendu
Les négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels sur les prix en rayons se sont achevées le 31 janvier 2024 au soir, dans une ambiance encore tendue par le mouvement de colère des agriculteurs inquiets pour leurs revenus.
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La crise agricole pousse l’État à être particulièrement attentif à ces discussions entre fabricants et commerçants de produits de grande consommation dans le cadre des négociations commerciales annuelles qui se sont clôturées le mercredi 31 janvier 2024.
Lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale mardi, Gabriel Attal a mentionné la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), dont les inspecteurs s’assurent que les contrats que doit signer avant mercredi minuit la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels respectent le cadre légal.
L’ampleur des contrôles relativisée
« Dès la semaine dernière, 100 inspecteurs de la DGCCRF supplémentaires ont commencé leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu’auparavant », a-t-il notamment déclaré.
Solidaires CCRF & SCL, premier syndicat au sein de ce service dépendant du ministère de l’Économie, a relativisé l’ampleur de ces contrôles lundi en rappelant que la DGCCRF avait perdu 1 000 agents en 15 ans, selon lui, les effectifs seraient ainsi passés de 3 656 agents en 2007 à 2 624 fin 2021. Il précise qu’un peu plus d’une centaine d’agents devaient contrôler « plusieurs dizaines de milliers d’opérateurs », dont plus de 17 000 agro-industriels.
Des négociations avancées
Chaque année, des négociations commerciales ont lieu entre les entreprises agroalimentaires (du petit producteur de charcuterie aux géants Unilever, Nestlé ou Coca-Cola) et leurs clients supermarchés (E.Leclerc, Carrefour, Intermarché ou Système U). Ils doivent s’accorder sur les conditions de vente d’une large part des produits vendus en grandes surfaces le reste de l’année.
Sont ainsi décidés le prix d’achat par les supermarchés aux fabricants, la place attribuée aux produits en rayon et un éventuel calendrier promotionnel…
Les négociations se terminent habituellement le 1er mars mais ont été avancées cette année par le gouvernement qui espérait ainsi que sont répercutées plus vite dans les rayons les baisses de prix de gros de certaines denrées.
Des négociations impactées par la mobilisation agricole
La situation reste « compliquée » entre les parties à quelques heures de la fin des négociations « parce qu’il y a moins de temps », a estimé mercredi en début de soirée Jean-Philippe André, président de la principale organisation représentative des agro-industriels, l’Ania.
« Le contexte a beaucoup changé en l’espace de quatre ou cinq mois », a-t-il ajouté : en juillet, la priorité était de « baisser » les prix mais depuis une semaine, c’est « respecter les matières premières agricoles ».
Les professionnels ont averti qu’il ne fallait pas s’attendre à des baisses de prix massives ou généralisées, alors que le panier des Français en grande surface leur coûte en moyenne 20 % plus cher qu’il y a deux ans. Il semble très improbable que les baisses de tarifs soient d’une ampleur comparable à ces hausses.
« Personne ne connaît encore le résultat » des négociations et seulement un tiers des contrats ont été signés à date, a indiqué mercredi sur France Info Richard Pancquiault, le directeur général de l’Ilec qui porte en France la voix des très grands industriels. Il attend « des baisses », mais « la majorité des produits sera en légère hausse ».
Pas encore d’estimation sur le niveau d’inflation
« On va aboutir à 2 ou 3 % de hausse » de tarifs en moyenne à l’issue des discussions avec les gros fournisseurs, a de son côté estimé Jacques Creyssel, délégué général de la FCD qui représente la grande distribution, mercredi matin sur Radio Classique.
Jean-Philippe André de l’Ania prédit, lui, qu’on aura « plutôt une tendance à une déflation » avec des prix baissant d’environ 1 %.
Les éventuelles estimations moyennes de hausse (ou baisse) de tarif ne permettent pas de présumer du niveau d’inflation dans les rayons des grandes surfaces, puisque ce sont les distributeurs qui fixent le prix facturé aux consommateurs, en rognant plus ou moins sur leurs marges.
Il sera peut-être compliqué de se réjouir de baisses de prix en plein mouvement de colère des professionnels de l’agriculture. Certaines organisations, à commencer par la FNSEA, ont reproché au gouvernement de trop se concentrer sur la lutte contre la flambée des prix dans les rayons des supermarchés, plutôt qu’à la préservation du revenu des agriculteurs.
Ce dernier est pourtant théoriquement mieux protégé par plusieurs lois adoptées ces dernières années, à condition que les autorités soient en mesure de détecter, contrôler et mettre à l’amende d’éventuels manquements.
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