Login

La FCO et la MHE menacent les élevages

Le sérotype 8 de la FCO a un taux de mortalité ravageur.

Les éleveurs sont inquiets et les autorités sanitaires sur le qui-vive. La France prépare ses moyens de lutte contre la maladie hémorragique épizootique (MHE) et les sérotypes 3 et 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO), en misant notamment sur la vaccination.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La question n’est plus de savoir si les virus exotiques vont arriver dans l’Hexagone, mais plutôtquand. Les risques se multiplient et les autorités sanitaires en prennent la mesure. « La France se prépare », affirme Stephan Zientara, vétérinaire et virologue à l’Anses. Preuve en est, un décret a été publié au Journal officiel le 7 juillet 2024, fixant les mesures de surveillance, de prévention et de lutte contre le sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) sur le territoire métropolitain.

Vaccination, zone régulée, tests PCR… Tout y est pour tenter de faire face à la FCO 3, qui se répand aux Pays-Bas via son vecteur, les culicoïdes. « Les Néerlandais vaccinent depuis plus d’un mois. Si cette vaccination est efficace, nous pouvons espérer que le virus ne s’étende pas à la Belgique et à l’Allemagne. »

Dans le doute, les autorités sanitaires françaises préparent leurs armes. « Environ quatre millions de doses de vaccins ont été commandées pour limiter les effets cliniques. » Le ministère de l’Agriculture le confirme : « Des commandes de vaccins dans le cadre d’un marché d’urgence impérieuse sont en cours. » De plus, « les animaux sont immunologiquement naïfs, c’est-à-dire qu’ils n’ont jamais connu cette maladie. Les symptômes peuvent donc être plus sévères », craint le virologue de l’Anses.

Risque de forts cas cliniques

De lourds symptômes, c’est aussi ce que promet le sérotype 8 de la FCO, au taux de mortalité ravageur. Il a fait une entrée fracassante dans les Pyrénées-Orientales au début de juillet. Les élevages de la vallée de Vallespir ont essuyé de forts cas cliniques, jusqu’à perdre près d’un tiers du troupeau ovin. « Le seul outil efficace est la vaccination. Certaines doses permettent de réduire l’intensité des signes cliniques », recommande Stephan Zientara.

Pourtant, le vaccin est insuffisamment utilisé sur le terrain. David Ngwa-Mbot, vétérinaire au GDS France, constate de nombreux freins (lire l’encadré). « La détection des virus dépend du niveau de sensibilisation des acteurs. Des zones qui ne sont pas confrontées à la maladie auront moins tendance à la suspecter et à mettre en place une lutte préventive. » La réactivité face aux cas détectés a également son importance. Or, en période de pâturage, le suivi des animaux est plus difficile. « Il y a parfois un retard de déclarations, ce qui ne veut pas dire que le virus ne circule pas. »

La maladie hémorragique épizootique (MHE) s’était répandue à une vitesse éclair au dernier semestre de 2023. Cette année, deux nouveaux foyers ont été détectés, en juin dans le Gers et en Haute-Garonne. « Nous savons pertinemment que la hausse des températures va favoriser la propagation de la MHE mais nous ne savons pas quand ça va flamber. »

Pour l’heure, la reprise épidémique n’est pas encore observée.Des paramètres sont à prendre en compte : la saison estivale est favorable aux vecteurs (culicoïdes) et « plus les températures augmentent, plus le virus va se multiplier à l’intérieur du vecteur. Une piqûre de culicoïde sera davantage contaminante », explique David Ngwa-Mbot. L’immunité de masse ralentit la diffusion de la MHE. « L’impact de la maladie pourrait être moins important cette année, selon l’immunité de masse qui existe déjà sur la partie sud-ouest de la France, précise Stephan Zientara. En revanche, si le virus s’étend plus au Nord, des cas cliniques risqueraient d’apparaître dans les élevages qui n’ont pas été infectés jusque-là. »

Un vaccin MHE pour septembre

À l’échelle nationale, le mot d’ordre est la surveillance. Selon David Ngwa-Mbot, « c’est toujours une course contre la montre. L’éradication est très difficile sur ces maladies vectorielles. Selon l’impact clinique sur les animaux, il faudra moduler les mesures de lutte. » À l’automne 2023, le commerce des animaux — notamment bovins — de la zone régulée MHE a été fortement perturbé. Le ministère de l’Agriculture assure qu' « un vaccin est en cours de développement. Pour le moment, les mesures de gestion de la MHE restent inchangées. »

« Le vaccin devrait arriver en septembre », précise le vétérinaire de GDS France. Plusieurs paramètres vont moduler sa disponibilité, notamment le prix, les chaînes logistiques jusqu’aux zones à risque et la volonté des éleveurs d’y avoir recours. « Dès lors que les animaux seront vaccinés, il n’y aura plus de contraintes sur le transport. C’est le meilleur moyen de protéger les élevages », souligne David Ngwa-Mbot. Il s’agit ici d’un « travail collectif d’anticipation. En parallèle, il est indispensable d’investir dans la recherche sur ces maladies exotiques qui vont arriver de plus en plus avec le réchauffement climatique. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement