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Noël sanglant pour des brebis de Haute-Marne

24 brebis sur les 28 appartenant à Gabriel Binon ont été vraisemblablement tuées par un loup à Sarrey en Haute-Marne pendant la nuit de Noël.

Un lot de 28 brebis a été décimé par les loups, à Sarrey au nord de Langres en Haute-Marne. Le département, en zone de colonisation vient d’emblée talonner les zones historiques du Sud-Est en termes de dégâts sur les troupeaux, avec près de 800 victimes pour l’année 2025.

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Gabriel Binon n’est pas prêt d’oublier le 25 décembre 2025. Cette nuit-là, sur la commune de Sarrey en Haute-Marne, il a perdu plus de 19 brebis dévorées par les loups, trois ont dû être euthanasiées, et la survie d’une autre est encore incertaine. Il ne reste que quatre rescapées de ce massacre. « Ce sont des brebis solognotes avec lesquelles je fais de la prestation de service pour de l’écopâturage, explique-t-il. À Sarrey, elles étaient sur une parcelle qui appartient à mon père et comme le siège de l’exploitation est éloigné, j’avais installé une caméra. Cela nous a permis de distinguer le passage du prédateur. »

Les agents de l’Office français de la biodiversité, sont venus constater les dégâts. Leurs observations seront analysées avant de reconnaître ou non la responsabilité du prédateur, mais la taille des morsures laissait peu de place au doute. « Nous avions pourtant installé une clôture électrique au-dessus du grillage, mais le fonctionnement de celle-ci était affaibli par la chute d’une branche, ajoute Gabriel Binon. Il est possible que le loup ait détecté ce dysfonctionnement, car nous n’avions jamais eu de problème auparavant. »

Le département de la Haute-Marne a connu une année noire en termes de prédation des loups. Une meute a été officiellement reconnue et des pièges photo ont montré une louve suivie de 7 louveteaux. « Ils ont tué 800 animaux domestiques au cours de l’année, s’insurge Samuel Guenin, de la FDSEA. Cela nous classe directement parmi les départements les plus prédatés de France. 47 éleveurs ont été touchés. » Deux veaux ont été retrouvés morts, mais la responsabilité du loup n’a pas été reconnue. Un poney en revanche sera indemnisé.

130 nuits d’affût

De multiples actions ont été menées au cours de l’année. Les louvetiers sont venus en appui pour la surveillance des troupeaux « Ils ont assuré ainsi 130 nuits d’affût en plus de la brigade loup, explique-t-il. Pour autant, les louvetiers ou les agents n’ont vu un loup qu’une seule fois et ils n’étaient pas en position de pouvoir le tirer. Notre terrain est beaucoup moins favorable que celui de la montagne pour cela. »

Samuel Guenin insiste aussi sur le fait que peu d’éleveurs disposent d’un permis de chasser et qu’ils n’ont pas le temps de surveiller les prédateurs dans la mesure où ils travaillent 12 à 15 heures par jour.

Des clôtures en test

Les éleveurs se sont toutefois adaptés en mettant en place des mesures de protection. Certaines sont actuellement en test. « Il s’agit de clôtures fixes, explique Samuel Guenin. Elles comprennent un grillage de type Ursus au-dessus duquel sont installés deux fils électriques. Nous plaçons aussi un fil barbelé au pied du dispositif plutôt qu’un fil électrique qui demande beaucoup trop d’entretien de la végétation. De nombreux exploitants s’inquiètent aussi car au bout de trois attaques, deux moyens de protection devront être mis en place pour prétendre aux indemnisations. »

David Thenail, directeur de la coopérative Cobevim, est également très soucieux pour l’avenir de la filière. « Beaucoup d’éleveurs n’en peuvent plus de ces attaques, explique-t-il. Comment pourra-t-on intéresser les jeunes à cette production dans ces conditions », interroge-t-il.

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