Prédation Premières attaques de loup en Bretagne
À la fin d'octobre un loup a tué des brebis dans plusieurs troupes ovines des monts d'Arrée. Des mesures d'urgence se mettent en place et un comité loup devrait se dérouler au début de décembre en présence de nombreuses associations.
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« En rentrant mes brebis tous les soirs, j’ai fermé le restaurant », déclare ironiquement Gilles Morvan à la tête de 1700 brebis à Lopérec dans le Finistère. En quelques jours, à la fin d’octobre, un loup a attaqué son troupeau à plusieurs reprises et tué une vingtaine de brebis. Cinq à six troupes ovines dans les monts d’Arrée sur les communes de La Feuillée, Huelgoat ont aussi fait les frais du passage du prédateur. Ce dernier avait d'ailleurs été piégé par un appareil photo au printemps 2022 dans le département.
« Le mode opératoire du loup est caractéristique et impressionnant, ajoute l’exploitant. Il égorge, puis il retire les viscères de sa proie avant de la consommer pour son besoin quotidien. » À chaque attaque, il a mangé entre 5 et 7 kg de viande. C’est la raison pour laquelle l’animal est vraisemblablement seul. L’Office français de la biodiversité (OFB) est venu constater les attaques. La responsabilité du loup n’a pas été écartée.
Pris de court par l'arrivée du prédateur
« Je m’attendais à ce que le prédateur arrive, mais pas avant cinq ou six ans, indique Gilles Morvan, qui est aussi le représentant départemental à la Fédération nationale ovine (FNO). Je suis la progression du loup en France depuis 20 ans. La zone des monts d’Arrée constitue un territoire idéal pour lui. La région est peu peuplée et la forêt, difficilement pénétrable à certains endroits, lui offre de quoi se cacher facilement. »
L’exploitant a prévu d’installer des mesures de protection (des parcs de nuit et des chiens de protection) autour de son troupeau. « Je pensais déjà acheter des patous, car il faut deux ou trois ans pour qu’ils soient aguerris à la protection, explique-t-il. Le loup nous a pris de court. Nous sommes obligés de nous adapter. Des aides d’urgence vont être mises en place. Elles ne couvriront pas la totalité des investissements. »
"Apprendre à vivre sans prairies permanentes"
Des exploitants à la tête de petites troupes conduites en plein air intégral ont déjà fait savoir qu’ils arrêteraient l’élevage si les attaques s’intensifiaient. « S’il va nous falloir apprendre à vivre avec les loups, je crains qu’il faille aussi apprendre à vivre sans prairies permanentes, déplore l’exploitant. Car sans élevage ces prairies vont retourner à la friche. »
Un comité loup doit se tenir dans le département au début de décembre. De nombreuses associations ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles souhaitaient participer à la réunion. "J'espère que le débat sera constructif, ajoute Gilles Morvan. L'affrontement ne rapporte rien à personne."
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