Les opposants à l’accord avec le Mercosur toujours mobilisés
La Fédération nationale bovine, la FNSEA, le syndicat des betteraviers français CGB ou encore Interbev ont réitéré leur opposition à l’accord avec le Mercosur avec le soutien de plusieurs députés près de l’ambassade du Brésil à Paris.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Ce serait imminent mais aucune date n’a encore filtré. La décision de la Commission européenne sur le processus de ratification de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur est attendue avec crainte par toute la profession. Le 9 juillet 2025, à un jet de pierres de l’ambassade du Brésil à Paris, la FNB (Fédération nationale bovine) s’est entourée de la FNSEA, de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) ou encore d’Interbev pour réaffirmer son opposition à l’accord commercial avec le bloc économique sud-américain.
La profession n’était pas seule, plusieurs députés de différents groupes politiques avaient eux aussi fait le déplacement. Le lieu choisi pour cette manifestation n’est pas fortuit. « Ce n’est pas un hasard, car c’est bien de là, du cœur du Mercosur, que risquent d’arriver des tonnes de viande produites selon des méthodes que nous refusons », estime Jean-François Guihard, le président d’Interbev.
Maintenir la pression
« Nous savons qu’il y a une volonté à Bruxelles de passer en force, fustige Patrick Benezit, président de la FNB. Notamment sur le fait de scinder l’accord entre la partie politique et commerciale », précise-t-il. En effet, en l’état, il s’agit d’un accord mixte qui nécessite l’unanimité des États membres et donc un vote des députés et sénateurs nationaux, ce qui serait l’échec assuré.
En scindant l’accord, la partie commerciale pourrait être votée à la simple majorité qualifiée des États membres, sans passer par les représentations nationales. « Si la France s’oppose à ce que l’accord soit scindé, le processus de ratification sera très différent », espère-t-il. Nous attendons que la position de la France soit extrêmement claire ». Les déclarations d’Emmanuel Macron à la télévision brésilienne, laissant entendre qu’un accord sous condition était envisageable n’ont pas plu. « Nous avons senti quelques failles dans les discours, notamment à l’occasion de la visite du président Lula, même si les choses ont été un peu reprises au cours du déplacement du président dans l’Aveyron », analyse Patrick Benezit.
Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, veut lui faire quelques rappels. « Ce n’est pas un sujet de volume, pas un sujet technique. Il ne faut pas se tromper, c’est un sujet éminemment politique dans lequel l’Europe doit réaffirmer que faire du commerce, ce n’est pas le faire avec des règles de contrainte pour ses producteurs et les passe-droits pour le reste de la planète. Pour nous les contraintes, pour eux le business et les marchés, ça ne marche pas », insiste-t-il.
Anticipant un scénario dans lequel l’accord passerait seulement devant les députés européens, Arnaud Rousseau lance un message. « Il y a 80 députés en France et ils sont dans vos départements. Prenez rendez-vous avec eux, quelle que soit leur couleur politique, appelle-t-il. Le vote de chacun sera scruté à la lettre. On ne peut pas avoir un discours lorsque l’on est en France avec les acteurs de terrain et s’arranger à Bruxelles. »
Une menace nommée Cour de justice européenne
Plusieurs députés et sénateurs ont également pu s’exprimer devant les participants. C’est notamment le cas de Dominique Potier, député socialiste de la Meurthe-et-Moselle et pourfendeur de la première heure de l’accord. « La sécurité alimentaire et la souveraineté de l’agriculture mondiale passent par de la coopération et non par de la compétition, souligne-t-il. Cet accord avec le Mercosur est donc un risque pour la sécurité alimentaire mondiale. »
Malgré les vents peu favorables pour les opposants, le député n’est pas résigné. « Nous pouvons saisir en ultime recours la Cour de justice européenne pour redire que cet accord est contraire aux règlements européens, au règlement sur le climat et à tous les dispositifs européens sur la procédure comme sur le fond », prévient-il.
Julien Dive, son collègue des Républicains, a, lui, rappelé la force politique en France des opposants. « Quels que soient les courants politiques, l’Assemblée nationale est aujourd’hui quasiment unanime pour s’opposer à l’accord avec le Mercosur. C’est un message puissant », insiste-t-il. Cette concurrence déloyale, on doit savoir lui dire non. On se bat au quotidien pour défendre l’agriculture par le travail législatif et essayer d’apporter des réponses, lever les contraintes, faire de la simplification, donner envie aux jeunes de s’engager dans le monde agricole. Il faut être cohérent et s’opposer fermement à ce traité. Maintenant, la France doit porter ce message au niveau européen. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :