« En 2024, les abattages [de bovins] du Brésil, leader du bloc du Mercosur, ont augmenté de 14 %, et de 37 % sur les trois dernières années », chiffre Ilona Blanquet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage (Idele) lors de la journée des marchés mondiaux du lait et de la viande le 11 juin 2025 à Paris. À eux quatre, le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay ont produit 15 millions de tonnes-équivalent carcasse de viande, soit une hausse de 11 % sur un an. « Le Mercosur a les capacités d’exporter », constate la spécialiste.

Le Brésil en tête

L’augmentation de plus de 8 millions de têtes entre 2018 et 2023 du cheptel brésilien explique la progression conséquente de la production de viande bovine du Mercosur. « C’est aujourd’hui le principal fournisseur de la Chine, avec 1,8 million de tonnes-équivalent carcasse. Un record historique », souligne Ilona Blanquet. Malgré un marché chinois morose, la viande brésilienne s’est frayé un chemin grâce à son prix attractif au premier semestre de 2024.

Les États-Unis, confrontés à une pénurie de viande, ont presque doublé leurs achats auprès du Brésil. Même tendance au Moyen-Orient, en Égypte et dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. Du côté de l’Europe, « nous craignons l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, mais la viande brésilienne est déjà sur le marché, notamment en Italie », avertit l’agroéconomiste.

La dynamique est aussi forte du côté des exportations de bovins vivants. Celles du Brésil ont bondi de 72 % entre 2023 et 2024, atteignant le cap du million de têtes. L’Irak a absorbé l’essentiel de cette hausse, multipliant ses achats par 6,2. « L’Irak a surpassé la demande turque, à 330 000 têtes contre 315 000 pour la Turquie », calcule Ilona Blanquet.

Production sans hormones en Uruguay

Malgré la chute du PIB argentin et la dévaluation du peso, le prix du bouvillon vif fini argentin est attractif pour l’exportation. Depuis mars 2025, le pays a rouvert ses frontières à l’exportation de bovins vivants, après un demi-siècle d’interdiction. « Les impacts de cette réouverture sur les abattoirs argentins restent encore incertains », précise Ilona Blanquet.

La production de l’Uruguay est plutôt stable, car le pays a subi moins de sécheresse. Le prix de la viande y est plus élevé que chez ses voisins, car les producteurs n'utilisent pas d'hormones de croissance. « L’Uruguay a cherché à diversifier ses clients en vendant dans des pays plus rémunérateurs, notamment les États-Unis », ajoute la spécialiste.

En 2025, l’Institut de l’élevage estime que la production du Mercosur devrait se stabiliser. « Cela signifie que le bloc continuera de jouer un rôle majeur sur les marchés mondiaux », analyse Ilona Blanquet. Quant à l’accord commercial, s’il venait à être ratifié, il introduirait principalement des morceaux nobles sur le marché européen, un afflux qui pourrait déséquilibrer le segment de l’aloyau.