La Confédération paysanne dénonce les importations de gigots néo-zélandais
Quelques jours avant Pâques, la Confédération paysanne se mobilise dans plusieurs supermarchés français (1) pour défendre la production d’agneaux locale et pour dénoncer les accords de libre-échange.
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« Un repas de Pâques sans viande importée ! », s’exclame la Confédération paysanne dans son communiqué de presse publié le 27 mars 2024 alors que les rayons des GMS débordent de viande ovine néo-zélandaise à prix cassé. « Comment envisager que les éleveurs et éleveuses se tirent un revenu et vivent de leur métier avec ces prix-là ? », interrogent les militants.
La demande reste soutenue en agneaux (27/03/2024)
Une action à Flers dans l’Orne
La Confédération se mobilise tous les jours de la semaine dans plusieurs supermarchés en France (1). Le 28 mars 2024, une action était conduite dans les supermarchés de Flers dans l’Orne. Florian de Jaquelot, éleveur dans le Calvados, était abasourdi par les prix constatés.
« Entre 7,50 et 7,80 €/kg pour de la viande congelée ou fraîche, pour de la viande en provenance de Nouvelle-Zélande, déclare-t-il. On se demande comment les producteurs néo-zélandais peuvent vivre avec de tels tarifs. Quel est le parcours de cette viande fraîche ? interroge-t-il également. Nous avons échangé avec les dirigeants des magasins qui ne sont pas fiers. Ils nous disent que les centrales d’achat les obligent à ces opérations de promotion. » Les éleveurs de la Confédération paysanne ont rempli des caddys de ces produits qu’ils ont abandonnés devant les caisses.
« L’adoption d’un nouvel accord entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande à la fin de 2023 va créer un appel d’air supplémentaire à l’importation de volumes significatifs de viande ovine, de produits laitiers et de viande bovine », craint l’organisation professionnelle, qui rappelle qu’un contingent avec droits de douane nuls de 38 000 tonnes-équivalent carcasse de viande ovine va s’ajouter progressivement au contingent de 125 769 tonnes déjà existant.
Trois revendications
Dans ce contexte, la Confédération paysanne émet trois revendications :
- La sortie immédiate de l’accord entre l’Union européenne et du Ceta et l’arrêt des négociations d’accords de libre-échange, notamment avec le Mercosur, l’Australie, le Chili, le Kenya, etc. ;
- L’interdiction de l’achat de nos produits agricoles en dessous de nos prix de revient (c’est-à-dire le coût de production incluant la rémunération du travail et de la protection sociale) ;
- Des prix minimums d’entrée sur le territoire national fixés à la hauteur des prix de revient français, pour neutraliser la concurrence déloyale.
Des perspectives entravées
« Quelle absurdité d’importer de l’autre bout de la planète des agneaux qui pourraient être produits localement ! », s’insurge le syndicat. Selon lui, ces accords pèsent sur les perspectives d’installations, alors que les revenus moyens du secteur figurent parmi les plus faible de l’ensemble des filières agricoles.
Protection économique et sociale
Pour la Confédération paysanne, « cette orientation néolibérale et cette course à la compétitivité sont néfastes pour l’ensemble des paysans et paysannes français et du monde, que leur production soit exportatrice ou importatrice nette. Rompre avec le libre-échange nécessite de sortir de la rhétorique de « gagnants » et de « perdants », qui entérine l’idée que des territoires et secteurs agricoles entiers servent de monnaie d’échange dans ces accords de libre-échange. Pour assurer un avenir désirable pour les éleveurs et éleveuses d’ovins, nous avons besoin d’une réelle protection économique et sociale de notre revenu contre la concurrence déloyale. »
(1) Le 28 mars dans une grande surface de Flers (Orne). Le 29 mars, à Carcassone, dans l’Aude, et dans la Drôme. Le 30 mars, à Troyes dans l’Aube.
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