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Mercosur Opérations escargot et déversement de fumier dans plusieurs régions

La FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont appelé les éleveurs à manifester contre le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur.

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Le 21 février 2018, de part et d’autre de l’Hexagone, des agriculteurs se sont réunis en masse, à l’appel de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs, pour crier leur colère contre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Au premier rang, les éleveurs, qui craignent l’importation de 70 000 tonnes de viande bovine sud-américaine, sans droits de douane, chaque année en Europe. Les négociations sur ce projet d’accord, bloquées par la question des exportations de viande de bœuf de l’Amérique du Sud vers la France, doivent reprendre ce jour à Asunción, au Paraguay.

 

« Le gouvernement français nous abandonne, déplore auprès de l’AFP Sébastien Poncet, président de Jeunes Agriculteurs de l’Isère. On nous promet des choses, des revalorisations dans le cadre des États généraux de l’alimentation et de l’autre côté, on signe des accords pour importer de la viande de pays où les normes ne sont pas les mêmes ». Avec une cinquantaine d’agriculteurs, au péage de Vienne, Sébastien distribue des tracts aux automobilistes pour « alerter les consommateurs ».

 

Des opérations escargot ont été menées dans la Loire et la Saône-et-Loire, notamment à hauteur de Rive-de-Gier sur l’A47 entre Saint-Etienne et Lyon. « Macron sauve notre canton », réclamait une banderole sur un tracteur en tête de cortège. En Saône-et-Loire, la préfecture a décompté environ 80 manifestants, 32 tracteurs et une trentaine de voitures.

Banderoles et fumier

De nombreuses manifestations ont également touché l’Ouest et le Sud-Ouest. À Bordeaux, une cinquantaine de paysans ont manifesté près de la préfecture de la Gironde, avec quelques tracteurs et deux vaches, des blondes d’Aquitaine. « Macron Trahison » ou « Mercosur, distorsion à coup sûr », affichent de grandes bâches noires. À la sortie d’une rencontre avec le préfet, les agriculteurs mécontents ont vidé deux remorques de fumier et de paille, avant d’y mettre le feu, déversant également du lisier devant une vingtaine de CRS qui protégeaient l’accès à la préfecture.

 

Des dizaines de tracteurs ont convergé vers le centre de la ville de Poitiers, où du fumier ou des ordures ont été déversés devant plusieurs supermarchés. En Charente, les Jeunes Agriculteurs ont déversé du fumier sur les parkings de plusieurs grandes surfaces de Confolens. Autour de Niort, dans les Deux-Sèvres, un département d’élevage bovin, des barrages filtrants et des opérations escargot ont été organisées. À Nantes, 65 tracteurs et 130 manifestants étaient dénombrés devant la préfecture de la Loire-Atlantique, selon une source policière.

 

Une soixantaine d’agriculteurs ont défilé à bord de leurs tracteurs dans les rues de Clermont-Ferrand et ont rejoint en début d’après-midi les abords de la préfecture du Puy-de-Dôme. « On ne comprend pas, le président Macron vient présenter ses vœux en Auvergne en nous disant « vous travaillez bien, on compte sur vous », et après, il va signer des accords pour couler l’agriculture, regrette Jean-François Couturier, planteur de betteraves à Beauregard-l’Évêque (Puy-de-Dôme). Son beau discours, c’était un mensonge ».

 

Dans le Nord, un cortège d’environ 250 agriculteurs et éleveurs avec une trentaine de tracteurs a traversé Lille en début d’après-midi, depuis le Conseil régional jusqu’à la préfecture. « Le poulet venu du Brésil coûtera deux fois moins cher, mais produit avec des médicaments, des hormones, etc, explique à l’AFP Matthieu Leroy, membre des Jeunes agriculteurs du Nord. Soit on va perdre nos marchés, soit on va s’aligner en sachant que nos charges sont bien supérieures ».

 

De nombreuses actions ont également touché le Grand Est : à Bar-le-Duc (Meuse), entre 80 et 90 agriculteurs dans une vingtaine de tracteurs ont déversé du fumier devant le bâtiment de la direction départementale des territoires avant de se diriger vers la préfecture, selon des sources syndicales.

« Aujourd’hui, on mélange tout et l’agriculture française se retrouve le dindon de la farce », dit à l’AFP Céline Maginot, présidente de la FDSEA de la Meuse. Selon elle, en Amérique du Sud, « ils utilisent des hormones de croissance pour l’élevage, de l’eau de javel pour décontaminer les viandes, les OGM et des modes d’engraissement intensif ».

 

Selon un communiqué de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs ce sont quelque 20 000 agriculteurs qui se sont mobilisés dans près de 90 départements.

 

 

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